Avec 3 000 sites religieux, chrétiens, musulmans et juifs, répertoriés à travers le territoire, le Liban a un potentiel énorme en matière de tourisme culturel religieux. Telle est la conclusion à laquelle est parvenue Roula Ajouz Sidani, coordinatrice de l’unité CRT (Cultural Religious Tourism), lors de la présentation des conclusions d’une étude ayant pour objectif de promouvoir le Liban en le plaçant sur la carte mondiale du tourisme culturel religieux.
Exposé au Grand Sérail en 2017, le projet a été présenté mercredi dernier au cours d’une conférence donnée à la salle polyvalente de l’Université Saint-Joseph, dont le département de géographie à la Faculté des Lettres et Sciences humaines (FLSH) et la faculté des Sciences religieuses de l'USJ lancent un DU (diplôme universitaire) en tourisme religieux.
La formation, qui a pour objectif de développer ce concept pour en faire une dynamique nouvelle, sera dispensée sous forme de séminaires et de sorties sur le terrain afin de découvrir le potentiel du patrimoine religieux et la valeur de cet héritage, a précisé Lilianne Buccianti Barakat, responsable pédagogique du DU en tourisme religieux, soulignant l’importance de mettre en lumière une composante majeure de la culture du pays. Et ce d’autant plus que le Liban est en butte à des crises sociale, politique, économique...
« Le Liban bénéficie d’un patrimoine religieux unique au monde par ses 19 communautés religieuses, ses fêtes, ses traditions, ses pèlerinages, cependant méconnus des Libanais eux-mêmes et souvent menacés et totalement sous-exploités. »
Alors que ce type de sites religieux attire généralement les croyants, l’objectif aujourd’hui est d’amener un public plus large à les découvrir, relève encore la coordinatrice de l’unité CRT. Un public composé de personnes passionnées d’expériences nouvelles, d’aventures, de destinations exotiques et culturelles. Le projet permettra aussi d’aller à la découverte du pays, de son paysage archéologique, architectural et naturel. D’autant que les églises et les monastères ont toujours occupé un très bel emplacement au cœur des grands espaces naturels, ce qui leur confère un attrait tout particulier.
(Lire aussi : Avec la LFE, le tourisme religieux va prendre un nouveau départ)
« LebanOne », ou l’unité dans la diversité.
Plusieurs pays ou sites ont déjà misé sur le tourisme religieux pour dynamiser le secteur, à l’instar du Portugal (sanctuaire Fatima qui accueille quatre millions de visiteurs /an), de la Terre sainte, de Lourdes, du Vatican, de Compostelle, de Notre-Dame de Guadeloupe de Mexico, pour ne citer que les lieux les plus populaires dans le monde. « Le Liban, pays de la confluence des religions, riche en sites archéologiques, culturels et religieux, mérite d’obtenir sa place dans ce type de tourisme car il contribue à la croissance économique et à la création d’emplois », estime Roula Ajouz Sidani. Lors de la présentation, elle a expliqué les étapes de mise en œuvre de la première phase du projet et les résultats obtenus par l’unité, notamment désétablissement d’une base de données de 250 sites archéologiques couvrant les différentes régions du Liban, la création de cartes d’itinéraires mettant en évidence des repères religieux et culturels, ainsi que d’un site web pour le projet www.sacredlebanon.com, qui donne accès à des informations historiques et touristiques. Ont également été préparés un film promotionnel ainsi qu’un livre contenant un échantillon des trésors cachés du Liban. L’ensemble décliné sous le logo « LebanOne » qui indique l’unité dans la diversité.
Une nation qui trouve son unité à travers des sites fréquentés aussi bien par les chrétiens que les musulmans. Comme Notre-Dame de Harissa ou le village de Cana, également connu sous le nom de Cana de Galilée, qui correspond, selon certains historiens, à l’emplacement géographique où le Christ aurait effectué son premier miracle, transformant l’eau en vin lors d’un mariage. Situé au Liban-Sud, Cana est le centre d’un tourisme religieux aussi bien pour les chrétiens que pour les musulmans. Et pour cause, la figure du Christ est également vénérée dans l’islam, où il est considéré comme étant le prophète Issa.
Par ailleurs, non loin des grandes cuves datant de la présence du Christ dans la région, se dresse le sanctuaire du prophète al-Jalil, un saint homme vénéré par la communauté chiite.
De même, le sanctuaire de Mar Charbel à Annaya. La réputation de ce saint moine, canonisé en 1977, dépasse les frontières et toute forme d’appartenance, souligne Mme Sidani. Pour une plongée dans la vie contemplative et monastique de ce saint, un petit livre dense et d’une grande beauté a été signé par notre collègue Fady Noun pour la collection « Prier 15 jours », éditions Nouvelle Cité.
À Bcharré, une peinture de Raphaël
Ces 250 sites sélectionnés dans la première phase de l’étude font voyager le Libanais dans l’espace et le temps, et lui permettent de découvrir les trésors de son pays. Ainsi, la cathédrale Saint-Nicolas bâtie à Saïda en 1895 est décorée d’une icône datant des années 1800 et d’une mosaïque byzantine du VIe siècle issue d’une vieille église de Anan, village situé à 20 km à l’est de Saïda.
Dans le quartier de Saff al-Balat, à Tripoli, al-Madrassa al-khatouniyah remonte à l’année 775 de l’Hégire. Elle a été construite par le représentant des autorités ottomanes, le prince Ezzedine Aydamir al-Achrafi, et sa femme Arghun. Et toujours à Tripoli, une des plus vieilles et des plus grandes mosquées est celle d’al-Mansouri. Construite en 1294, elle abrite une boîte en or massif renfermant un poil de la barbe du prophète Mohammad. La boîte aurait été offerte par le sultan ottoman Abdel Hamid II en 1890.
À l’église de la Transfiguration à Bcharré, on découvre une icône du peintre italien de la Renaissance Raphaël (1483-1520), représentant la Transfiguration du Christ avec les apôtres Moussa (Jean) et Élie. Signalons que la Transfiguration est célébrée le 6 août de chaque année dans la forêt des Cèdres.
Dans le casa de Marjeyoun, le sanctuaire ben Yaacoub est vieux de 2 000 ans, selon Roula Ajouz Sidani. Il a été restauré en 2006.
Maqam al-nabi Ayoub, à Roum, casa de Jezzine, représente une construction fatimide. Ce lieu est visité aussi bien par les chrétiens que par les musulmans. Une richesse à découvrir d’urgence, alors que les beaux jours reviennent.
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commentaires (6)
Il y a aussi le site du ministere de tourisme : http://www.destinationlebanon.gov.lb/en/TourismType/1 c'est la section 'Religious Tourism'. Mais le site du CRT http://www.culturalreligioustourism.com/ offre l'avantage qu'il y a des routes planifies. (pour GPS). En tous cas c'est une bonne initiative, il y a vraiement des choses que je ne connaissais pas sur le site du CRT (et dans les articles de l'OLJ bien-sur).
Stes David
21 h 29, le 03 mars 2020