Deux établissements bancaires ont été attaqués à l'explosif dans la nuit de samedi à dimanche à Tyr et à Saïda, dans la région du Liban-Sud, ne causant que des dégâts matériels, alors que le Liban affronte sa pire crise économique et financière depuis 30 ans.
Ce dimanche à l'aube, des inconnus ont lancé trois cocktails Molotov contre la façade de la branche du Crédit libanais à Tyr, avant de prendre la fuite. La façade en verre de l'établissement a été dévastée. Les services de renseignement de l'armée libanaise et les Forces de sécurité intérieure se sont rendu sur les lieux. Une enquête a été ouverte.
Samedi vers 19h30, c'est un engin explosif contre la façade de la branche de la Fransabank située dans le centre-ville de Saïda qui a été lancé, provoquant là aussi des dégâts matériels. La façade de la banque a été brisée et le faux-plafond surplombant le distributeur automatique de billets s'est effondré à cause de la déflagration. Selon notre correspondant sur place, Mountasser Abdallah, la bombe a été lancée d'une voiture passant devant l’établissement.
Selon certains médias locaux, ces actions ont été revendiquées par un groupe qui s'est proclamé "Tribunal de la révolution armée". Il menace également les banquiers et leurs familles, des graffitis "Vous êtes en danger" ayant été écrits sur la façade de plusieurs banques à Saïda.
Le Crédit libanais et la Fransabank font partie des principaux établissements bancaires du pays. Depuis l'automne, les banques ont restreint les retraits en dollars avant de les arrêter complètement en mars et de rendre quasiment impossibles les virements à l'étranger, suscitant la colère de la population.
Le pays surendetté - en défaut de paiement depuis mars - a connu en octobre dernier un mouvement de contestation inédit contre la classe politique, jugée coupable de corruption et d'incompétence. La rue accuse le secteur bancaire de complicité avec le pouvoir politique et d'avoir contribué à l'endettement effréné de l’État.
La colère contre les banques est également attisée par la dégringolade continue de la livre libanaise face au dollar sur le marché parallèle, ce qui entraîne une forte inflation. La monnaie locale se négocie désormais autour de 3.800 livres pour un dollar dans les bureaux de change, contre 1.507 livres pour un dollar, selon le taux officiel.
La situation économique du Liban est en outre aggravée depuis mi-mars par les mesures draconiennes de confinement mises en place pour lutter contre la pandémie de Covid-19.
Lire aussi
Après les critiques de Diab contre Riad Salamé, des figures sunnites s'en prennent au PM
Le gouvernement va mandater trois sociétés pour auditer la BDL
S'attaquer aux banques est une erreur grave qui n'a aucun sens. Allez vous attaquer, plutôt, à ceux qui ont volé, pillé votre argent qui leur a permis de construire des villas princières, d'avoir des avions privés et des voitures les plus chères du monde. Ils vous gouvernent, ils vous ont gouvernés, ils ne sont plus au gouvernement mais ils gouvernement toujours en coulisses.
20 h 43, le 26 avril 2020