Une vive tension règne depuis deux jours dans le village de Ghazzé entre les habitants de la localité et un camp informel d’ouvriers agricoles syriens, que la municipalité a pris la décision de fermer, rapporte notre correspondante dans la Békaa Sarah Abdallah.
Un incident a opposé il y a deux jours des jeunes gens de ce village de la Békaa-Ouest aux habitants d’un petit camp informel qui regroupe une douzaine de tentes d’ouvriers syriens, connu sous le nom de « camp Abdo Clinton », surnom donné au responsable de ce camp, selon le président de la municipalité de ce village, Mohammad al-Majzoub. Celui-ci a précisé que les habitants du camp de Abdo Clinton ne sont pas des réfugiés mais des ouvriers syriens qui habitent dans le village depuis près de 35 ans.
L’incident a éclaté quand un des proches de ces ouvriers syriens a voulu leur rendre visite, mais la personne chargée par la municipalité de protéger le camp lui a refusé l’accès, expliquant que la municipalité avait pris des mesures extrêmement strictes pour tenter de contenir la propagation du coronavirus, les mesures concernant aussi bien les Libanais que les Syriens, dont l’interdiction des visites. Les habitants du camp, en colère, ont alors attaqué ce responsable et les habitants du village sont intervenus à sa rescousse. Les deux parties se sont opposées à coup de bâtons et d’armes tranchantes, et plusieurs blessés sont à déplorer de part et d’autre.
Selon M. Majzoub, le conseil municipal a pris la décision de fermer ce campement. Il a souligné dans une déclaration à L’Orient-Le Jour que la décision ne concerne pas les quelques 1 625 autres tentes de réfugiés syriens regroupées dans d’autres campements dans le village.
Ghazzé compte 5 000 habitants libanais contre 25 000 Syriens, des réfugiés dans leur grande majorité.
La décision de la municipalité n’a pas encore été approuvée par le caïmacam et les notables locaux tentent une médiation pour trouver une issue au problème, selon des sources locales, qui soulignent qu’au cas où la décision de fermeture du camp serait définitive, une intervention du HCR serait nécessaire pour décider où transférer ses habitants.
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commentaires (2)
Triste de voir des réfugiés se comporter comme ayant droit de tout faire sans tenir compte de l'honneur des libanais .
Antoine Sabbagha
18 h 45, le 16 avril 2020