Alors que deux nouveaux vols en provenance d’Iran sont attendus aujourd’hui à Beyrouth, les réunions officielles se sont multipliées durant le week-end écoulé pour débattre des moyens de contenir le risque de propagation du coronavirus, après la découverte d’un cas au Liban. La patiente, une femme de 45 ans actuellement hospitalisée et mise en quarantaine à l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri, était arrivée au Liban la semaine dernière à bord d’un avion en provenance d’Iran : elle avait séjourné plusieurs mois dans la ville de Qom. Son état s’était amélioré hier, selon les sources hospitalières.
Jusqu’à hier soir, aucun autre cas de contamination n’avait été confirmé au Liban, selon le communiqué de l’hôpital Rafic Hariri, qui précise que « douze autres tests effectués ces dernières 24 heures se sont révélés négatifs ». Quatre personnes restent néanmoins en quarantaine à l’hôpital (outre le cas avéré) tandis que deux autres ont été autorisées à rentrer chez elles après une brève hospitalisation.
La ville de Qom, où a séjourné la patiente atteinte de coronavirus, est l’une des deux localités iraniennes où un nombre important de patients contaminés a été enregistré dernièrement. Dans ce contexte, plusieurs pays voisins de l’Iran, comme la Turquie ou l’Irak, et d’autres pays de la région, comme la Jordanie, ont choisi de suspendre les vols vers ou en provenance de ce pays, mais le Liban ne compte visiblement pas prendre une mesure aussi radicale.
Certes, la cellule de crise gouvernementale présidée par le Premier ministre Hassane Diab, qui s’est réunie samedi, recommande entre autres de « suspendre les voyages et les vols vers les régions isolées des pays suivants : Chine, Corée du Sud, Iran et autres ». Cette recommandation cite cependant des exceptions, « les cas de haute nécessité, comme le voyage pour soins de santé, éducation, travail, etc. ». Le secrétaire général du Haut Conseil national de sécurité est en outre chargé de superviser « la mise en application de ces mesures en coopération avec la Direction générale de l’Aviation civile ».
En effet, de nouvelles mesures de prévention et de communication ont été annoncées hier par le ministère de la Santé et l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth. Ainsi, 22 stérilisateurs dernier cri de la compagnie Sky Care Service ont été installés sur l’ensemble des rampes des escalators et des tapis roulants de l’aéroport de Beyrouth pour éviter toute contamination.
Et ce n’est pas tout. Selon une source de l’AIB interrogée par L’Orient-Le Jour, « il existe une collaboration entre les autorités libanaises et iraniennes, ces dernières s’étant engagées à tester les voyageurs avant qu’ils ne montent à bord de l’appareil, de manière à les empêcher de prendre l’avion en cas de symptômes suspects, et à les hospitaliser en Iran ». « Même à leur arrivée au Liban, les voyageurs seront systématiquement auscultés avant même qu’ils ne passent par la Sûreté générale », précise cette source.
Deux vols en provenance d’Iran sont programmés aujourd’hui, l’un en matinée et l’autre en soirée, avec une moyenne de deux cents voyageurs chacun, en principe libanais dans leur grande majorité. Il y a trois vols hebdomadaires de et vers l’Iran, deux le lundi et un le jeudi.
(Lire aussi : Coronavirus : des stérilisateurs installés à l'aéroport de Beyrouth)
Respecter les consignes de quarantaine à domicile
Interrogé sur les mesures prises par le ministère de la Santé en prévision des vols en provenance d’Iran aujourd’hui, Walid Ammar, directeur général du ministère, affirme que le même protocole sera appliqué. « Le personnel du ministère monte dans l’avion et procède à une vérification auprès des passagers, explique-t-il à L’OLJ. Les personnes présentant des symptômes sont directement acheminées vers l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri, où elles doivent subir un test puis être placées en quarantaine. Les autres rentrent chez eux, mais doivent observer une quarantaine à domicile pendant quatorze jours. Les directives sont très claires à leur niveau : s’ils ne présentent aucun symptôme après deux semaines, ils peuvent reprendre une vie normale. En cas d’apparition de symptômes, c’est le ministère qui les emmène à l’hôpital pour minimiser les risques de contagion. Et ce sont les forces de l’ordre et les municipalités qui doivent vérifier que les consignes de quarantaine sont bien respectées par ces individus. »
En ce qui concerne les risques liés aux vols en provenance de pays très touchés, M. Ammar précise que « si les consignes de quarantaine à domicile sont respectées, la propagation du virus devrait rester contenue ». Il confirme par ailleurs « qu’il n’y a toujours qu’un cas de coronavirus avéré au Liban ». Il ajoute : « Nous avons tenu à suivre toutes les personnes qui sont rentrées d’Iran, et sommes remontés à deux semaines plus tôt. Le bilan est le suivant : onze cas testés le samedi, et douze le dimanche, et tous se sont avérés négatifs. »
Interrogé sur un cas qui a été acheminé hier de Baalbeck vers l’hôpital Rafic Hariri, M. Ammar confirme que cela a bien eu lieu, mais que « les résultats de ce patient seront connus demain (aujourd’hui) ».
(Lire aussi : Pas de nouveau cas de coronavirus au Liban, rassure Hassan)
« Pourquoi ne pas suspendre les vols ? »
Malgré toutes les déclarations rassurantes, la psychose gagne le pays depuis l’annonce du premier cas d’infection vendredi. Les rumeurs vont bon train et plusieurs présidents de conseils municipaux ont dû démentir des informations autour de cas de contamination dans leurs localités. L’inquiétude gagne la population et même les hommes politiques. Nombre d’entre eux se sont demandé pourquoi ne pas suspendre tout bonnement les liaisons aériennes avec l’Iran, la Chine et d’autres pays très touchés par le virus.
L’un d’eux est le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, qui a préconisé hier de prendre la « mesure urgente » d’interdire les vols en provenance et à destination de l’Iran et de la Chine. « Concernant le coronavirus et au vu des modestes moyens du Liban, il serait préférable de prendre des mesures d’urgence, notamment d’interdire les liaisons aériennes avec les pays où la maladie se propage à grande échelle, particulièrement la Chine et l’Iran », a écrit M. Geagea sur son compte Twitter. Il a ajouté que cette mesure « ne se base sur aucune considération particulière ».
M. Geagea n’est pas le seul à réclamer la mise en place de cette mesure, mais certains interprètent ces revendications comme une attaque voilée visant l’Iran, parrain du Hezbollah. Et au-delà de l’urgence sanitaire et des interprétations politiques, il reste une dimension humaine à prendre en compte. « Il y a beaucoup de Libanais en Iran qui demandent à rentrer au pays », précise à L’OLJ Abdel Rahman Bizri, du Comité national sur les maladies transmissibles, qui travaille étroitement avec le gouvernement sur cette question. Il ajoute : « À mon avis, les voyages vers l’Iran vont diminuer de facto. Mais tant que la situation reste relativement contenue dans certains foyers dans ce pays, et tant que les mesures décidées par le gouvernement seront strictement respectées au Liban, le risque d’une large propagation du virus sera relativement faible chez nous. »
(Lire aussi : Le Liban a son premier cas de coronavirus, une femme venue d’Iran)
Interdit d’exporter les masques
Pour sa part, le ministre de la Santé Hamad Hassan a effectué de nombreuses tournées durant le week-end écoulé, notamment dans les hôpitaux gouvernementaux des régions, pour s’assurer de leur capacité à recevoir au besoin des patients contaminés. Hier, après avoir inspecté les mesures prises dans le poste-frontière de Masnaa dans la Békaa, M. Hassan s’est rendu à l’hôpital gouvernemental de Zahlé et s’est entretenu avec ses responsables de l’éventualité d’accueillir des patients rentrés au Liban par voie terrestre.
Auparavant, le ministre avait visité les hôpitaux gouvernementaux de Saïda et de Nabatiyé, en sus d’une visite à l’hôpital Rafic Hariri à Beyrouth, au cours de laquelle il a déclaré qu’il est « immoral de propager des rumeurs infondées sur internet et de s’adonner à un trafic de masques chirurgicaux ».
Il existe en effet un début de pénurie de masques chirurgicaux dans les pharmacies depuis l’annonce de la découverte d’un cas de coronavirus au Liban. Ces masques s’arrachent dorénavant à prix d’or sur le marché noir. À ce propos, le ministre de l’Économie Raoul Nehmé a publié hier une décision en vertu de laquelle il sera désormais « interdit d’exporter des équipements médicaux pouvant servir à la protection contre les maladies transmissibles ». Il a également précisé que « le service de protection du consommateur effectuera des tournées pour vérifier les prix de vente de ces équipements ».
Le ministre de l’Éducation, Tarek Majzoub, a pour sa part appelé les passagers du vol en provenance d'Iran de jeudi dernier, à bord duquel se trouvait la Libanaise touché par le coronavirus, à ne pas envoyer leurs enfants à l'école ou à l'université.
Lire aussi
Coronavirus : quand les Libanais se lâchent sur les réseaux sociaux
Le Libanais Adham al-Sayed : Je reste à Wuhan par devoir moral et humanitaire
Pour mémoire
Un étudiant libanais rentré de Chine placé en quarantaine par mesure de précaution
commentaires (14)
MAIS VOYONS POURQUOI TOUTES CES PLAINTES? NOUS AVONS UN MINISTERE FORMEE DE MINISTRES INDEPENDANTS SANS AUCUNE ATTACHE POLITIQUE ET QUI NE PENSENT QU'AU BIEN DU PAYS LE FAIT QUE CE SOIT UN AVION IRANIEN VENANT D'UNE REGION INFECTEE DU VIRUS CORONA , IL FAUT JUSTE ENVOYE DES PERSONNES DANS L'AVION POUR DISTRIBUER DES MASQUES INUTILES SI ON EST DEJA INFECTE PUIS SE RENDRE EN GRANDE POMPE A L'AEROPORT SOIT MEME AVEC TOUTE UNE GALERIE DE GENS SANS PEUR ( NI MASQUE) POUR MONTRER QU'IL N'Y A AUCUN DANGER " D'AILLEUR NOUS AVONS DIT AUX PERSONNES DANS CET AVION DE RESTER EUX MEMES EN QUARANTAINE DANS LEURS MAISONS ET DE NE PAS ENVOYER LEURS ENFANTS A L'ECOLE OU A L'UNIVERSITE " BRAVO MESSIEURS BRAVO POUR VOTRE LUTTE SANS RELACHE POUR LE BIEN DU PAYS ALLEZ ENVOYEZ ENCORE D'UNE REGION INFECTEE 2 AVIONS AUJOURDH'UI ET UN AUTRE JEUDI PUISQUE C'EST DE L'IRAN DONT IL S'AGIT QUI FAIT TOUT POUR LE BIEN DU LIBAN EN PAYANT CASH EN DOLLARS LES MILICES DE HEZBALLAH C'EST LA SEULE CHOSE QUI COMPTE D'AILLEURS POUR LE LIBAN ET CE MINISTERE
LA VERITE
16 h 43, le 24 février 2020