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Culture - Art numérique

Vous auriez bien une minute pour vous (amuser à vous) cultiver ?

Chaque lundi, Camille Jouneaux poste une story sur Instagram qui raconte l’histoire de l’art sur un ton drôle, décalé, étayé de références à la culture « millennial », mais toujours basée sur une solide documentation. Un rendez-vous hebdomadaire d’une minute aussi addictif qu’un feuilleton télévisé.

Voilà un compte Instagram à découvrir absolument. Pour vous cultiver sans prétention et vous dérider, aussi, en ces temps anxiogènes. Parce qu’il n’y a pas que les fourneaux, le fitness et le yoga (l’actuel trio gagnant des réseaux sociaux) qui vous font du bien ! La.minute.culture vous emmène loin des contingences quotidiennes dans une bulle où grand art et humour font bon ménage. Un fil au ton résolument anti-académique qui vous fera (re)découvrir, avec le sourire, les chefs-d’œuvre des musées ainsi que les vies de leurs auteurs.

« Instagrameuse muséophile trentenaire », sa créatrice, la Française Camille Jouneaux, s’est donné pour mission de revivifier l’intérêt des jeunes et moins jeunes pour les grandes œuvres de la peinture universelle. À coups de dialogues émaillés de hashtags, d’émoticons et de toutes sortes de références contemporaines glissées, par la magie de l’outil numérique, dans les images de toiles célèbres des siècles passés, elle en réanime les personnages et en réactualise les scènes pour les transformer en « stories d’Instagram » aussi amusantes qu’instructives.

Vénus de Milo vs Beyoncé

Du déhanché de la Vénus de Milo comparé à celui de Beyoncé, à l’irruption de l’acteur britannique Hugh Grant dans une célèbre toile de Delacroix, en passant par les dialogues parodiques attribués aux fougueux personnages d’une peinture du Caravage ou encore la qualification du Tintoret de « génial storyteller du XVIe siècle »… Cette minute culture désacralise, décidément, les grandes œuvres avec une désinvolture rafraîchissante. Mais cette « insolence » de façade ne sert, en fait, que leur cause. Car c’est pour mieux les faire apprécier du large public et en particulier des « millennials », ces 18 à 35 ans qui forment la principale audience des réseaux sociaux, que Camille Jouneaux a créé, il y a tout juste un an, ce compte qui enregistre aujourd’hui plus de 71 000 abonnés.



Image tirée du compte instagram La.minute.culture.

Success story

Contactée par L’OLJ, la jeune créatrice de contenus qui se cache derrière le portrait (de profil Instagram) de La Joconde en lunettes rouges raconte l’histoire d’une (success) story basée sur l’art (numérique) de parler d’art.

« En fait tout est parti, un peu par hasard, de mon désir de partager mes visites de musées », confie la pétillante trentenaire qui se définit comme une « muséophile et non comme une historienne de l’art ». « Je viens du monde de la communication. J’ai travaillé dix ans dans des agences de médias sociaux. Et, en parallèle, j’ai toujours été passionnée de culture, d’histoire et d’art. J’ai toujours adoré traîner dans les musées. Et plonger ensuite dans les livres pour découvrir les vies des artistes ou encore des modèles qui se cachent derrière une toile ou une sculpture. J’ai ainsi suivi des cours d’initiation à l’histoire de l’art de l’École du Louvre. Pour le plaisir, cette formation n’ayant aucune vocation diplômante », précise-t-elle. « C’est lors d’un voyage en Italie en 2017 que tout s’est déclenché. » J’y avais fait comme d’habitude la tournée des musées. Et comme j’étais seule et que j’avais envie de partager avec mes amis mes coups de cœur pour certaines œuvres magnifiques que je découvrais, je me suis mise à poster des photos sur Instagram que j’accompagnais de blagues et de commentaires décalés. C’était juste un exercice que je m’amusais à faire sur mon compte personnel pour mon cercle proche. Ce sont leurs retours enthousiastes et le nombre de mes followers gonflant rapidement qui m’ont fait penser qu’il y aurait là un concept à creuser. J’ai décidé d’en faire un format récurrent, alimenté par mes visites de musées et d’expositions à Paris. Mais ce n’est que lorsque j’ai été contactée par des institutions culturelles et muséales (Arte et la Réunion des Musées nationaux) pour des collaborations de création de contenus que j’ai décidé de lancer le compte officiel de La.minute.culture. »



Quand Camille Jouneaux s’amuse à projeter les préoccupations des confinés que nous sommes sur des scènes de toiles du XVIIIe siècle... Image tirée du compte Instagram La. minute.culture

Solidarité féminine

Depuis, ce sont des figures artistiques aussi diverses et variées que Le Caravage, Mucha, Nicolas Poussin, Élisabeth Vigée Le Brun, Amrita Sher-Gil (la Frida Kahlo indienne), Dante Gabrielle Rossetti ou Manet… qui défilent dans ses stories. À raison d’un post hebdomadaire, « le lundi en soirée ».

Car derrière le ton ludique, léger, décalé, il y a un gros travail de recherches, de vérification et de croisement des sources, que la jeune femme entreprend en amont. Ensuite vient le travail d’écriture, car il faut produire un récit qui a du sens. « Une fois que j’ai un scénario qui tient la route, je passe à la recherche iconographique, puis à la production visuelle à proprement parler. Tout cela me prend en moyenne deux à trois jours. Souvent les week-ends, car c’est une activité parallèle à mon job de créatrice de contenus culturels en free-lance », explique-t-elle, avant de préciser que sa minute culture « n’est pas un compte sponsorisé » . « Certes, je l’associe parfois à de grandes expositions comme celle que la Bibliothèque nationale de France (BNF) avait consacrée à Tolkien. Mais la plupart du temps, je préfère garder ma liberté de choix des œuvres et des artistes dont je veux parler », affirme la jeune femme.

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Se réinventer en revisitant les pièces de maîtres de l’art

Laquelle révèle dans sa sélection une évidente solidarité féminine. Car en déroulant ses stories antérieures, on ne peut que constater la large place qu’elle y accorde aux œuvres réalisées par des femmes. « C’est ma façon de leur rendre hommage », reconnaît l’instagrameuse qui ajoute :

« À talent égal avec leurs confrères, elles ont toujours été sous-représentées dans le monde de l’art. » La créatrice de La.minute.culture défend ainsi à sa manière, avec les termes spécifiques et les comparaisons qui parlent aux gens de sa génération 2.0, une Camille Claudel, « dont le travail a longtemps été uniquement associé à celui de Rodin » , une Élisabeth Vigée-Le Brun, « qui parce qu’elle était une femme a été empêchée de peindre autre chose que des portraits », ou encore la peintre italienne du XVIIe siècle Artemisia Gentileschi, « victime d’un viol qui l’empêchera de goûter à une véritable notoriété d’artiste ».

Décidément, Camille Jouneaux a l’art de raconter l’histoire de l’art...

Voilà un compte Instagram à découvrir absolument. Pour vous cultiver sans prétention et vous dérider, aussi, en ces temps anxiogènes. Parce qu’il n’y a pas que les fourneaux, le fitness et le yoga (l’actuel trio gagnant des réseaux sociaux) qui vous font du bien ! La.minute.culture vous emmène loin des contingences quotidiennes dans une bulle où grand art et humour font bon...

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