Le leader du courant du Futur, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, a répondu vendredi de manière cinglante au discours de son successeur Hassane Diab qui s'en est pris avec virulence au gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, ainsi qu'à "ceux qui préparent un coup d'Etat" alors que la valeur de la livre libanaise poursuit sa chute libre par rapport au dollar.
"Le gouvernement a proclamé ce qui sur le plan militaire s'appelle un coup d'Etat", a écrit M. Hariri dans un long texte dans lequel il s'en prend notamment sans les nommer au Hezbollah et au Courant patriotique libre, fondé par le président Michel Aoun et dirigé par son gendre Gebran Bassil, critiques du "haririsme" économique, en référence à la politique économique mis en place par l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, père de Saad.
"Vous avez exaucé leurs rêves en abattant le système libéral économique", a lancé le chef du Futur, revenu récemment à Beyrouth, à l'adresse de M. Diab. "Il faut avoir une mentalité putschiste pour faire assumer la responsabilité de l'effondrement économique à la gouvernance de la BDL", a-t-il ajouté notant que le fait que M. Diab ait prononcé son discours depuis le palais présidentiel de Baabda "indique que le gouvernement est tombé dans une logique vindicative".
"Il y a un problème douteux dans l'action du gouverneur de la BDL (...) Nous ne pouvons plus accepter les politiques monétaires qui se décident en coulisses. (...) Que Riad Salamé vienne sincèrement expliquer aux Libanais sur ce qui se passe", avait déclaré plus tôt dans la soirée le chef du gouvernement dans une allocution aux Libanais à l'issue du Conseil des ministres, menaçant également de s'en prendre "à ceux qui préparent un coup d'Etat en volant une deuxième fois l'argent des Libanais et en augmentant le prix du dollar".
Jeudi, la livre libanaise avait atteint les 3.700 livres pour un dollar chez certains agents de change, loin de son taux officiel de 1.507,5. Ce décrochage de la livre intervient alors que la BDL vient de publier plusieurs circulaires qui posent, sans l’expliciter, les bases d’un nouveau régime de change. Deux de ces textes (circulaires principales n° 148 et 151) permettent aux déposants de retirer tout ou partie de leurs dépôts en dollars de leur compte en banque, en livres et au taux du marché, et un troisième (n° 149) institue une unité chargée de fixer un taux de change applicable pour ces transactions. Un quatrième texte publié par la BDL pourrait avoir contribué à faire chuter la livre aussi brusquement cette semaine : la circulaire n° 551 autorise en effet les agences spécialisées dans les transferts d’argent à payer les montants envoyés à leurs clients au Liban en livres, peu importe la devise dans laquelle ils ont été initialement effectués.
Ces dernières semaines, Saad Hariri n'a pas ménagé ses critiques contre le gouvernement.
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Grand temps pour un coup d'état contre des dirigeants mafieux et corrompus qui ont pille leur patrie et leur peuple.....
17 h 05, le 02 mai 2020