Quelques dizaines de contestataires et d'écologistes ont manifesté dimanche sur le promontoire de Nahr el-Kalb pour protester contre les travaux de construction controversés du nouveau siège du Courant patriotique libre (CPL, dirigé par Gebran Bassil), tout près d'un site à grande valeur archéologique.
Selon notre photographe sur place Joao Sousa, l'armée a été massivement déployée sur les lieux de la marche, qui a débuté au bas du promontoire jusqu'au grillage entourant le chantier de construction.
Photo Joao Sousa
Les manifestants ont brandi des pancartes protestant contre une "atteinte au patrimoine historique".
Photo Joao Sousa
Des archéologues ont joué les guides durant le rassemblement.
Le professeur d'archéologie Fady Stephan, parlant au mégaphone. Photo Joao Sousa
"C’est une journée de sensibilisation contre la corruption et les partis politiques, qui détruisent nos océans, nos montagnes et l'environnement", déclare une des organisatrices de cette marche, Ange-Marie Akiki. "Nahr el-Kalb est un site historique unique au Moyen-Orient. Ils veulent construire illégalement un bâtiment, et ils veulent nous convaincre que cette construction est légale. C'est un cri d'alarme que nous poussons", a-t-elle ajouté.
Le chantier de construction du nouveau siège du CPL. Photo Joao Sousa
Le site de Nahr el-Kalb est caractérisé par la présence de 22 stèles, reliefs et inscriptions commémoratives datant du IIe millénaire avant J.C. (XIIIe siècle) jusqu’au IIe millénaire de notre ère (XXe siècle).
Samedi, le CPL avait de nouveau assuré avoir obtenu toutes les autorisations requises pour la construction de son nouveau quartier général.
Le site avait été considéré comme "non-constructible" en 2003 par la Direction générale des antiquités (DGA) et inscrit sur la liste nationale des monuments historiques, ainsi que dans le registre de la Mémoire du monde de l’Unesco. En 2003, une réhabilitation des lieux, financée par la Fondation nationale du patrimoine, avait été menée. Les travaux exécutés comprenaient le nettoyage des stèles, l’aménagement des sentiers, la clôture d’une partie du site et l’installation des panneaux signalétiques explicatifs.
Dans ce contexte, le parti aouniste est également critiqué en raison du projet de barrage controversé de Bisri où l'on trouve également des vestiges archéologiques.
Le CPL et son chef Gebran Bassil sont des cibles privilégiées du mouvement de contestation qui secoue le pays depuis plus de quatre mois. Il est dirigé contre la classe politique, accusée d'incompétence et de corruption,.
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commentaires (11)
Chacun voit midi à sa porte. Pour moi, l'éperon rocheux de Nahr el-Kalb où se trouvent, entre autres, les stèles de Ramsès II, de Nabuchodonosor, Napoléon III, général Henri Gouraud est un site unique dans cet Orient compliqué. Classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, il est officiellement non-constructible. Acquit en catimini par le CPL, formation dominatrice avec quel argent ???, pour y construire son Q.G. est un crime contre le Liban et contre l'Humanité.
Un Libanais
17 h 26, le 23 février 2020