Coronavirus : les banques seront bien fermées aujourd’hui, l’accès au dollar encore restreint

L’Association des banques du Liban a annoncé hier que les établissements du pays seront bien totalement fermés aujourd’hui et le samedi suivant, conformément aux dispositions qu’elles ont prises dans le cadre de la mobilisation générale proclamée au Liban jusqu’au 29 mars pour lutter contre la propagation du coronavirus.

« Suite à la mise en place des horaires de travail temporaires pour la direction des banques, et au vu de la décision de la Banque du Liban de ne pas travailler les samedis durant la période d’état d’urgence sanitaire, l’ABL annonce que les banques fermeront leurs portes tous les samedis durant la période de mobilisation générale », a indiqué l’association dans un communiqué.

Mardi, le ministre des Finances, Ghazi Wazni, et le président de l’ABL, Salim Sfeir, ont fini par s’entendre sur le fait que les établissements bancaires du pays ouvriront une partie de leurs agences durant cette période. Cette décision avait mis un terme à trois jours d’incertitude au cours desquels les banques avaient d’abord décidé de s’aligner sur la position du syndicat des employés du secteur, qui exigeaient que les agences soient fermées pendant la période de mobilisation générale. L’ABL avait ensuite rétropédalé face à la pression du ministre.

Certaines banques ne donnent plus de dollars

La décision de fermeture avait également été critiquée par une partie des clients des banques, sujets depuis fin août à des restrictions illégales de plus en plus drastiques, qui ont affecté tout particulièrement les retraits d’espèces en dollars et les transferts à l’étranger, en plein contexte de crise économique et financière. Le taux livre/dollar s’est rapidement envolé sur le marché secondaire, pour atteindre un niveau 80 % plus élevé sur le marché noir, tandis que la parité officielle est artificiellement maintenue pour les transactions bancaires. Le gouvernement n’a, lui, toujours pas approuvé le projet de loi devant réglementer les restrictions bancaires, dont la dernière version qui a circulé est encore très lacunaire selon plusieurs experts consultés cette semaine par L’Orient-Le Jour.

Enfin, plusieurs sources concordantes ont confirmé les informations rapportées par quelques médias indiquant que certains établissements avaient restreint voire totalement suspendu les retraits de dollars pendant la période de mobilisation générale. Selon l’une d’entre elles, les banques se sont simplement conformées à l’un des points figurant dans le communiqué publié par l’ABL lundi dernier et dans lequel ont été listées les opérations que les banques continueront d’assurer jusqu’au 29 mars. L’association a par exemple préconisé de continuer à approvisionner les distributeurs automatiques de billets en livres, mais n’a toutefois fait aucune mention des retraits de dollars, même aux guichets.En revanche, l’ABL a demandé aux banques d’assurer le traitement des « opérations commerciales urgentes » des entreprises, notamment celles investies dans les secteurs stratégiques. Les relations avec les banques correspondantes n’ont en principe pas non plus été interrompues. Pour rappel, les banques sont très exposées à la dette publique libanaise, dont plus de 30 % est émise en dollars. Or le gouvernement libanais, formé en janvier dans le contexte de crise actuelle, a décidé de faire défaut sur l’émission de 1,2 milliard de dollars d’eurobonds arrivant à échéance le 9 mars et de négocier une restructuration de sa dette.

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