Après les décisions successives du Conseil des ministres de décréter un déconfinement en cinq phases, puis un reconfinement total de quatre jours qui devrait prendre fin lundi à l’aube, le président de l’ordre des médecins, Charaf Abou Charaf, a mis en garde hier contre tout relâchement dans les mesures de prévention liées au coronavirus. M. Abou Charaf a appelé le gouvernement à appliquer avec fermeté les mesures qu’il adopte, et les Libanais à se conformer aux recommandations des pouvoirs publics, tout en alertant contre une deuxième vague à laquelle le système de santé aurait des difficultés à faire face. « Le pays ayant réussi à confronter le coronavirus grâce à une mobilisation générale de deux mois et demi, il faut maintenir les efforts de cette première étape pour éviter le risque de propagation de l’épidémie », a déclaré M. Abou Charaf lors d’une conférence de presse tenue à l’issue d’une réunion avec les doyens des facultés de médecine au Liban, à la Maison du médecin (Furn el-Chebback). « Il faut pour cela renforcer les mesures prises par l’État et s’assurer que les citoyens respectent la mobilisation générale », a-t-il ajouté.
M. Abou Charaf a notamment dénoncé des « failles » dans les procédures de la deuxième phase de rapatriements entamée fin avril, invitant les autorités à imposer aux personnes qui veulent regagner le pays de subir des tests de dépistage dans les pays où ils se trouvent et d’en administrer de nouveau à l’arrivée à l’aéroport de Beyrouth, puis de se mettre en « quatorzaine » dès leur arrivée, à charge pour les pouvoirs compétents d’assurer le suivi de leur confinement. La décision du gouvernement de fixer au 25 mai la reprise des cours dans les écoles et universités a été également critiquée par les participants. « Il faut reporter l’ouverture des écoles, universités et crèches », indique un communiqué publié au terme de la réunion, appelant en outre à « reconsidérer la décision de rouvrir les grandes surfaces, les restaurants et les lieux de culte ».
« Déconfinement désorganisé »
Pour le doyen de la faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph, Roland Tomb, qui a participé à la réunion, « ce que nous avons gagné grâce à la période de confinement, nous allons le perdre à cause du déconfinement désorganisé ». « Sur quelles bases médicales et scientifiques ce déconfinement progressif a-t-il eu lieu ? déclare-t-il à L’Orient-Le Jour. Pourquoi a-t-il été permis aux grandes surfaces de rouvrir (le 25 mai, en principe) alors qu’ils accueillent des dizaines de clients en même temps ? Quant aux restaurants, même s’ils ne sont pas autorisés à exploiter leur totale capacité de contenance, ils ne respectent pas les mesures de distanciation physique requises, du fait même de la configuration de gens qui s’assoient à une même table. » Le Dr Tomb critique d’autre part les erreurs commises dans les derniers vols de rapatriement, évoquant la détection de 35 cas de coronavirus en provenance du Nigeria. « On prêche la distanciation sur le territoire, alors qu’on ne l’applique pas dans les avions », dénonce-t-il. Et pour ce qui est de l’efficacité des nouvelles mesures de fermeture prises par l’État, le Dr Tomb émet des doutes. « Plusieurs secteurs seront actifs, et il n’y aura pas d’interdiction absolue de circuler », note-t-il, estimant que « ce que le gouvernement a décrit comme un bouclage pendant quatre jours ne correspond en réalité qu’à un simple confinement ».
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LA LIBRE EXPRESSION
09 h 40, le 14 mai 2020