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Culture - Contes

Quand le mot devient « étreinte » pour Dar Onboz

Depuis le 21 mars, date qui célèbre à la fois la fête des Mères et le printemps, Nadine Touma et Sivine Ariss (Dar Onboz) ont initié sur la plateforme Facebook des balades orales où elles tissent des histoires d’antan et d’aujourd’hui.

Nadine Touma raconte son Liban et ses héros dans des vidéos multisensorielles diffusées sur Facebook. Capture d’écran

Pour la maison d’édition Dar Onboz qui vient de fêter son quatorzième anniversaire, il fallait instaurer, en cette période de confinement, un contact nouveau, sensoriel (auditif, visuel et même tactile) avec le jeune public, et renouer avec l’autre en ralliant les familles. À travers des vidéos live où l’improvisation est souvent de mise – « je n’avais jamais tenté cette expérience », avoue Nadine Touma –, mais où un thème était élaboré en 24 heures, la conteuse raconte. Elle raconte son Liban, ses héros (les artistes libanais qui n’ont jamais cessé de travailler au service du beau comme Feyrouz, Ziad Rahbani, Maroun Baghdadi et tant d’autres), mais également le chemin tortueux qu’a emprunté malgré lui ce petit pays, jadis aux couleurs du bonheur. S’adressant aux enfants et aux grands, et à ceux qui n’ont pas d’âge ou, comme disait Pierre Bachelet « ceux et celles qui ont gardé leur âme d’enfant », Nadine Touma s’est lancé un défi et elle s’y est agrippée.

« Il fallait que Dar Onboz poursuive l’objectif qu’elle s’est fixée et rende cet écran intelligent et divertissant, puisque outre les contes et les histoires de nos livres déjà édités, nous ajoutons des charades des comptines puisées de notre passé.

Si nous avons choisi Facebook, poursuit Nadine Touma, c’est parce que la plate-forme Instagram est plus éphémère et moins personnelle. »


Nadine Touma raconte son Liban et ses héros, comme Maroun Baghdadi et tant d’autres. Capture d’écran


La petite et grande histoire

La conteuse remonte le temps pour rappeler des souvenirs gais, ou douloureux comme la date du 13 avril. Elle s’amuse parfois à créer des contes à partir de phrases postées par les internautes, à l’instar de l’histoire des trois puces. « C’est une balade qui prend le goût de l’aventure », confie-t-elle.

Tout récit ludique, historique, se tisse au fil des mots et commence par une « aaboutta », une étreinte chaleureuse qui prend la forme d’un salut à tous et toutes et qui brise toute distanciation.

Ce geste réconcilie avec toutes les accolades et embrassades qu’on s’est interdit de faire durant notre vie et qui nous manquent aujourd’hui.

Des petites vidéos et de la musique traversent chaque récit et l’animent. C’est Sévine Ariss, en charge de la direction artistique, qui accompagne la conteuse durant ces épisodes au nombre déjà de trente. « Aujourd’hui, après une trentaine d’épisodes postés, parents et enfants attendent impatiemment ce rendez-vous qui a lieu trois fois par semaine (lundi, mercredi et vendredi à 19 heures) comme un rituel », se félicite Nadine Touma. Ce sont les retrouvailles de la famille qui se font en mode virtuel. Comme dans le temps où on attendait la grille des programmes de Télé-Liban, seule chaîne existante du pays. Sans rentrer dans le registre de la nostalgie, Dar Onboz essaye d’aller à la découverte de notre patrimoine, de notre environnement et de notre terre. « Nous sommes tous les enfants de la terre, dit la conteuse. Apprenons à nous remettre en contact avec elle. » Ainsi, trois épisodes ont été dédiés aux oiseaux du Liban et rappellent que le pays du Cèdre est un des cinq pays de passage pour les oiseaux migrateurs. D’autres ont été consacrés au blé, à des animaux comme l’âne, à la lune, ou à la grenade (le 24 avril, jour du souvenir du génocide arménien).

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Ce travail multidisciplinaire qui mêle musique, tradition orale, mais aussi audiovisuel et chants, est dans la continuité des cibles à atteindre que s’étaient tracées Dar Onboz durant tout son parcours et qui ont rencontré néanmoins beaucoup d’écueils. Le contact direct avec le lecteur au cours des années, mais aussi une interactivité à travers les Salons du livre successifs et les activités qui animaient tous les coins de la ville sont les piliers de ce travail.

Les multiples vidéos ne trahissent donc pas l’univers de Dar Onboz mais lui ressemblent.

« Nous continuons à travailler et à imaginer des histoires qui s’identifient à nos livres sans penser au jour du déconfinement et à l’avenir de ces récits que partagent les internautes et les nourrissent. Peut-être qu’un jour, Netflix prendra ces épisodes qui témoignent de moments importants dans l’histoire du Liban », dit Nadine Touma en riant.

Pour la maison d’édition Dar Onboz qui vient de fêter son quatorzième anniversaire, il fallait instaurer, en cette période de confinement, un contact nouveau, sensoriel (auditif, visuel et même tactile) avec le jeune public, et renouer avec l’autre en ralliant les familles. À travers des vidéos live où l’improvisation est souvent de mise – « je n’avais jamais tenté cette...

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