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Société - Pandémie

Le gouvernement pourrait décréter un confinement total de 72 heures ce week-end

Quatorze nouvelles contaminations, dont deux parmi des rapatriés, ont été enregistrées hier. Selon des experts, il est encore possible de contrôler la situation à condition de développer une stratégie claire de déconfinement.

Le relâchement observé depuis quelque temps risque de compromettre les bons résultats enregistrés par le Liban face au coronavirus jusque-là. Mohammad Azakir/Reuters

Le contrôle de la pandémie de Covid-19 semble échapper aux autorités qui se dirigeraient vers l’imposition d’un bouclage total du Liban de 72 heures, de vendredi prochain à dimanche, comme l’a indiqué à L’Orient-Le Jour Rida Moussaoui, conseiller de presse du ministre de la Santé Hamad Hassan. Quatorze nouveaux cas, dont deux parmi les Libanais rapatriés, ont été détectés hier sur 549 tests de dépistage PCR réalisés dimanche, portant à 859 le nombre total des contaminations enregistrées depuis l’annonce du premier cas au Liban le 21 février, dont 116 parmi les rapatriés. Selon le bilan quotidien du ministère de la Santé, 234 personnes sont totalement guéries et 26 autres décédées depuis le début de la pandémie. Le nombre de patients actuellement malades s’élève donc à 599, dont quatre se trouvent dans un état critique.Cette nouvelle situation épidémiologique, qui inquiète les experts de la santé, survient alors que le déconfinement progressif est entré hier dans sa troisième phase. D’ailleurs, le comité national d’experts en maladies transmissibles a fait part de « sa vive inquiétude » au ministère de la Santé, comme le souligne à L’OLJ le Dr Abdel-Rahman Bizri, spécialiste en maladies infectieuses et également membre de la commission nationale de suivi du Covid-19.

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Selon lui, le comité estime que le gouvernement doit revoir sa copie à deux niveaux. Il doit, d’une part, réorganiser le rapatriement des Libanais pour qu’il soit mieux contrôlé, comme c’était le cas durant la première phase, « le chaos observé ces derniers jours ne devant plus continuer ». « Il semble que la façon libanaise de faire les choses l’a vite emporté, constate le Dr Bizri. Des hommes politiques seraient intervenus pour imposer le rapatriement de personnes qui leur importent, des considérations économiques auraient également été prises en compte. De plus, l’auto-isolement à domicile n’est pas bien contrôlé. Or c’est au ministère de l’Intérieur de s’en charger. Il a confié cette mission aux municipalités, sachant que nombre d’entre elles ne disposent pas des moyens de le faire », ajoute le médecin. « De son côté, le ministère des Affaires étrangères fait preuve d’une négligence flagrante, d’autant que certains ambassadeurs ont fléchi devant les pressions politiques. Quant au ministère de la Santé, il doit réitérer son attachement aux grandes lignes sur la base desquelles le rapatriement doit être effectué, c’est-à-dire la distanciation à bord de l’avion, le nombre restreint de passagers, un test PCR négatif avant de prendre l’avion, le port de masques et de gants… »

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Le gouvernement doit, d’autre part, mieux contrôler la situation sur le territoire. « L’annonce par le gouvernement des mesures de déconfinement a été perçue par une grande majorité de la population comme un feu vert pour un retour à la vie normale, déplore le Dr Bizri. Certes, nous appuyons la réouverture du pays, mais celle-ci doit être accompagnée d’une stratégie visant à protéger l’ensemble des secteurs, ainsi que les employés et les clients. Le relâchement observé ces derniers jours est inadmissible, tout comme l’absence d’une stratégie de déconfinement et d’un contrôle à ce niveau. »

« Perdre le contrôle »

Pour le médecin, les scènes de relâchement observées depuis quelque temps « risquent de compromettre les bons résultats enregistrés par le Liban à ce jour, malgré le peu de moyens dont il dispose ». « Si cette situation persiste, le nombre de contaminations au quotidien va de nouveau aller crescendo, met-il en garde. Nous risquons d’entrer dans l’étape dangereuse à laquelle nous avons pu échapper jusque-là et de vivre, par conséquent, le scénario observé dans d’autres pays, qui disposent par ailleurs de plus de moyens que nous. À juste titre, puisque les responsables qui ont volé notre argent ne nous ont rien laissé. Ils n’ont pas pu nous protéger sur le plan de l’environnement ni sur celui de la santé. »

Soulignant que le Liban n’est pas encore sorti de la première vague de la pandémie, le Dr Bizri constate que « nous commençons à perdre le contrôle de la situation ». « Mais nous pouvons toujours revenir sur la bonne voie, à condition de prendre des mesures sérieuses, affirme-t-il. Ce qui ne semble pas être encore assimilé au niveau officiel. » Le spécialiste assure que le comité d’experts, dont le rôle est consultatif, et le ministère de la Santé sont sur la même longueur d’ondes. « Mais la manière d’exécuter les décisions prises ne relève pas du ministère de la Santé, mais du Grand Sérail (la présidence du Conseil) », poursuit le médecin. La question qui se pose aujourd’hui, selon lui, est de savoir qui dicte au Grand Sérail sa manière d’agir et sur quelles bases.

Une stratégie claire de déconfinement

Le Conseil supérieur de défense doit se réunir aujourd’hui au palais présidentiel, selon notre correspondante Hoda Chedid, et devrait conseiller au gouvernement d’imposer une fermeture totale du pays pendant 72 heures, comme l’a suggéré le ministre de la Santé, Hamad Hassan, qui avait brandi plusieurs fois la possibilité d’une telle mesure si les consignes de prévention pour lutter contre la propagation du virus n’étaient pas respectées. « Si cette fermeture généralisée n’est pas accompagnée d’une stratégie de déconfinement, qui constitue d’ailleurs l’une des conditions posées par l’Organisation mondiale de la santé pour la réouverture, elle ne servira à rien, souligne toutefois le Dr Bizri. Cela fait trois mois que le pays est fermé. Le gouvernement avait pleinement le temps de développer une telle stratégie. Il s’est avéré qu’il n’a rien fait. Au stade où nous en sommes, c’est ce dont nous avons besoin. Certes, le volet médical est important dans la lutte contre une épidémie. Mais les autres administrations ont un rôle à jouer. »

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Par ailleurs, pour faire face au relâchement observé sur le terrain, les Forces de sécurité intérieure ont annoncé hier qu’elles allaient « renforcer les mesures contre les contrevenants » à la mobilisation générale. « Tout le monde doit assumer ses responsabilités » dans la lutte contre l’épidémie, a souligné la police dans un communiqué. De son côté, le Casino du Liban, qui devait ouvrir ses portes hier dans le cadre de la troisième phase de déconfinement, a finalement décidé de rester fermé jusqu’à nouvel ordre. Cette troisième étape concerne notamment les grandes surfaces commerciales (à l’exception des centres commerciaux) et la reprise du travail sur les chantiers de construction.

Le contrôle de la pandémie de Covid-19 semble échapper aux autorités qui se dirigeraient vers l’imposition d’un bouclage total du Liban de 72 heures, de vendredi prochain à dimanche, comme l’a indiqué à L’Orient-Le Jour Rida Moussaoui, conseiller de presse du ministre de la Santé Hamad Hassan. Quatorze nouveaux cas, dont deux parmi les Libanais rapatriés, ont été détectés...

commentaires (4)

LA PARISIENNE: Ces supputations sans fondements sérieux: Rien de mieux pour alimenter des angoisses avec des Fake News: Efficaces peut-être pour augmenter le nombre de lecteurs stressés, mais peu professionnel pour des journalistes d'information sérieux. La même stratégie de quelques medias en France, au Liban et ailleurs.

Saab Edith

18 h 16, le 13 mai 2020

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Commentaires (4)

  • LA PARISIENNE: Ces supputations sans fondements sérieux: Rien de mieux pour alimenter des angoisses avec des Fake News: Efficaces peut-être pour augmenter le nombre de lecteurs stressés, mais peu professionnel pour des journalistes d'information sérieux. La même stratégie de quelques medias en France, au Liban et ailleurs.

    Saab Edith

    18 h 16, le 13 mai 2020

  • Chassez le naturel, il revient au galop...

    Georges MELKI

    12 h 39, le 12 mai 2020

  • JE SUIS EN CONFINEMENT CONTRE CETTE MASCARADE DE NOUVELLE FORME DE COMMENTAIRES IMPOSEE AUX INTERNAUTES ET NE COMMENTE PLUS EN SIGNE DE PROTESTATION.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 31, le 12 mai 2020

  • Il ne sert à rien d'établir une nouvelle "stratégie de déconfinement" si les règles ne sont pas appliquées. Il faudra bien qu'un jour ou l'autre, on se décide à obliger les forces de police faire appliquer les lois. même au-delà des trois ou quatre jour qui suivent leur promulgation.

    Yves Prevost

    07 h 05, le 12 mai 2020

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