Le Liban, englué dans une grave crise économique et en défaut de paiement pour la première fois de son histoire, a des réserves de change dépassant les 20 milliards de dollars, a assuré lundi le ministre des Finances, Ghazi Wazni.
La Banque centrale "dit qu'elle a 29 milliards, dont 7 milliards qu’elle a prêtés au secteur bancaire" pour lui permettre de renflouer ses liquidités, a expliqué M. Wazni sur la chaîne de télévision LBCI. Sur les 22 milliards de dollars restant à la disposition de la BDL, environ 18 milliards sont des réserves obligatoires que les banques doivent déposer à la Banque centrale, ce qui signifie que cette dernière ne détient plus qu’environ 4 milliards de dollars "utilisables".
Fin février, la Banque centrale avait évalué ses réserves en devises à 30,27 milliards de dollars, hors les 5,5 milliards de dollars d’eurobonds qu’elle détient dans son portefeuille.
Le Premier ministre Hassane Diab a annoncé samedi que le Liban ne serait pas en mesure de rembourser 1,2 milliard de dollars d'eurobonds - des obligations émises en dollars - qui arrivaient à échéance ce lundi, notamment en raison "du niveau critique" des réserves de change. Face à ce premier défaut de paiement de l'histoire du pays, M. Diab a annoncé que le pays ouvrirait des négociations avec ses créanciers pour restructurer la dette.
(Lire aussi : Le Liban en défaut de paiement : les principaux points du discours de Diab)
Commentant la décision annoncée samedi, M. Wazni a expliqué que le but était d'arriver à "un défaut ordonné" grâce à des négociations avec les créanciers, qui pourraient engager des actions en justice si aucun accord n'est trouvé.
Avec une dette de 90 milliards de dollars - soit environ 170% du PIB -, le Liban fait partie des pays les plus endettés au monde.
Le marasme économique a été un des principaux moteurs des manifestations inédites déclenchées en octobre, qui ont vu des dizaines, voire des centaines, de milliers de Libanais battre le pavé pour fustiger une classe politique accusée de corruption et d'impuissance face à la crise.
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commentaires (6)
C'est ce que le Hezbollah voulait et il ne veut pas le FMI, il fait ce qu'il veut vive Mr. Aoun
Eleni Caridopoulou
20 h 40, le 10 mars 2020