Dima Sadek, ancienne journaliste libanaise vedette de la LBCI, qui collabore avec le média en ligne Daraj, a révélé mercredi avoir été appelée à témoigner, aux côtés de membres du site d'information, par la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, au sujet d'un rapport publié par Daraj et présenté par Mme Sadek, selon lequel le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé aurait dissimulé d'importantes sommes d'argent dans des comptes à l'étranger.
"J'ai reçu aujourd'hui un appel téléphonique m'informant que mes collèges du site Daraj et moi-même étions convoqués par la procureure générale près la cour d'appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, en tant que témoins, au sujet du rapport français publié par le site", explique Dima Sadek sur sa page Facebook. L'audience est fixée au 21 avril, précise-t-elle.
Le site Daraj avait publié le 8 avril une vidéo dans laquelle Mme Sadek détaille les informations d'un rapport qui, selon Daraj, a été rédigé par le groupe français Cristal Credit en février 2016 et selon lequel le gouverneur de la BDL détiendrait quelque deux milliards de dollars dans différents comptes ouverts dans des paradis fiscaux, en Suisse et au Liechtenstein, mais aussi au Panama et dans les îles Vierges britanniques. Une partie de ces comptes apparaît sous le nom propre du gouverneur de la Banque centrale ; une autre sous des prête-noms. En premier lieu, son frère, Raja Salamé, membre du conseil d’administration de Solidere. En second lieu, Marianne Hoayek, sa directrice de cabinet, récemment nommée conseillère principale du gouverneur et dont le nom figure déjà dans l’affaire des Panama Papers pour une société fondée en 2011, Rise Invest. Toutefois, le PDG de Cristal Credit, Kevin Rivaton, a démenti, dans un entretien exclusif accordé le 11 avril au Commerce du Levant, toute implication dans ce rapport.
(Lire aussi : "Il n’est pas normal qu’à chaque fois qu’on exprime son avis, on soit jeté en prison")
"Toute la vérité"
Dima Sadek insiste dans son message sur Facebook, ce n'est pas elle mais Riad Salamé qui "est le premier à avoir révélé l'existence de ce rapport sur des opérations financières massives qu'il aurait menées pour son bénéfice personnel". Cela faisait en fait quelques mois qu'un "rapport d’investigation" sur la fortune de Riad Salamé à l'étranger circulait dans le monde des médias, avant que des extraits n'apparaissent le mercredi 8 avril sur le compte Twitter d’alebanonymous.
"Dès le début de l'affaire, nous avons signalé à la justice libanaise le contenu de ce rapport, et nous espérons que l'enquête mettra au jour toute la vérité", conclut Mme Sadek.
Le 8 avril, le gouverneur de la Banque du Liban avait réagi dans un communiqué à la publication de documents sur les réseaux sociaux faisant état de virements sur un compte bancaire au Liechtenstein dont lui et son frère seraient les bénéficiaires, affirmant que le rapport en question est constitué de "documents falsifiés qui sont l’œuvre d’une société basée à Lyon, en France : Cristal Credit Groupe International, dirigé par Kevin Rivaton" et qu’ils ont été préparés en 2016 à la demande de personnalités libanaises dont le gouverneur connaît les identités. Kevin Rivaton promet, lui, de porter plainte pour diffamation en France.
Dima Sadek, qui fait régulièrement l'objet de menaces et pressions, avait déjà été convoquée par la justice en février dans le cadre d'une plainte déposée par le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil pour "diffusion de fausses informations" sur les réseaux sociaux et "incitation à la haine et au confessionnalisme".
commentaires (9)
Bravo Dima courageuse , quelle honte le pays va à la dérive et ces Ali Baba sont entrain de voler
Eleni Caridopoulou
17 h 18, le 16 avril 2020