Le chef des Kataëb, Samy Gemayel, opposant déclaré au gouvernement, a déploré mardi le fait que le Liban soit "un pays sans Etat" alors que le Liban est confronté à sa plus grave crise économique et financière depuis 30 ans et la propagation du nouveau coronavirus.
"Nous sommes dans un pays sans Etat. C'est pour cette raison qu'il est de notre devoir en tant que citoyens de prendre la place de l'Etat et de prendre la responsabilité de nous protéger nous, ainsi que nos personnes âgées, car le coronavirus n'est pas une mince affaire", a déclaré M. Gemayel lors d'une conférence de presse au siège des Kataëb, à Saïfi, visé par des tirs dimanche, dénonçant un manque de sensibilisation de la part des autorités sur ce dossier. Le Liban a enregistré ce mardi son premier décès lié au coronavirus.
Le leader des Kataëb est ensuite revenu sur la décision du gouvernement de Hassane Diab de suspendre le remboursement des eurobonds dont la première échéance est arrivée à terme lundi. "L'annonce du non-paiement des eurobonds n'est pas un acte héroïque car il n'y avait aucun autre choix", a jugé M. Gemayel, avant de s'interroger sur les réformes prévues par le gouvernement. "Quelles mesures seront prises ? Auront-elles des conséquences sur les Libanais ? Une partie de ces réformes est liée à la volonté du Hezbollah", a-t-il déclaré.
Samedi, le Premier ministre a annoncé que le Liban ne serait pas en mesure de rembourser 1,2 milliard de dollars d'eurobonds - des obligations émises en dollars - notamment en raison "du niveau critique" des réserves de change, promettant toutefois des réformes qui doivent être annoncées incessamment pour faire face à la crise. Face à ce premier défaut de paiement de l'histoire du pays, M. Diab a en outre annoncé que le pays ouvrirait des négociations avec ses créanciers pour restructurer la dette.
"Le peuple libanais est victime de cette situation. Il est le seul à avoir le droit de demander des comptes au pouvoir politique, aux dirigeants, mais aussi aux banques qui ont utilisé son argent pour le donner au pouvoir de manière irresponsable", a lancé le chef des Kataëb.
Avec une dette de 90 milliards de dollars - soit environ 170% du PIB -, le Liban fait partie des pays les plus endettés au monde. Le marasme économique a été un des principaux moteurs des manifestations inédites déclenchées en octobre, qui ont vu des dizaines, voire des centaines, de milliers de Libanais battre le pavé pour fustiger une classe politique accusée de corruption et d'impuissance face à la crise.
Lors de sa conférence de presse, Samy Gemayel est également revenu sur les tirs ayant visé dimanche à l'aube le siège de son parti à Saïfi, à l'entrée du centre-ville de Beyrouth. Des individus armés non identifiés ont touché la façade du bâtiment de six balles. "Il s'agit d'un acte insignifiant", a-t-il déclaré, et d'ajouter : "cette maison restera à tous les Libanais libres et un refuge en ces temps difficiles. Selon les médias locaux, le chauffeur de la voiture à bord de laquelle étaient les individus qui ont tiré a été arrêté mardi.
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Mr. Gemayel a raison
20 h 08, le 10 mars 2020