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Moyen-Orient - Irak

Nouvelle escalade de la violence entre Washington et Téhéran

Deux Américains et un Britannique tués mercredi soir dans une attaque aux roquettes sur une base dans la banlieue de Bagdad; 26 miliciens irakiens pro-iraniens tués à Boukamal.

Le corps d’un marine tué en Irak, reçu avec les honneurs sur la base de Dover aux États-Unis. Mark Makela/Getty Images/AFP

Il y a deux mois, une telle actualité aurait fait la une des journaux et provoqué un risque sérieux de confrontation ouverte entre Téhéran et Washington. La pandémie de coronavirus a mis au second plan la mort mercredi soir de trois militaires de la coalition internationale tués dans une attaque en Irak. Deux soldats, un Américain et un Britannique, et un sous-traitant américain ont péri dans une attaque aux roquettes contre la base de Taji dans la banlieue de Bagdad. La coalition internationale a recensé 18 roquettes tirées au total, faisant également état de 12 blessés, sans préciser leur nationalité. Les forces irakiennes ont trouvé un camion à fusée à quelques kilomètres de la base, a indiqué l’armée américaine dans un communiqué. Le chef de la diplomatie US, Mike Pompeo, et son homologue britannique, Dominic Raab, ont exigé que les auteurs des attaques contre la base « rendent des comptes », selon le département d’État américain. Le chef du Pentagone, Mark Esper, a prévenu hier que « toutes les options » étaient « sur la table », précisant à la presse avoir parlé mercredi soir de possibles mesures de rétorsion avec le président Donald Trump, qui lui a donné toute autorité pour « faire ce qu’il y a à faire ».

Les brigades Kataëb-Hezbollah, l’une des factions pro-iraniennes les plus radicales d’Irak, ont salué hier « ceux qui ont mené cette opération contre les forces d’occupation américaines » sans toutefois la revendiquer. Elles ont appelé à plus d’attaques anti-américaines.

Quelques heures après l’incident, des raids ont provoqué la mort de 26 paramilitaires irakiens pro-iraniens près de Boukamal à la frontière syrienne. « Les États-Unis et la coalition n’ont mené aucune frappe en Syrie ou en Irak la nuit dernière », a affirmé à l’AFP un porte-parole de la coalition. « Trois avions probablement de la coalition internationale ont visé des positions iraniennes et des factions armées alliées, dont le Hachd al-Chaabi irakien », a quant à lui indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), en référence à cette coalition de paramilitaires désormais intégrés aux forces régulières irakiennes. Au moins « 26 combattants irakiens » du Hachd al-Chaabi ont été tués. Les paramilitaires du Hachd al-Chaabi combattent aux côtés du régime syrien depuis plusieurs années et ont été par le passé visés par des raids aériens de la coalition et d’Israël en Syrie.


(Lire aussi : Une traductrice du Pentagone a divulgué les noms d'informateurs en Irak à des proches du Hezbollah)


Vote de l’expulsion

Ce nouvel épisode de violences est le premier à entraîner la mort de soldats occidentaux depuis l’attaque à la roquette qui a tué un entrepreneur américain en décembre. Les États-Unis avaient alors accusé les Kataëb-Hezbollah et bombardé cinq de leurs bases. Peu de temps après, en janvier, les États-Unis avaient assassiné à Bagdad le général iranien Kassem Soleimani et le chef des Kataëb- Hezbollah Abou Mahdi al-Mouhandis. Les Iraniens avaient riposté avec une pluie de missiles sur une base irakienne où sont postés des soldats américains, en blessant une centaine. Les factions du Hachd, qui ont perdu leur leader de facto dans le raid contre Soleimani, ont promis depuis une « vengeance » contre les États-Unis. Suite à ce regain de tension que beaucoup percevaient comme la promesse d’une guerre imminente entre les États-Unis et l’Iran, les deux pays avaient tous deux fait retomber la pression. Les bases irakiennes ont continué toutefois à subir un nombre limité mais croissant d’attaques à la roquette qui n’ont pas toutefois fait de mort.

Au moment de l’assassinat de Soleimani, le gouvernement irakien avait accusé les États-Unis de violer la souveraineté du pays et le Parlement irakien – où le Hachd tient le deuxième groupe de députés – a voté le 5 janvier l’expulsion des 5 200 soldats américains du pays. Mais les autorités se trouvent aujourd’hui dans une position délicate, puisqu’elles continuent de mener des opérations conjointes avec la coalition contre les jihadistes de l’État islamique. Le commandement militaire irakien, chapeauté par le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi, a dénoncé l’attaque de mercredi contre la coalition, qui constitue « un défi sécuritaire très dangereux ». Le président Barham Saleh et le président du Parlement, Mohammad al-Halboussi, ont également condamné l’attaque. De son côté, la Mission de l’ONU en Irak a appelé à « la retenue maximale », estimant que « le risque d’actes voyous de groupes armés est une inquiétude permanente » en Irak qui « n’a vraiment pas besoin de devenir une arène pour les vendettas et les batailles venues d’ailleurs ».


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