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Moyen Orient et Monde - Syrie

Entre les clans Assad et Makhlouf, la discorde s’envenime

Le puissant homme d’affaires syrien est accusé de corruption par le pouvoir depuis l’été dernier.

Bachar el-Assad et son cousin Rami Makhlouf sont désormais à couteaux tirés. Photos d’archives/ Reuters et AFP

La saga Makhlouf-Assad n’en finit plus. Dans le dernier épisode d’une lutte de pouvoir au sein du clan familial pour le contrôle des richesses du pays, ou du moins ce qu’il en reste, le régime syrien a de nouveau mis la pression sur les biens de l’homme d’affaires Rami Makhlouf, l’homme le plus riche du pays. Le ministère syrien des Finances a ainsi réaffirmé la saisie des actifs de la société « Abar Petroleum », enregistrée à Beyrouth et qui gère le transfert des expéditions de produits pétroliers, de diesel, d’essence et de gaz liquéfié. En décembre 2019, la Direction générale syrienne des douanes avait déjà annoncé le gel des actifs de cette compagnie. Les autorités estiment que le businessman, qui nie tout lien avec la compagnie, aurait violé les règles d’importation en faisant passer en contrebande des produits d’une valeur de 1,9 milliard de livres syriennes sans payer les charges et les taxes. Le Trésor américain a placé sous sanctions la société en septembre 2018, l’accusant d’avoir fourni un soutien financier, matériel ou technologique au gouvernement syrien. Washington allègue qu’Abar Petroleum faisait partie d’un « réseau d’approvisionnement en carburant à grande échelle qui exploite des entités en Syrie, au Liban et aux Émirats arabes unis », mais ne mentionne pas qui possède ou contrôle l’entreprise. Ce nouveau rappel des autorités syriennes survient après plusieurs articles pointant du doigt le regain de la rivalité entre Mohammad Makhlouf et son fils Rami d’une part, et la Première dame, Asma el-Assad, d’autre part. Cette dernière serait à l’initiative du resserrement de vis opéré depuis l’été dernier contre les hommes d’affaires gravitant autour du pouvoir afin de s’emparer de larges pans de l’économie, alors que la crise frappe lourdement le pays.

Fin août, la baronnie financière syrienne a été secouée par une vague de confiscations de biens, sous couvert de « lutte contre la corruption ». Les liens entre le président syrien et son cousin Rami Makhlouf se seraient extrêmement détériorés depuis. Selon une source dans les milieux des affaires à Damas, contactée par L’Orient-Le Jour, les relations entre Bachar el-Assad et Rami Makhlouf sont « très mauvaises » sans que « personne ne sache vraiment pourquoi ». Fin décembre, les biens de ce dernier, mais aussi ceux de sa femme et de ses partenaires financiers, avaient été visés, une première. Jamais un ordre officiel n’avait jusque-là été émis contre un membre du clan.

Rami Makhlouf est sorti de son silence en répondant aux accusations de corruption début février via le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, démentant avoir toute relation juridique depuis avec la société Abar Petroleum. Le businessman a notamment rappelé l’importance de ses entreprises qui injectent au Trésor public syrien des dizaines de milliards de livres syriennes (SYP), mais aussi le fait qu’il emploie plus de 10 000 personnes, et que 75 % des bénéfices de ses entreprises vont à des organisations humanitaires et des associations caritatives. « Le but de ces mesures est de nous offenser et de perturber certaines de nos actions, en cherchant à réaliser des gains importants, en nous éloignant de la scène syrienne et de son cœur, et en malmenant notre réputation », écrit alors Rami Makhlouf.



(Lire aussi : Ces huit hommes d’affaires qui se partagent le gâteau syrien)


« The Big Splash »
Au-delà de l’enjeu d’ordre financier, certains estiment que se joue une rivalité en sous-main entre les deux parrains du régime, la Russie et l’Iran, qui se disputent l’influence sur le territoire syrien. La décision du ministère des Finances et l’escalade entre Makhlouf et Assad intervient après une série de critiques sans précédent émanant de médias russes contre le président syrien, qu’ils accusent d’être faible face à la corruption qui gangrène son pays. Un article pointe notamment les relations houleuses entre les deux camps. Un site d’information russe a accusé le 15 avril Bachar el-Assad d’avoir déboursé quelque 30 millions de dollars dans l’acquisition d’une œuvre de l’artiste britannique David Hockney, intitulée The Big Splash, un cadeau pour son épouse. La toile avait été vendue à un acheteur anonyme lors d’une vente aux enchères chez Sotheby’s en février dernier. Cette information, qui a fait scandale en Syrie, n’a pu être confirmée, mais selon le site économique The Syria Report, le fait que l’article russe s’appuie sur les affirmations d’un tweet – qui a, depuis, été supprimé – d’un compte avec 55 abonnés, lui « donne très peu de crédibilité ». Selon al-Arabi al-Jadeed (financé par le Qatar), le déballage médiatique de l’achat de ce tableau aurait fait partie d’un « plan » du clan Makhlouf pour asséner des coups en retour à Asma el-Assad, connue pour ses achats ostentatoires malgré le contexte de crise. Les autorités syriennes ont été contraintes d’écarter la semaine dernière la compagnie privée Takamol, détenue par un cousin de la Première dame, qui profitait jusque-là d’un marché juteux de cartes électroniques, pour la remplacer par une société d’État.

Pour le régime et ses soutiens, qui sont parvenus à reprendre la majorité du territoire, l’heure est aujourd’hui aux règlements de comptes et aux disputes pour le partage du « gâteau ». Et tous les coups semblent permis. Les autorités égyptiennes ont annoncé mi-avril avoir saisi, à Port-Saïd, une cargaison de la société syrienne Milkman, contenant 4 tonnes de haschich cachées dans des cartons de lait. Rami Makhlouf n’a réagi que samedi en dénonçant les trafiquants de drogue qu’il accuse d’avoir utilisé les produits de son entreprise et a appelé les autorités syriennes à faire la lumière sur l’affaire. « Le choix de nos produits est-il précisément un acte intentionnel, visant à insulter notre réputation et à perturber nos actions, afin de nous sortir du marché de la concurrence ? » a-t-il écrit.

La saga Makhlouf-Assad n’en finit plus. Dans le dernier épisode d’une lutte de pouvoir au sein du clan familial pour le contrôle des richesses du pays, ou du moins ce qu’il en reste, le régime syrien a de nouveau mis la pression sur les biens de l’homme d’affaires Rami Makhlouf, l’homme le plus riche du pays. Le ministère syrien des Finances a ainsi réaffirmé la saisie des...

commentaires (8)

Waw ?????

Eleni Caridopoulou

18 h 48, le 31 mars 2021

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Commentaires (8)

  • Waw ?????

    Eleni Caridopoulou

    18 h 48, le 31 mars 2021

  • Qu’ils aillent en en* *r… N’oublions pas, que les Syriens ont pillé pas mal du Liban, une partie de note dette abyssale est dans les poches du régime Syrien…

    Jack Gardner

    13 h 04, le 27 avril 2020

  • Ils se sont tant aimé....

    Christine KHALIL

    12 h 02, le 27 avril 2020

  • Cela pourrait etre une telenovela interessante a regarder si des millions de syriens n etaient point morts sous la torture ou les bombes de cette famille mafieuse. Dans un proche avenir,l on aura la version russe de la telenovela ....Poutine brouille avec les oligarques mafieux de son entourage.

    HABIBI FRANCAIS

    09 h 50, le 27 avril 2020

  • AUTOUR DE LA MANGEOIRE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 48, le 27 avril 2020

  • Ne nous inquiétons vraiment pas ! Saint Vladimir (Poutine) ! Que ta volonté soit faite, amen !

    Chucri Abboud

    03 h 36, le 27 avril 2020

  • Yess... les loups commencent à ressortir leurs crocs Cette fois-ci, pas à destination du liban en envoyant des bombes ou en assassinant ses présidents de la république et autres... Cette fois-ci , ca sera entre-eux. C’est bien. Ils oublieront le liban. Et les pro-syriens au liban calmeront leurs ardeurs. Allez... faut que le reste de la meute se dispute.

    LE FRANCOPHONE

    00 h 19, le 27 avril 2020

  • Que les pastèques se cassent entre elles!

    El moughtareb

    00 h 11, le 27 avril 2020

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