Les représentants de plusieurs organisations sectorielles sont montés au créneau cette semaine pour réclamer des mesures de soutien pendant la période d’état d’urgence sanitaire décrétée dimanche dernier par le gouvernement pour faire face à l’épidémie mondiale de coronavirus (Covid-19) qui a également touché le Liban.
Les mesures prises dans ce cadre ont contraint la majorité des entreprises soit à fermer temporairement leurs portes, soit à privilégier le télétravail quand elles le peuvent – en dehors des cas exceptionnels dont les banques (voir par ailleurs). Le fait que les citoyens aient été appelés à se confiner porte un nouveau coup à une activité déjà plus que moribonde, en raison de la grave crise économique et financière que traverse le pays depuis plusieurs mois.
Or s’ils affirment tous comprendre ces mesures de santé publique eu notamment égard à la vitesse de propagation du virus, les représentants du secteur privé restent globalement déçus par l’absence de proactivité du gouvernement concernant l’impact économique de la mobilisation contre le virus, alors que de nombreux pays touchés ont déjà pris les devants pour soutenir les entreprises.
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Charges et salaires
Premier à réagir dès lundi, le président de la Lebanese Franchise Association (LEA), Yahia Kassaa, s’est par exemple dit « surpris par le manque d’intérêt (des autorités) pour l’économie », à l’issue de la réunion du Conseil des ministres qui s’était tenue le même jour. Son prédécesseur à la tête de la LFA et actuel président du Conseil économique et social, Charles Arbid, lui a fait écho dès le lendemain en appelant les autorités à réfléchir aux moyens d’assurer la survie des entreprises locales, dont environ 9 sur 10 sont des PME.
« Il faut partir du principe que cette situation peut durer. Préserver la santé publique des Libanais est primordial, il faut dans le même temps soutenir les secteurs productifs qui vont permettre de garantir la disponibilité de certains produits alimentaires ou sanitaires (produits désinfectants notamment) fabriqués localement », a déclaré à L’Orient-Le Jour le président de l’Association des industriels libanais (AIL), Fady Gemayel. « Il faut aussi assurer une ligne de survie aux entreprises qui ne peuvent plus générer de revenus mais qui ont quand même des charges et des salaires à payer », ajoute-t-il. Au niveau des mesures à prendre, rapidement, l’AIL réclame notamment que soit enfin accordé le droit pour les industriels d’utiliser une partie de leurs propres fonds en dollars déposés dans les banques libanaises, et dont l’accès a été limité par les restrictions bancaires, le dispositif promis par la Banque du Liban n’ayant pas encore été mis en œuvre. Cet assouplissement des restrictions bancaires est également réclamé par le président de l’Association des agriculteurs, Antoine Hoyek.
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Baisse des intérêts sur les prêts
Les associations de commerçants se sont également exprimées, dont celle de Beyrouth (ACB) qui a produit jeudi une liste de mesures devant être prises dans l’urgence. L’ACB demande par exemple aux banques de prolonger de six mois les délais de grâce pour les remboursements dus, et de baisser le taux de référence sur les crédits en livres et en dollars aux environs de 4 %, soit plusieurs crans en dessous des niveaux respectifs actuels. L’ACB appelle aussi l’État à annuler tous les impôts et taxes dus au titre du premier semestre 2020, de procéder à des « ajustements exceptionnels » sur les montants dus par les commerçants au fisc pour l’exercice 2019, ou encore d’exonérer des cotisations dues à la Caisse nationale de Sécurité sociale. L’ACB souhaite enfin que les commerçants puissent notamment mettre leurs employés au chômage technique et revoir les modes de calcul de leurs congés annuels.
Également très affecté, le secteur touristique s’est lui aussi manifesté au courant de la semaine. Les restaurateurs (en incluant les boîtes de nuit et les pubs), qui ont par exemple dû fermer bien avant que l’état d’urgence sanitaire ne soit décrété, ont réclamé dans un communiqué jeudi plusieurs types de mesures similaires à celles listées par les autres. Dans un courrier au gouvernement, le président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, a appelé en plus à ce que les touristes non libanais soient contraints de régler leurs prestations dans le pays en dollars, entre autres mesures.
« Beaucoup de gérants se sont endettés en dollars pour que le pays puisse disposer d’une infrastructures hôtelière attractive. Il n’est pas normal que le secteur qui a permis d’attirer des devises dans le pays des années durant soit abandonné à son sort », juge de son côté le secrétaire général du syndicat, Wadih Kanaan. Ce dernier insiste notamment pour que la loi devant légaliser les restrictions informelles prises par les banques ces derniers mois, et sur laquelle le gouvernement planche, ne soit pas votée sans que soit également consacrés par le Parlement la majorité des aménagements exceptionnels réclamés par les entreprises sur les échéances bancaires et fiscales.
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Les rois de la gesticulation. C’est tout ce qu’ils savent faire. Ils constatent les dégâts causés par eux et essaient de se rattraper en siphonnant tout ce qui reste du peu qu’ils ont aux citoyens honnêtes qui ont toujours payés leurs dues et respecter la loi. Les voleurs eux ne manquent de rien, pire encore ils ont été promus pour bonne conduite et ont repris du service à la tête et aux jambes de l’état paralysé. Avec ça bon courage pour trouver une solution.
11 h 34, le 09 avril 2020