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À La Une - Liban

Chute de la livre : Diab s'en prend avec virulence à Salamé et à "ceux qui préparent un coup d'Etat"

"La mise en œuvre du plan de sauvetage est d'une nécessité absolue", a déclaré le chef du gouvernement.

Le Premier ministre libanais Hassane Diab et la ministre de l'InformationManal Abdel Samad. Photo Dalati et Nohra

Le Premier ministre Hassane Diab s'en est pris avec virulence vendredi au gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, alors que la valeur de la livre libanaise poursuit sa chute libre par rapport au dollar. Jeudi, elle avait atteint les 3.700 livres pour un dollar chez certains agents de change, loin de son taux officiel de 1.507,5.

"Il y a un problème douteux dans l'action du gouverneur de la BDL, et cela a accéléré la dévaluation de la livre libanaise sur le marché noir, ce qui a des conséquences négatives sur le pays dans son ensemble. Nous ne pouvons plus accepter les politiques monétaires qui se décident en coulisses. (...) Que Riad Salamé vienne sincèrement expliquer aux Libanais sur ce qui se passe", a déclaré le chef du gouvernement dans une allocution aux Libanais à l'issue du Conseil des ministres, pointant du doigt "une faille au sein de la Banque centrale et dans ses stratégies" et indiquant qu'un cabinet d'audit international allait vérifier les comptes de la BDL et des banques.

Ce décrochage de la livre intervient alors que la BDL vient de publier plusieurs circulaires qui posent, sans l’expliciter, les bases d’un nouveau régime de change. Deux de ces textes (circulaires principales n° 148 et 151) permettent aux déposants de retirer tout ou partie de leurs dépôts en dollars de leur compte en banque, en livres et au taux du marché, et un troisième (n° 149) institue une unité chargée de fixer un taux de change applicable pour ces transactions. Un quatrième texte publié par la BDL pourrait avoir contribué à faire chuter la livre aussi brusquement cette semaine : la circulaire n° 551 autorise en effet les agences spécialisées dans les transferts d’argent à payer les montants envoyés à leurs clients au Liban en livres, peu importe la devise dans laquelle ils ont été initialement effectués.

Ces différentes initiatives avaient déjà fait réagir le Premier ministre, qui avait dénoncé mercredi le manque de coopération de la Banque du Liban dans l’adoption des dernières mesures mises en place.



(Lire aussi : La livre libanaise accélère sa descente aux enfers)



"Coup d'Etat"
"Je m'adresse à ceux qui préparent un coup d'Etat en volant une deuxième fois l'argent des Libanais et en augmentant le prix du dollar et qui pensent que nous les regarderons faire : nous ne l'accepterons pas et nous n'hésiterons pas à réprimer ceux qui tentent de jouer avec la stabilité financière du pays. L'Etat frappera fort", a-t-il lancé. Et de poursuivre : "Le gouvernement reste décidé à protéger le pays et ne permettra à personne que l'on touche aux intérêts et aux moyens de subsistance des Libanais".

L’évolution du taux de change et la mise en place de restrictions bancaires ont provoqué ces derniers jours un regain du mouvement de contestation contre la classe politique. Ce mouvement lancé le 17 octobre avait été mis en veille en raison des mesures de confinement imposées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire pour lutter contre le coronavirus.

M. Diab a par ailleurs indiqué que "les chiffres montrent que 5,7 milliards de dollars ont été transférés à l'étranger en janvier et février", appelant à la restitution des fonds transférés. "Nous entendons les Libanais qui réclament le changement et la reddition des comptes. Ce gouvernement n'est pas un tribunal révolutionnaire, mais, je l'assure, les infractions seront sanctionnées", a-t-il martelé. "Dans ce contexte, la mise en œuvre du plan de sauvetage est d'une nécessité absolue", a estimé M. Diab.

Le gouvernement examine actuellement un plan de réformes économiques et financières qu'il est censé adopter la semaine prochaine afin de tenter de sortir le pays de sa pire crise économique en 30 ans, exacerbée par la pandémie de Covid-19 et les mesures draconiennes de confinement. Ce plan de sauvetage économique doit déboucher sur un début de restructuration de la dette et une éventuelle aide externe. Il évoque des besoins de financement de plus de 80 milliards de dollars, dont 10 à 15 milliards d'aides étrangères sur cinq ans.


Plus tôt dans la journée, M. Diab avait dit lors d'une réunion consultative regroupant ministres, experts et représentants de divers secteurs économiques, que le gouvernement prévoyait une adoption du plan "jeudi au maximum". Il avait également ajouté les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI), dont le cabinet a sollicité l'aide technique, étaient "positives". Lors de cette même réunion, le ministre des Finances, Ghazi Wazni, a indiqué que la BDL accusait des pertes de 53 milliards de dollars et que le secteur bancaire dans son ensemble accusait, lui, des pertes de 83 milliards de dollars, selon des chiffres préliminaires.

La semaine dernière, le chef du gouvernement avait tenté de rassurer les Libanais après les appréhensions provoquées par la fuite d’une ébauche du plan de réforme, en affirmant dans un discours télévisé que 98 % des déposants échapperont à une ponction des dépôts (haircut).

Le pays croule sous une dette de 92 milliards de dollars, soit 170% du PIB, l'un des taux les plus élevés mondialement. 


Aides sociales
Sur un autre plan, Hassane Diab a déclaré que 100.000 familles se sont vues distribuer les aides sociales dans le cadre d'un programme mis en place par le gouvernement et mis en œuvre par l'armée, indiquant que les opérations de distribution se poursuivront pendant encore 10 jours. Environ 45% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté.

Par ailleurs, dans le cadre de la lutte contre la corruption, le gouvernement a étudié des mesures présentées par la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, concernant notamment le lancement d'enquêtes fiscales sur les personnes ayant passé un contrat avec l'Etat et les administrations publiques. Mme Najm a également proposé de faire appel à un cabinet d'audit international pour examiner ces contrats. Elle a également proposé de dresser une liste des anciens députés et ministres afin d'examiner leur patrimoine dans le cadre de la loi contre l'enrichissement illégal.

En outre, le gouvernement a décidé de prolonger jusqu'à la fin du mois de juin le doublement de la vitesse de la connexion internet et l'octroi de 100 gigabytes (GB) de téléchargement pour les clients de l'opérateur public Ogero, sur demande du ministre des Télécoms, Talal Hawat.

A noter que la ministre de la Jeunesse et des Sports, Varty Ohanian, a décidé de ne pas participer au Conseil des ministres en raison de la commémoration, aujourd'hui, du génocide arménien.



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Chute de la livre : manifestations de colère à travers le Liban

Le Premier ministre Hassane Diab s'en est pris avec virulence vendredi au gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, alors que la valeur de la livre libanaise poursuit sa chute libre par rapport au dollar. Jeudi, elle avait atteint les 3.700 livres pour un dollar chez certains agents de change, loin de son taux officiel de 1.507,5."Il y a un problème douteux dans l'action du gouverneur...

commentaires (8)

Des gens heureux ce soir ??? !!! Une déclaration explosive de la part de S E Monsieur le Premier Ministre libanais a l encontre du Gouverneur de la Banque Centrale du Liban qui lui fait porter le chapeau des maux de toute une Nation et fait suite aux allégations de nombreuses et nombreux speakers malveillants de mauvaise augure qui par leurs voices messages tels les Khalil , Salame et autres énergumènes , nous ont inondé et tenté presque au quotidien sans fatigue et relâche de démolir le système bancaire , la politique de la Banque Du Liban et ses dirigeants par leurs attaques répétées sur les réseaux sociaux .... Suivis bien entendu de tout un parterre de soi-disant observateurs politico economique payés par certains de nos politiques , recherchant le Bouc Émissaire pour dévier les attentions et les laver de tout soupçon à l exemple de la fameuse fable historique « Les animaux malades de la peste « de Jean Delafontaine Ce soir il semblerait que les zizanies semées tout au longs de ces dernières années par ces derniers , ont porté leurs fruits ... Attendons nous à la prochaine fable peut être entamé ce soir de « La cigale et la Fourmi « proche comme l hiver prochain .... Mesdames et Messieurs « Vous avez chanté ... Eh bien DANSEZ maintenant « Jean Delafontaine Dès lors Nous danserons hélas egorger par la douleur tel un coq une une poule auxquels l on vient de couper la tête par le cou ...

Menassa Antoine

23 h 18, le 24 avril 2020

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Commentaires (8)

  • Des gens heureux ce soir ??? !!! Une déclaration explosive de la part de S E Monsieur le Premier Ministre libanais a l encontre du Gouverneur de la Banque Centrale du Liban qui lui fait porter le chapeau des maux de toute une Nation et fait suite aux allégations de nombreuses et nombreux speakers malveillants de mauvaise augure qui par leurs voices messages tels les Khalil , Salame et autres énergumènes , nous ont inondé et tenté presque au quotidien sans fatigue et relâche de démolir le système bancaire , la politique de la Banque Du Liban et ses dirigeants par leurs attaques répétées sur les réseaux sociaux .... Suivis bien entendu de tout un parterre de soi-disant observateurs politico economique payés par certains de nos politiques , recherchant le Bouc Émissaire pour dévier les attentions et les laver de tout soupçon à l exemple de la fameuse fable historique « Les animaux malades de la peste « de Jean Delafontaine Ce soir il semblerait que les zizanies semées tout au longs de ces dernières années par ces derniers , ont porté leurs fruits ... Attendons nous à la prochaine fable peut être entamé ce soir de « La cigale et la Fourmi « proche comme l hiver prochain .... Mesdames et Messieurs « Vous avez chanté ... Eh bien DANSEZ maintenant « Jean Delafontaine Dès lors Nous danserons hélas egorger par la douleur tel un coq une une poule auxquels l on vient de couper la tête par le cou ...

    Menassa Antoine

    23 h 18, le 24 avril 2020

  • il était tant d agir ,mais qu est que vous attendez pour limoger le gouverneur de BDL et de l empecher de fuire à l étranger , commencer par nommer des juges indépendants,je suis sur que l aide arrivera au Liban.

    youssef barada

    22 h 47, le 24 avril 2020

  • "...Que Riad Salamé vienne sincèrement expliquer aux Libanais sur ce qui se passe", a déclaré le chef du gouvernement..." Mr. Diab, malgré tout le respect sincère, qu'on lui doit pose la mauvaise question. Deuis qu'il est devenu premier ministre il a vu que ceux qui l'ont nommés et supportés sont ceux là même qui lui mettent les bâtons dans les roues. Il doit réaliser qu'ils l'utilisent pour gagner du temps. Il leur fourni du temp pour qu'ils continuent leurs manigances et sucer le sang de libanais. Ils ont utiliser Riad Salamé pour le même but! il a fait des ingénieuries financières croyant ces mêmes politiciens et leurs promesses que les choses se tasseront et que l'économie reprendra souffle, des décennies plus tard on est dans le gouffre et on creuse encore plus bas et bientôt on atteindra le pétrole avant Total... Diab a vécu l'expérience de ministre libanais et ne peut en aucun cas prétendre ne pas connaitre les réalités... La question devrait être: pourquoi je me suis duper à prendre ce poste sachant que les loups l'entourent avec leurs gueules grandes ouvertes...

    Wlek Sanferlou

    22 h 33, le 24 avril 2020

  • INCOMPETENCE A LA BDL, VOLS DES DEPOTS ET DE LEURS INTERETS PAR LA BDL ET LES PREDATEURS BANQUIERS, INCOMPETENCE GOUVERNEMENTALE ET POLITIQUE ANTI POPULAIRE AVEC LE HAIRCUT... VOL D,UN CERTAIN NOMBRE DE DEPOSANTS... ACTION RACISTE... ET LA CONTESTATION EN REVOLUTION. THAWRA !

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    21 h 22, le 24 avril 2020

  • Le terme "idiot utile" (useful idiot) était utilisé par les régimes communistes d'après guerre pour désigner les gauchistes et autres intellectuels d'extrême gauche, qui défendaient les crimes de ces régimes et redoraient leur blason au sein de l'Europe libérale. Ils ont mis du temps, mais on dirait que la classe politique libanaise en général, et le parti de Dieu en particulier, ont visé plein dans le mille: le voilà, leur idiot utile !

    B Malek

    21 h 20, le 24 avril 2020

  • Riad Salamé porte certainement une grande responsabilité tant sur la faillite du pays que dans la dégringolade de la livre. Qu’il vienne expliquer, ne sert à rien car il n’est plus crédible et personne ne va le croire car il a menti depuis plusieurs années. Par contre, je ne comprends pas bien les chiffres du technocrate des finances Ghazi Wazni que la BdL perd 53 milliards et les banques 83 milliards soit 136 milliards alors que toute la dette est de 93 milliards, quid du delta de 43 milliards. Finalement, un dernier conseil au premier technocrate : oubliez définitivement le haircut même pour 2% des déposants car leur faire payer les crimes des autres voudrait dire que vous couvrez ces criminels voire même en êtes complice. NO HAIRCUT compris ou vous porterez personnellement la responsabilité des conséquences inévitables

    Lecteur excédé par la censure

    21 h 03, le 24 avril 2020

  • Il a raison... comme si toute l'équipe précédente n'avait pas fait assez de mal au pays, ils continuent à tout faire pour le mettre davantage à genoux, sans pitié, sans remords... Leurs agissements n'ont pas de nom...

    NAUFAL SORAYA

    20 h 43, le 24 avril 2020

  • Autoriser les agences de transfert étrangères à payer en LBP ce qu'elles ont reçu en USD renforce le marché noir et empêche le pays de recevoir les devises. Le PM a tout à fait raison de prendre le contrôle de la BDL pour limiter les dérives. Une banque centrale indépendante est nécessaire dans un marché de changes et d'échanges libres, comme celui dans lequel nous étions avant le 17 octobre, mais à présent avec un marché dysfonctionnel, c'est le gouvernement en direct qui doit gouverner la BDL.

    Shou fi

    20 h 27, le 24 avril 2020

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