Human Rights Watch (HRW) a dénoncé jeudi des mesures discriminatoires au Liban contre les réfugiés syriens dans le cadre de la lutte contre le nouveau coronavirus, avec notamment l'adoption par les municipalités de couvre-feux drastiques les concernant uniquement. Le Liban dit accueillir sur son territoire entre 1,5 et deux millions de Syriens, dont près d'un million inscrits comme réfugiés auprès de l'ONU ayant fui le conflit dans leur pays.
"Au moins 21 municipalités libanaises ont introduit des restrictions discriminatoires à l'encontre des réfugiés syriens, qui ne s'appliquent pas aux habitants libanais, dans le cadre des efforts pour lutter contre (la maladie) Covid-19", a déploré HRW dans un communiqué. "Les réfugiés syriens ont exprimé leurs préoccupations concernant leur capacité à obtenir des soins de santé et le manque d'informations sur la manière de se protéger" contre le virus, assure également HRW.
L'ONG rappelle que l'ONU aide les réfugiés à couvrir leurs frais médicaux, tandis que le test et le traitement du nouveau coronavirus peuvent être gratuits dans un hôpital public de Beyrouth.
(Lire aussi : Pour les réfugiés syriens, l’impossible équation entre le confinement et les besoins sanitaires et alimentaires)
HRW explique que dès début mars, huit municipalités ont limité les déplacements des réfugiés, bien avant l'adoption par le gouvernement d'un couvre-feu sur tout le territoire qui débute à 19h00 (16h00 GMT). HRW donne l'exemple de la municipalité de Brital, dans la région de Baalbek (est), qui permet aux Syriens de se déplacer seulement entre 9h00 et 13h00 et uniquement "pour des nécessités, comme aller à la pharmacie ou au supermarché". De même, la municipalité de Kfarhabou (nord) a imposé aux réfugiés un couvre-feu de 15h00 à 07h00. Une autre municipalité est même allée jusqu'à interdire aux Syriens de quitter leur domicile ou recevoir des visiteurs, sans exceptions, selon HRW.
A ce jour, 494 patients atteints de la maladie Covid-19 ont été officiellement recensés au Liban, dont 16 sont décédés. Les autorités libanaises ont imposé des mesures de confinement à l'ensemble de la population jusqu'au 12 avril, mais il est encore largement possible de se déplacer librement.
"Le Liban a le devoir d'assurer la santé des résidents syriens et libanais de la même façon", indique HRW, appelant la communauté internationale à ne pas laisser le pays "assumer seul la crise".
Ces dernières années, certaines municipalités avaient déjà imposé des couvre-feux aux habitants des camps de réfugiés informels, des mesures qui avaient été jugées arbitraires par des ONG. Pour empêcher la propagation du nouveau coronavirus, les agences de l'ONU ont commencé à construire des centres "d'isolation" dans les camps surpeuplés qui serviront en cas de mise en quarantaine. Des campagnes de sensibilisation sur les mesures d'hygiène sont menées dans les camps et l'Unicef a annoncé avoir distribué des savons qui vont servir à 100.000 réfugiés.
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18 h 13, le 02 avril 2020