40-40-20

Le déni de réalité est peut-être ce qui caractérise le plus Hassane Diab, parmi d’autres personnages publics. Je m’explique. Le gouvernement des technocrates indépendants a été formé selon la proportion de 40 % pour le duo chiite et alliés, 40 % pour les aounistes et alliés, et 20 % de divers, dont 1 ou 2 pour remercier le Diab d’être aussi élastique, 1 ou 2 pour quelques zaïms périphériques, et 1 ou 2 pour faire bonne figure “révolutionnaire”. Si tout ceci est assimilé, qu’est-ce qui cloche alors ?

Ce qui cloche c’est que le Diab (parmi d’autres) crie au scandale dès lors qu’il y a une tentative de répartition partisane dans une affaire d’État (voilà le déni). Pourtant, les pauvres parrains ne font que répercuter ces 40-40-20 dans les affaires courantes.

Il en va ainsi des nominations financières : le Diab a fait la tête et a tout arrêté, outré par ces “répartitions” des postes, qui étaient pourtant dans les mêmes proportions établies. Un scénario qui a l’air de se répéter dans les nominations judiciaires.

Puis arrive le rapatriement des émigrés : deux avions d’Afrique pour le duo chiite contre deux de Paris pour les aounistes – « désolés, les étudiants FL, il n’y a plus de place ».

Puis arrive la distribution des aides aux pauvres. D’une manière équitable on a choisi les familles dans les mêmes proportions 40-40-20. Encore un tollé, sous prétexte que certains n’étaient pas pauvres. Mais parfois aussi à cause de quelques petits alliés qui criaillaient : « On veut plus pour nos pauvres. » On peut du coup imaginer la suite : comme ceux-ci ont déjà atteint leur quota de familles, on leur promettra que leurs pauvres auront 3 kilos de riz au lieu de 2… et puis « allez, on va ajouter une boîte d’Unica pour les petits, mais ne venez pas chicaner si on ne vous donne pas de gardes forestiers dans les recrutements en cours ».

Ainsi va la République, confinée elle aussi dans un magma visqueux, mais selon des proportions bien établies. On patauge comme on peut en haut lieu.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.