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Le campement de la révolution, dans le centre-ville de Beyrouth, détruit par les forces de l'ordre

L'opération a été violente, ils nous ont battus, ils ont détruit les tentes", affirme Marcelle Rached, une des irréductibles qui dormait toujours sous les tentes.

Une tente de contestataires détruite dans le centre-ville de Beyrouth, dans la nuit du 27 mars 2020. Photo João Sousa

A 19h vendredi soir, alors qu'entrait en vigueur une nouvelle mesure dans le cadre de la mobilisation générale contre le coronavirus, à savoir l'instauration d'un couvre-feu avec interdiction de circuler hors de chez soi entre 19h et 5h du matin, les forces de l'ordre ont démantelé le dernier campement de la révolution érigé dans le centre-ville de Beyrouth. Un démantèlement qui s'est fait, selon Marcelle Rached, une des irréductibles qui dormait toujours sous les tentes, avec violence.

"Les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont débarqué vers 19h, rapidement suivies par les forces anti-émeutes. L'opération a été violente, ils nous ont battus, ils ont détruit les tentes, ils ne nous ont même pas laissés prendre nos affaires", affirme Marcelle Rached, qui, comme la centaine d'autres contestataires du centre-ville, a dû quitter le campement. Des contestataires ont été blessés, mais personne n'a été envoyé à l'hôpital, affirme-t-elle encore.

En réaction à l'action des forces de l'ordre, des manifestants ont brûlé des pneus dans le secteur et d'autres se sont rassemblés devant le siège de l'opérateur Touch, sur la voie-express du Ring, pour protester contre le démantèlement des tentes.


(Pour mémoire : Le pouvoir accusé de tirer profit du coronavirus pour intimider les protestataires)


Réagissant à ces développements, le bureau de presse du ministre de l'Intérieur Mohammad Fahmi a confirmé que la police a bien démantelé le campement.

"Le ministre renouvelle son soutien aux demandes sociales justes du mouvement de contestation pacifique et souligne que la campagne de désinfection des tentes sur la place des Martys et celle de Riad el-Solh qu'il a ordonnée la semaine dernière s'inscrit dans le cadre des mesures de protection des manifestants contre le coronavirus et constitue un geste de bonne volonté de M. Fahmi envers les protestataires", affirme un communiqué publié par le bureau de presse du ministre. "En raison de l'augmentation des atteintes aux propriétés privées et contre les passants dans le secteur, surtout après un incident avec un ambassadeur, les forces de l'ordre ont été contraintes de démanteler les tentes", conclut le communiqué.

Le 22 février dernier, le ministre de l'Intérieur avait pourtant laissé entendre que le camp des contestataires ne serait pas démantelé, et que des mesures, notamment de stérilisation des lieux, seraient prises. "Tant que ce rassemblement est pacifique (...)", avait commencé à dire le ministre avant d'être interrompu par un journaliste l'interrogeant sur les mesures prise face au coronavirus. Sur quoi le M. Fahmi avait déclaré que le ministère avait "mené une campagne de désinfection des tentes".

Samedi matin, les opérations de démantèlement du campement se poursuivaient, selon un témoin sur place. Aucun communiqué des forces de l'ordre n'avait été publié à la mi-journée.

Le centre-ville de Beyrouth est l'un des coeurs de la révolte populaire contre la classe politique libanaise qui avait débuté le 17 octobre 2019, à travers tout le Liban. Depuis des semaines, sous le double coup de la crise économique puis de la pandémie de coronavirus, le mouvement s'était essoufflé. Des irréductibles continuaient, toutefois, de résister aux multiples tentatives des forces de l'ordre de rouvrir les routes du centre-villes, bloquées depuis octobre par les contestataires. Tentatives qui se sont répétées ces dernières semaines.

Vendredi soir, le comité des avocats des manifestants a dénoncé "le démantèlement et la destruction des tentes permanentes et les tentatives d'arrêter les manifestants", estimant notamment que "l'interdiction de se déplacer dans les rues à partir de 19 heures ne s'applique pas aux contestataires se trouvant de manière permanente sur le terrain". Il déplore également que les manifestants n'aient pas été prévenus à l'avance pour leur donner le temps de rentrer chez eux avec leurs affaires et qu'ils aient été menacés d'être arrêtés. Le comité appelle le ministère de l'Intérieur à "cesser cette agression envers les manifestants" et à ne pas utiliser la force et la répression de manière injustifiée.


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commentaires (8)

Les restrictions au nom de la sante ne doivent pas restreindre la liberte d'expression et le droit de manifester. Les manifestants peuvent manifester de facon pacifique sans mettre en danger leur sante ou la sante des autres.

Stes David

18 h 52, le 28 mars 2020

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Commentaires (8)

  • Les restrictions au nom de la sante ne doivent pas restreindre la liberte d'expression et le droit de manifester. Les manifestants peuvent manifester de facon pacifique sans mettre en danger leur sante ou la sante des autres.

    Stes David

    18 h 52, le 28 mars 2020

  • Un couvre-feu (dont on se demande d'ailleurs l'utilité) interdit de circuler, mais tout de même pas de dormir ! En fait après la déclaration du ministre, on n'a toujours aucune explication. On pouvait d'ailleurs s'attendre à ce genre d'actions barbares de la part d'un copain de Jamil Sayyed. Au fait, comment ont-ils réussi à tabasser les malheureux contestataires en respectant les distances de sécurité ?

    Yves Prevost

    14 h 22, le 28 mars 2020

  • Publiez moi donc , c'est quoi cette rancoeur malsaine ?

    FRIK-A-FRAK

    14 h 12, le 28 mars 2020

  • De mauvais esprits calculateurs qui sautent sur l’occasion que les gens soient cloués chez eux pour reprendre le contrôle. Et le gouvernement est devenu insignifiant. Le est malsain.

    Zovighian Michel

    13 h 30, le 28 mars 2020

  • Qu’attendions-nous de plus d’un gouvernement à la solde de l’ancien régime. Quand on entend que les discussions houleuses en conseil de ministres concernant les nouveaux postes clés à la banque centrale sont en défense des candidats nommés par nos ténors, une part à Saad Hariri, une autre à Walid Joumblatt, une troisième à Nabih Berri et une énième à Gibran Basil, chaque ministre défendant son camp et sa référence. La moindre des choses est le démantèlement du campement de la révolution. Pauvre Hassan Diab qui avait beaucoup de bonnes intentions.

    Aref El Yafi

    12 h 27, le 28 mars 2020

  • AVEC LE CORONAVIRUS IL N,AVAIT PLUS DE VALEUR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 13, le 28 mars 2020

  • Moment propice de se venger de la Thawra et éteindre pour de bon sa flamme .

    Antoine Sabbagha

    12 h 07, le 28 mars 2020

  • Nous voulons savoir qui donne des instructions au FSI, les contre-ordres sont toujours exécutés Manu-military alors que le ministre de l’intérieur a préconisé la désinfection des tentes, des milices trouvent l’occasion de tabasser et malmener les protestataires sans qu’aucune voix ne s’élève pour dénoncer cet acte barbare sous prétexte de couvre-feu. Ils reviendront encore plus déterminés le jour où cela sera nécessaire sans craindre ces voyous ni leurs donneurs d’ordre qui continuent leur combines en croyant pouvoir échapper à la volonté du peuple. Libanais, restez chez vous et préparez vous à les affronter encore plus sévèrement après cette crise pour faire annuler tous les décrets et toutes les nominations qu’ils auraient illégalement instaurer pendant cette crise sanitaire. TOUT VIENT À POINT À QUI SAIT ATTENDRE.

    Sissi zayyat

    12 h 01, le 28 mars 2020

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