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Économie - Infrastructures

Terminal conteneur de Beyrouth : cinq candidats et plusieurs chantiers

Certains acteurs suggèrent que l’État rationalise l’occupation de la zone portuaire pour en vendre une partie au secteur privé.

Les résultats de l’appel d’offres remettant en jeu la gestion du terminal conteneur du port seront dévoilés fin avril. Photo P.H.B.

Qui remportera le droit de gérer le terminal conteneur de Beyrouth, le plus important du pays, pendant les 15 prochaines années ? Pour l’heure, cinq sociétés ont déjà retiré le cahier des charges publié en janvier par la direction du port, une liste qui ne devrait a priori pas changer d’ici au 17 mars, la date limite fixée pour les dépôts des offres.

Les résultats devraient en principe être annoncés fin avril, ce qui repoussera la date effective de la prise de fonction du vainqueur à fin 2020, en comptant la période de transition. Relayés dans la presse cette semaine, les noms des candidats ont été confirmés à L’Orient-Le Jour par plusieurs sources concordantes. Selon les informations publiées sur le site internet du port – qui publie le cahier des charges de l’appel d’offres –, une réunion préliminaire a déjà été organisée le 20 février.

Transporteurs et opérateurs

Premier à avoir publiquement déclaré son intérêt pour le port de la capitale, le transporteur et logisticien français CMA CGM a prévu de présenter une offre commune avec un autre leader mondial du secteur, l’italo-suisse MSC (Mediterranean Shipping Company). Un choix stratégique – les deux transporteurs pèsent 60 % des volumes qui transitent par Beyrouth – annoncé courant février par le PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé, dans une interview à L’Orient-Le Jour.

Déjà présent dans le Golfe, mais également aux États-Unis et au Brésil, l’émirati Gulftainer sera également de la partie. L’opérateur spécialisé dans la gestion de terminaux conteneur a déjà en charge celui du deuxième port du pays, à Tripoli (Liban-Nord), via une filiale locale, Gulftainer Liban, dont une partie du capital est également détenue par CMA CGM.

Les deux derniers candidats sont deux autres opérateurs de terminaux, les Hongkongais China Merchants Port et Hutchison Ports Holdings, fondés tous les deux au XIXe siècle et qui figurent parmi les poids lourds de leur secteur. Selon plusieurs sources, Hutchison Ports Holdings s’est allié aux deux hommes d’affaires libanais Iskandar et Akram Safa pour participer à l’appel d’offres. Enfin, l’opérateur BCTC (Beirut Container Terminal Consortium, composé de Portia Ports Limited, International Port Management Beirut SAL et Logistics and Port Management Americas), qui gère le terminal depuis 2004, a également prévu d’entrer dans la course pour conserver son marché.

Une source proche du dossier souligne le fait que l’appel d’offres a été ouvert à des transporteurs maritimes. « Les grands groupes en général et ceux qui ont candidaté en particulier savent gérer des terminaux conteneurs et peuvent en plus garantir une partie du trafic. C’est un plus, mais ce n’est pas forcément décisif », commente-t-elle.

Numérisation

Le terminal de Beyrouth se déploie sur les quais n° 15 et n° 16 du port de la capitale, où sont installées les 16 grues géantes qui permettent à son personnel d’intervenir sur la majorité des porte-conteneurs. En 2018 – les chiffres de 2019 ne sont pas représentatifs du niveau normal d’activité du port en raison de la crise économique et financière ainsi que des mouvements sociaux de grande ampleur qui ont marqué cet exercice –, près de 1,3 million de conteneurs ont transité par cette infrastructure. Ce volume le place dans le ventre mou du classement des ports de l’est de la Méditerranée, devant les infrastructures syriennes et chypriotes mais derrière les principaux ports égyptiens, israéliens et turcs. Le port bénéficie en outre d’un bon positionnement géographique.

La remise en jeu de la gestion du terminal conteneur de Beyrouth sera l’occasion pour le gestionnaire pour les 15 années à venir de mener plusieurs chantiers à terme, en commençant par l’augmentation du trafic annuel, l’amélioration de sa productivité ainsi que de sa qualité, trois objectifs inscrits d’entrée de jeu dans le cahier des charges. Un des projets-clés prévus dans le cahier consistera à accélérer la numérisation du port, entre autres.

Sur un plan plus large, le président de Gulftainer Liban, Antoine E. Amatouri – qui assure rester neutre vis-à-vis du résultat de l’appel d’offres –, suggère pour sa part que l’opérateur qui remportera le marché aborde les projets de développement du port en tenant compte de sa complémentarité avec celui de Tripoli, le deuxième du pays. Avec seulement deux grues érigées sur un quai de 600 mètres, cette infrastructure est encore loin d’avoir été exploitée à son plein potentiel. Cette zone portuaire s’étend sur environ 3 millions de m² en périphérie de la ville tandis que celle de Beyrouth ne peut compter que sur 1,2 million de m² enclavés par le centre-ville. Pour Antoine E. Amatouri, la synchronisation du développement des deux infrastructures renforcera l’attractivité du pays pour les transporteurs, entre autres vertus.

Terrain à vendre

Le président de Gulftainer estime également que le vainqueur de l’appel d’offres devrait tenter de convaincre les autorités d’amputer la zone portuaire d’une portion équivalant à 400 000 m² et située dans la zone de l’entrée du port la plus au sud, à quelques mètres du centre-ville, pour revendre les terrains à des investisseurs privés. « L’État peut se passer de cette portion de la zone portuaire, qui était utile avant que les conteneurs ne représentent l’essentiel de l’activité. La mettre en vente en sachant qu’elle se situe près du centre-ville pourra générer rapidement des revenus considérables » argumente-t-il. Il ajoute que les taux d’occupation des quais réservés aux autres types de cargos – grain, rouliers, etc. – ont été inférieurs à 50 % en 2018, ce qui légitime d’autant plus selon lui la nécessité de rationaliser l’utilisation de l’espace existant.

Selon une source au port, une partie des terrains évoqués par Antoine E. Amatouri est actuellement investie par les équipes chargées de mener les opérations d’exploration des sous-sols au large des côtes libanaises pour confirmer le potentiel du pays en termes de ressources en hydrocarbures. Il reste qu’une éventuelle vente des terrains jouxtant la zone du centre-ville pourrait effectivement s’avérer lucrative, compte tenu des prix de l’incidence foncière (la valeur du terrain sur la surface utile principale) qui dans cette partie de la ville gravitent actuellement entre 1 500 et 2 500 dollars au m², selon le cabinet de conseil en immobilier Ramco.

Qui remportera le droit de gérer le terminal conteneur de Beyrouth, le plus important du pays, pendant les 15 prochaines années ? Pour l’heure, cinq sociétés ont déjà retiré le cahier des charges publié en janvier par la direction du port, une liste qui ne devrait a priori pas changer d’ici au 17 mars, la date limite fixée pour les dépôts des offres. Les résultats devraient en...

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