Le Club des juges, une association indépendante de magistrats, a appelé dans un virulent communiqué publié mardi, les membres de la Commission spéciale d'investigation (CSI) relevant de la Banque du Liban à démissionner afin qu'une nouvelle équipe "fiable" puisse être formée et obliger les banques à restituer les fonds détournés à l'étranger.
"Les responsables au sein des organes de contrôle bancaire, en particulier la CSI, doivent assumer leurs responsabilités et présenter leur démission, (...) dans l'espoir qu'ils seront remplacés par des personnes fiables et que l'autorité concernée oblige toutes les banques à restituer l'argent détourné à l'étranger par les grands déposants, au moins depuis le début de l'année dernière", indique le communiqué du Club des juges. Celui-ci considère qu'en tête de liste de ces déposants se trouvent "les propriétaires de certaines banques qui ont sacrifié les fonds de leurs clients placés dans leurs établissements afin de préserver la sécurité financière et de rétablir la liquidité perdue".
Le Club des juges est une association de magistrats fondée en 2018 pour notamment œuvrer à renforcer l’indépendance judiciaire et lutter contre la corruption.
"La commission spéciale de la BDL doit immédiatement ouvrir les enquêtes nécessaires concernant les comptes des agents publics, ou ceux inscrits sous le nom de personnes politiquement exposées, et informer l'opinion publique à ce sujet. De plus, la commission doit obliger toutes les banques à augmenter très rapidement leur capital par l'injection d'argent frais (fresh money) et non en utilisant des artifices comptables qui ne permettraient pas d'atteindre l'objectif souhaité", ajoute le Club.
Ce dernier appelle également à adopter "une loi qui gèlera les avoirs des responsables de la politique monétaire afin de protéger les dépôts des Libanais, victimes de la cupidité de la plupart d'entre eux et de leur complicité avec les corrompus de la classe politique".
Et le texte de poursuivre : "Pour cela, et avant de mettre en œuvre n’importe quelle procédure contraignante pour la population, il est nécessaire que les procureurs généraux et les tribunaux pénaux se basent sur la jurisprudence en date du 8/3/2000 qui considère les tribunaux ordinaires, et non la Cour de Justice pour le jugement des présidents et des ministres, seuls compétents pour l'engagement des poursuites et le jugement des ministres pour les crimes ordinaires qu’ils commentent dans l’exercice de leurs fonctions".
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Le Club des juges réclame aussi qu'une "enquête sérieuse soit menée pour savoir qui sont les détenteurs d'eurobonds et leurs véritables bénéficiaires, ainsi que les moyens qu'ils utilisent pour obtenir des informations internes (inside informations), punies par la loi numéro 160/2011".
L'association souligne en outre "la nécessité pour l'État de suivre une politique publique claire et scientifique concernant ces eurobonds, et décider s'ils doivent être remboursés ou non, en prenant en compte les inquiétudes légitimes si cette dernière option devait être retenue".
"Il est désormais connu de tous que la crise financière à laquelle est confronté le peuple libanais est le résultat de la corruption de la plupart des dirigeants et de leur système judiciaire, bancaire, administratif et sécuritaire, ainsi que de l'absence de toute vision et plans économiques significatifs", conclut le Club des juges.
Vers la fin décembre, des rumeurs ont circulé à propos de "milliards de dollars" qui auraient été transférés en Suisse par des dirigeants politiques, alors que les clients des banques subissent des restrictions bancaires (difficulté de transférer de l’argent à l’étranger et de retirer du liquide). Selon le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, près de 2,6 milliards de dollars ont été transférés hors du pays depuis septembre, mais l’enquête diligentée auprès des banques ne concerne qu'un milliard de dollars seulement.
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ENFIN ON PASSE AUX CHOSES SÉRIEUSES. YOUPI. ESPÉRONS QUE TOUT CELA NE FERA PCHIIIIT SI LES VENDUS S’ALLIENT POUR FAIRE PRESSION SUR CE CLUB HONORABLE QUI SOUHAITONS LE PEUT FAIRE TOUTE LA DIFFÉRENCE DANS LE DÉROULEMENT DES ÉVÉNEMENTS À VENIR. BON COURAGE NOUS SOMMES AVEC VOUS.
Sissi zayyat
10 h 12, le 26 février 2020