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Nos Lecteurs ont la Parole

Un abus de confiance

Le code pénal libanais punit d’emprisonnement toute personne qui se rend coupable d’abus de confiance. L’abus de confiance est constaté lorsqu’une personne qui, par exemple, a reçu une somme d’argent ou un objet en vertu d’un contrat de dépôt, détourne la somme ou l’objet reçu, ou refuse de les restituer.

Or le plan de relance voté par le gouvernement légalise cet abus de confiance et donne le feu vert aux banques pour spolier leurs clients en ne remboursant pas tout ou partie des fonds qui leur ont été confiés.

Comment le gouvernement pense-t-il après cela restaurer la confiance dans le secteur bancaire, attirer de nouveaux capitaux et relancer l’économie et les finances du pays ? Dans tous les pays du monde, le système bancaire est basé sur la confiance. Qui aura encore confiance dans les banques libanaises puisque tout déposant potentiel se souviendra de ce qui est arrivé à ceux qui ont fait confiance à ces banques avant lui et renoncera à risquer sa fortune ? Qu’est-ce qui lui garantit en effet qu’un nouveau haircut ne viendra pas ponctionner son capital dans 5 ou 10 ans ? Il préférera déposer ses fonds sous des cieux plus cléments, dans un pays plus sûr, géré par une classe politique plus intègre.

D’autre part, le programme du gouvernement envisage de demander aux grands déposants qui ont bénéficié de taux d’intérêt généreux de rembourser tous les intérêts perçus au cours des 5 dernières années. Là encore, c’est le comble de la malhonnêteté.

Ces taux d’intérêt intéressants n’ont-ils donc été qu’un hameçon tendu au pauvre benêt afin qu’il tombe dans le piège, qu’il apporte son capital afin de le perdre quelques mois plus tard ?

Des milliers de déposants sont tombés dans ce piège, mais de bonne foi, ne se doutant à aucun moment que les banques leur faisaient miroiter des taux d’intérêt intéressants pour mieux les plumer par la suite.

Pas plus tard que septembre dernier, les banques proposaient des taux d’intérêt encore plus alléchants à toute personne qui apporterait de nouveaux dépôts. Un mois plus tard, ces banques cessaient de payer leurs clients.

Ces déposants ce sont dans la grande majorité des cas des citoyens honnêtes qui ont déposé le fruit du labeur de toute une vie pensant faire profiter l’économie de leur pays et aider son système bancaire à se développer. Et voilà que maintenant on vient les punir en leur rétorquant : comme vous avez été naïfs et stupides de nous croire ! Nous allons maintenant vous faire payer cette grave faute que vous avez commise de nous avoir crus, de nous avoir fait confiance alors que nous ne méritions pas votre confiance.

Et l’arnaque continue. Jusqu’à maintenant, certaines banques s’ingénient à tendre de nouveaux pièges, mais avec des variantes nouvelles : amenez-nous de l’argent frais en devises et nous vous promettons que vous pourrez retirer en devises ou transférer à l’étranger le montant que vous souhaitez et lorsque vous le voulez. Promis, craché, juré. Certaines banques vont même jusqu’à proposer de doubler le capital en devises apporté par leurs nouveaux clients alors qu’il est clair que ces banques sont aux abois.

À supposer que l’on peut continuer à prendre les Libanais pour des dindons d’une naïveté incurable, comment cependant pense-t-on ramener la confiance des investisseurs internationaux, des nouveaux déposants arabes ou étrangers et de la communauté internationale si l’on est capable de spolier les déposants actuels avec autant d’effronterie et sans sourciller ?

Si le gouvernement pense que spolier les grands déposants ce n’est pas très grave, il se trompe lourdement. Car pour l’avenir c’est surtout de grands déposants dont le secteur bancaire aura besoin et ce seront précisément ces déposants qui seront les plus réticents à venir placer leur argent au Liban.

En conclusion, puisque c’est l’État qui a failli à ses obligations, a gaspillé l’argent des banques et des déposants et s’est retrouvé en état de cessation de paiements, c’est à lui de supporter la conséquence de son incurie et de rembourser les créanciers, les banques et les déposants, en puisant dans ses propres actifs et non pas en ponctionnant – ce qui serait trop facile – l’argent des déposants honnêtes qui n’ont rien demandé et qui n’ont rien à se reprocher.

Si l’État lui-même donne le mauvais exemple en ne remboursant pas ses dettes envers ses citoyens et en ne respectant pas la parole donnée, comment pourra-t-il exiger des citoyens qu’ils acceptent de s’acquitter de leurs obligations envers lui : paiement des impôts et taxes, accomplissement des devoirs civiques, etc. ? Ce sera la porte ouverte à tous les abus dans les relations juridiques entre les citoyens et l’État, d’une part, et entre les citoyens eux-mêmes, d’autre part. L’État serait en train de saper toute relation de confiance avec son peuple.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Le code pénal libanais punit d’emprisonnement toute personne qui se rend coupable d’abus de confiance. L’abus de confiance est constaté lorsqu’une personne qui, par exemple, a reçu une somme d’argent ou un objet en vertu d’un contrat de dépôt, détourne la somme ou l’objet reçu, ou refuse de les restituer.Or le plan de relance voté par le gouvernement légalise cet abus de...

commentaires (1)

EXACT!!!

SADEK Rosette

12 h 23, le 11 mai 2020

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Commentaires (1)

  • EXACT!!!

    SADEK Rosette

    12 h 23, le 11 mai 2020

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