Rechercher
Rechercher

Économie - Crise économique

Diab présente sommairement les grandes lignes du plan de redressement adopté

"Nous allons demander un programme du Fonds monétaire international", annonce le Premier ministre.

Le Premier ministre libanais Hassane Diab présentant le plan de redressement économique adopté par son cabinet, jeudi au Grand Sérail. Photo Dalati et Nohra

Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a présenté jeudi les grandes lignes du plan de redressement adopté plus tôt dans la journée par son cabinet, annonçant que le Liban, où les manifestants sont redescendus dans la rue pour crier leur colère face à des conditions de vie intenables, allait demander l'aide du Fonds monétaire international pour surmonter sa plus grave crise économique et financière depuis 30 ans.

"Pour la première fois dans l'histoire du pays, l’État libanais a un plan économique global et complet constituant une feuille de route claire pour corriger la situation financière du pays", a déclaré le chef du gouvernement dans une allocution télévisée, indiquant que la mesure intervient après que l’État a récupéré la gestion du réseau de téléphonie mobile. "Nous allons demander un programme du Fonds monétaire international", a-t-il annoncé dans ce cadre, estimant que le plan de relance allait mettre le pays sur la voie du "sauvetage financier et économique". "Nous sommes face à une réalité économique et sociale difficile, et l’État est dans un état d'effondrement quasi total", a souligné le Premier ministre.

"Ce plan, discuté avec des experts, représentants des secteurs économiques et société civile, comporte six volets principaux : financier, économique, bancaire, monétaire, protection sociale et développement", a-t-il détaillé, affirmant qu'avec ce plan, "nous pouvons bâtir le Liban de demain". "J'appelle l'ensemble des Libanais à considérer que ce jour marque un tournant vers un meilleur avenir pour notre pays. Le chemin ne sera pas facile, mais notre détermination et notre optimisme vont nous aider à surmonter nos difficultés", a-t-il ajouté.


"Des objectifs sur cinq ans"
La communauté internationale s'est engagée en 2018 à accorder des aides de plus de 11 milliards de dollars au Liban, en contrepartie de réformes. Mais faute d'action des dirigeants, les montants n'ont pas été débloqués. Avec son plan de relance, pour lequel le Liban avait requis en février une assistance technique du FMI, le gouvernement s'est donné "des objectifs sur cinq ans", selon M. Diab.

Le Premier ministre a ensuite exposé ses objectifs de réformes économiques et financières sur cette période. "Nous voulons réduire le déficit commercial à 5,6% et obtenir un soutien financier étranger dépassant les 10 milliards de dollars, en plus des sommes promises lors de la conférence de Paris (CEDRE). L'objectif est de retrouver une croissance positive dès 2022 et ainsi, pouvoir assurer une aide aux catégories sociales les plus défavorisées", a-t-il expliqué. "Nous voulons revenir à l'excédent budgétaire en 2024, restructurer la dette souveraine et baisser la dette publique à moins de 100% du PIB", a-t-il ajouté.

Le Liban, qui a annoncé en mars être en défaut de paiement, croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170% du PIB, l'un des taux les plus élevés au monde.
Avec l'adoption du plan, le Liban peut désormais "formaliser les négociations avec les créanciers détenteurs d'eurobonds", en référence aux bons du Trésor émis en dollars, selon M. Diab.

Le Premier ministre a également évoqué la restructuration du secteur bancaire et financier afin de relancer l'économie, ainsi que la réforme du secteur de l'électricité. Par ailleurs, le chef du gouvernement a une nouvelle fois assuré que le plan allait "protéger les avoirs" dans les banques.


"Situation inhabituelle"
M. Diab a ajouté que le gouvernement travaille sur des lois pour la lutte contre la corruption, l'indépendance de la justice et la levée du secret bancaire, qui constituent les principales revendications du mouvement de contestation né le 17 octobre 2019. Dans ce contexte, il est revenu sur le regain de révolte populaire, émaillée de violences ces derniers jours entre manifestants et forces de l'ordre à Tripoli, au Liban-Nord, et ailleurs. "L'expression démocratique est une chose, mais les agressions contre la police, l'armée et les biens en sont une autre", a-t-il déclaré. Il a également laissé entendre que les émeutes "organisées" ces derniers jours pourraient cacher des "objectifs politiques".

Et de poursuivre : "La crise économique qui s'aggrave pousse les Libanais à exprimer leur colère, notamment face à la hausse des prix liée à la montée du cours du dollar américain", a-t-il déclaré, alors que le taux de change de la livre libanaise par rapport au dollar a augmenté de 200%. Il a appelé dans ce cadre la Banque du Liban (BDL) à prendre les mesures nécessaires pour enrayer cette chute, quelques jours après avoir critiqué l'action du gouverneur Riad Salamé.

Lire aussi

Salamé accable les pouvoirs publics, mais s’abstient de toute attaque ciblée


"La situation par laquelle passe le Liban n'est pas ordinaire, et le gouvernement doit faire face à une situation inhabituelle", a encore déploré Hassane Diab, rappelant que le Liban avait à peine annoncé le premier défaut de paiement de son histoire, que le coronavirus était apparu. "Nous savons qu'une deuxième vague de contamination pourrait arriver. Nous avons commencé à rouvrir le pays, mais j'appelle les citoyens à continuer à respecter les gestes barrières et les mesures prises pour enrayer la pandémie", a-t-il déclaré à ce sujet.

D'après des estimations officielles, 45% de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté. Le naufrage économique a été l'un des déclencheurs en octobre 2019 d'un soulèvement inédit contre la classe politique, inchangée depuis des décennies et accusée de corruption et d'incompétence. Les mesures de confinement adoptées contre le nouveau coronavirus ont amplifié la crise : inflation grimpante, pénurie de liquidités et forte dépréciation de la monnaie par rapport au dollar, utilisé au quotidien au même titre que la livre libanaise.


Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a présenté jeudi les grandes lignes du plan de redressement adopté plus tôt dans la journée par son cabinet, annonçant que le Liban, où les manifestants sont redescendus dans la rue pour crier leur colère face à des conditions de vie intenables, allait demander l'aide du Fonds monétaire international pour surmonter sa plus grave crise...

commentaires (6)

Espérant une mise en oeuvre effective des réformes et des mesures annoncées. Il est temps que les politiques travaillent dans le cadre d'union nationale pour sauver la situation.

LTEIF Salim

19 h 10, le 03 mai 2020

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Espérant une mise en oeuvre effective des réformes et des mesures annoncées. Il est temps que les politiques travaillent dans le cadre d'union nationale pour sauver la situation.

    LTEIF Salim

    19 h 10, le 03 mai 2020

  • Personne de la communaute internationale ne levera le petit doigt avant que des reformes en profondeur soient mises en chantier et approuvees par le parlement. Tout le reste c est des foutaises et du wishful thinking!

    IMB a SPO

    17 h 25, le 01 mai 2020

  • Il n'est rien...

    Jack Gardner

    20 h 17, le 30 avril 2020

  • Espérons que ce qui se passe n’est pas une piqûre de calmant vu le ras le bol du peuple et que quelque chose sera fait avant de nous répéter de nouveau que tous ne sont pas d’accords et qu’il faut encore se réunir pour décider. Et que ce cirque est juste pour gagner du temps pour trouver d’autres excuses pour ne pas agir au lieu de palabrer. Comme nous avons l’habitude de leurs méthodes qui se répètent et se ressemblent, je crains le pire. Espérons que je me trompe.

    Sissi zayyat

    20 h 10, le 30 avril 2020

  • Tout ça c’est bien beau ... vous. Nous comptez les grandes lignes mais pas sur le comment. ?!?! Comme VOS PRÉDÉCESSEURs que vous reprochez Mr le premier ministre on sait tous que pour sortir de cette crise on a besoin d’investissement étranger ou de prêts ... nous savons tous aussi que pour avoir une économie florissante il faut la SÉCURITÉ OU ALLEZ VOUS LA CHERCHER QUAND UNE PARTIE DE LA POPULATION JOUE LES SHERIFF REGIONAL ?!?!? On perd notre temps à l’écouter rien ne s’arrangera TANT QUE LA VIOLENCE LÉGITIME NE SERA PAS ENTRE LES MAINS DE L’ÉTAT ... on aura aucune sécurité donc aucun investissement

    Bery tus

    19 h 45, le 30 avril 2020

  • M. Diab a ajouté que le gouvernement travaille sur des lois pour la lutte contre la corruption, l' indépendance de la justice et la levée du secret bancaire, qui constituent les principales revendications du mouvement de contestation né le 17 octobre 2019. vous résumez les revendications du peuple à quelques radis et croyez moi si vous ne changez pas la societé libanaise en profondeurs vous perdez votre temps 1 dissoudre le parlement 2 éléctions libres sans confession 3 droit de la femme 4 liberté de la presse 5 des impots justes meme les religieux doivent payer sur leurs terres et biens et d autres pour rendre le Liban laic avec égalité de chance pour tous les libanais et j ai oublié d autres la sécurité sociale après 64 ans ...comme ca vous obtenez le soutien du monde libre et les expatriés dont je suis et tous les aides que vous voulez sinon rien

    youssef barada

    19 h 34, le 30 avril 2020

Retour en haut