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Politique - Patrimoine

Le site historique de Nahr el-Kalb défiguré par le CPL... qui y construit son quartier général

Ce sacrilège environnemental dans une zone non constructible a été rendu possible grâce à une autorisation de l’ancien ministre de la Culture, Ghattas Khoury.

Une gravure ancienne d’un site classé Mémoire du monde par l’Unesco.

Envers et contre tout bon sens, le promontoire de Nahr el-Kalb, un lieu de mémoire unique dont la sauvage beauté avait été préservée depuis l’Indépendance, même des panneaux publicitaires, va être définitivement défiguré par la construction d’un ensemble de bâtiments qui serviront de quartier général au Courant patriotique libre. Ce complexe sera construit au voisinage immédiat du parcours, défendu par des grillages défoncés, longeant sur plusieurs centaines de mètres les stèles dont les plus anciennes remontent au IIe siècle avant J.C.

Ce véritable sacrilège historique et environnemental a été rendu possible grâce à une autorisation accordée au CPL par l’ancien ministre de la Culture, Ghattas Khoury. Loué à long terme par les wakfs maronites, le site haut perché est donc depuis quelques mois livré aux ronflements des bulldozers et des pelleteuses. Selon May Khoreiche, vice-présidente du CPL, la construction n’aura « aucun impact négatif sur le site ». « Les études préalables aux opérations de construction ont été approuvées par la direction générale de l’urbanisme et les autorités concernées. Preuve en est, l’autorisation obtenue pour bâtir », a-t-elle déclaré à L’Orient-Le Jour. Pourtant, en 2003, la Direction générale des antiquités (DGA) ne pouvant avec ses moyens limités exproprier les terrains environnants, avait décrété la région zone non constructible (non aedificandi).Au demeurant, le site historique de Nahr el-Kalb a été classé par les décrets N° 166/ L.R, de novembre 1933, et N° 225 du 28 septembre 1934 sur la liste nationale des monuments historiques. En 2005, il a été inscrit sur le registre de la Mémoire du monde de l’Unesco.


Un impact certain
Pour Jad Tabet, président de l’ordre des ingénieurs et architectes, le projet « aura certainement un impact », contrairement à ce qu’affirment ses promoteurs. Selon lui, le projet présenté au Conseil supérieur de l’urbanisme, il y a deux ans, était beaucoup plus près des vestiges. La DGA l’avait refusé insistant pour qu’il soit placé plus loin à l’arrière de la colline. Mais il restera toutefois visible du côté de Jounieh.

Prié par L’OLJ de commenter ce projet, le vice-président des Kataëb Salim Sayegh s’est déclaré favorable « à la constitution d’une commission d’enquête pour vérifier s’il y a vraiment atteinte au patrimoine ». Mais à ses yeux, « cela ne fait aucun doute ». M. Sayegh a demandé « le gel immédiat du projet en attendant qu’une étude sérieuse de son impact écologique » soit établie.



Témoins épigraphiques
Les lieux conservent des témoins épigraphiques et iconographiques gravés sur les rochers de première importance pour l’histoire et la mémoire du Liban. Il comprend 22 stèles, reliefs et inscriptions commémoratives datant du IIe millénaire avant J.C (XIIIe siècle) jusqu’au IIe millénaire de notre ère (XXe siècle).

En 2003, une réhabilitation des lieux, financée par la Fondation nationale du patrimoine, avait été menée. Les travaux exécutés comprenaient le nettoyage des stèles, l’aménagement des sentiers, la clôture d’une partie du site et l’installation des panneaux signalétiques et explicatifs.

Promontoire stratégique séparant le Metn du Kesrouan, creusé par le fleuve Nahr el-Kalb (Fleuve du Chien) prenant sa source dans les grottes de Jeïta, le massif rocheux, situé à 15 kilomètres au nord de Beyrouth, témoigne des événements marquants de la région depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. Tous les conquérants ont tenu à y laisser les marques de leur passage. On y trouve notamment des inscriptions égyptiennes de l’époque pharaonique, assyriennes, babyloniennes, hittites, grecques, romaines, arabes, françaises et britanniques et même libanaises, depuis l’année 2000 et le retrait de l’armée israélienne.

Sa valeur historique est inestimable, bien que certaines des stèles, usées par les intempéries, soient devenues illisibles. Trois reliefs égyptiens du XIIIe siècle av. J.C., dont celui du pharaon Ramsès II, y donnent une définition du contexte géopolitique du Levant au IIe millénaire av. J.C. Cinq reliefs assyriens y exposent la politique expansionniste des rois assyriens sur les rives de la Méditerranée, dont celle du souverain assyrien Assarhaddon) et de Nabuchodonosor II (néo-babylonienne). On y trouve aussi une inscription de l’empereur Caracalla (211-217 ap. J.C.), une autre de l’époque mamelouke attribuée au sultan Barqûq (1382-1399). Des inscriptions commémorant des événements entre 1860 et 2000, comme celle au nom du général Henri Gouraud (25 juillet 1920), sont venues se placer à côté.

En plus des diverses stèles et inscriptions, d’autres vestiges historiques et archéologiques font partie de cet environnement historique de premier ordre qu’est la vallée de Nahr el-Kalb : pour exemple, le pont arabe construit par le sultan mamelouk Saïf el-Din Barqûq. Sa dernière restauration daterait de l’époque de l’émir Chéhab II (1809). Il est malheureusement aujourd’hui privatisé et sert d’entrée à un restaurant !

Envers et contre tout bon sens, le promontoire de Nahr el-Kalb, un lieu de mémoire unique dont la sauvage beauté avait été préservée depuis l’Indépendance, même des panneaux publicitaires, va être définitivement défiguré par la construction d’un ensemble de bâtiments qui serviront de quartier général au Courant patriotique libre. Ce complexe sera construit au voisinage...

commentaires (29)

Halte là ! Arretez, j'ai bien compris que le site allait être sauvegardé et mème amélioré, donc pas la peine de s'alarmer autant svp

Chucri Abboud

22 h 02, le 17 février 2020

Tous les commentaires

Commentaires (29)

  • Halte là ! Arretez, j'ai bien compris que le site allait être sauvegardé et mème amélioré, donc pas la peine de s'alarmer autant svp

    Chucri Abboud

    22 h 02, le 17 février 2020

  • « le pont arabe construit par le sultan mamelouk Saïf el-Din Barqûq. Sa dernière restauration daterait de l’époque de l’émir Chéhab II (1809). Il est malheureusement aujourd’hui privatisé et sert d’entrée à un restaurant ! » Étrange pays...

    Dina HAIDAR

    21 h 54, le 17 février 2020

  • Celui qui a participer à défigurer le pays et à martyriser son peuple par ignorances et par mégalomanie n’est pas à quelques stalles près. C’est pistonné par le roi zéro que cette autorisation a été possible. Comme pour le sud du pays offert au HB et tant d’autres vestiges bradés au nom du silence pour pouvoir piller. Ils se font des cadeaux familiaux en se servant des caisses et pour les les événements spéciaux ils s'attaquent aux monuments historiques. Le pays leur appartient et c’est grâce aux libanais et leur laxisme que des malfrats en ont pris possession. Min antarak y’a antar? Vous connaissez la suite.

    Sissi zayyat

    16 h 53, le 17 février 2020

  • C'est propre aux faibles de vouloir être sur les hauteurs, ils pensent ainsi pouvoir compenser cette faiblesse qui les maintient malgré tous leurs efforts...bien bas...tout en-bas ! Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 15, le 17 février 2020

  • Le rocher de Nahr-el-Kalb fait partie de mon patrimoine personnel. C'est au couvent de Mar-Youssef el-Bptj qui coiffe cet immense piton sacré des siècles avant J.-C. que j'ai été baptisé en 1929. Des stèles rupestres couvrent sa façade maritime, Certaines trois siècles avant notre ère. Gérard de Nerval avait traversé le Fleuve du Chien, le Lycus des Romains, venant d'Antoura ce qui effraya un groupe d'aigrettes. (Voyage en Orient 1851). Livrer ce site au parti fondé par le Président pour y construire son Q.G. est un crime contre l'Humanité. Il appartient au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Il y a des limites à l'obscurantisme, au nihilisme et au terrorisme politique. Ca suffit !

    Un Libanais

    15 h 37, le 17 février 2020

  • Toujours notre rapport à la mémoire et au passé. En 2019, à l’ONU, Le président Aoun, a plaidé pour une ""Académie de l’homme pour la rencontre et le dialogue"", et son souhait de voir cette Académie s'ériger un jour dans le canton du Chouf, sur les vestiges de la guerre, mais le budget fait défaut, et on attend les fonds, s’ils seront octroyés... Mais pour son propre Ego, on édifie un ""sanctuaire"", un quartier général, et les fonds sont prêts. Question de bon sens : d’où vient l’argent ? Mais quelle mémoire ! A chacun sa mémoire !!!!!!!!!!!!!!!!! Je m'incline devant le courage des auteurs de l'article, mais pourquoi quand les décisions du ministre de la Culture ont été prises, personne n'a trouvé à y redire ? Pourquoi ? C. F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    14 h 29, le 17 février 2020

  • Le service des permis de construire doit être aussi corrompu que toutes les autres institutions de ce pays, sinon plus! Tous dehors, tous.

    TrucMuche

    14 h 08, le 17 février 2020

  • C’est révoltant et indécent : Je n’ai jamais pu visiter et contempler ces stèles car je n’ai jamais réussi à trouver le chemin qui y mène. Au lieu donc d’aménager ce site pour qu’il fasse partie de nos monuments historiques, le CPL, qui n’a de patriotique que le nom, va construire son QG tout près...Quelle honte

    mokpo

    13 h 29, le 17 février 2020

  • Et c’est aussi notre rapport au passé, à la mémoire, surtout celle de la guerre, où chaque formation politique veut son ""sanctuaire"". Deux formations ont même eu leurs musées de la résistance...Le passé n'est pas notre fort, comme d'autres peuples sur la terre. L'homme politique est sanctifié, "malgré la volonté de Dieu", et même ""avant dieu"". L'ego est immense. A chacun sa mémoire, et je ne polémique pas........ C.F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    13 h 28, le 17 février 2020

  • Et d’ailleurs comment le CPL va le payer?

    Jack Gardner

    13 h 22, le 17 février 2020

  • Ce projet a eu toutes les autorisations nécessaires pour voir le jour. On est plus que rassuré tellement c'est difficile et fastidieux d'obtenir des autorisations dans ce pays où la seule autorisation permise aujourd'hui c'est de la fermer et de devenir spectateur impuissant non seulement à toutes ces exactions inimaginables mais aussi sa propre agonie face à l'indifférence totale de toute cette espèce phagocytaire. A croire que ce pays ne nous appartient plus et qu'on est rendu tout bonnement à toucher quelques centaines de dollars à chaque élection, question de légitimer notre propre fin.

    Citoyen

    12 h 43, le 17 février 2020

  • Rien ne sera épargné ! Pauvre Liban.

    Brunet Odile

    12 h 31, le 17 février 2020

  • ON CHERCHE NOISE AU CPL EN PERMANENCE PEUT ETRE EST IL TEMPS DE COMPRENDRE LE POURQUOI DE CET ETAT DE FAIT L'ARROGANCE ET LE MEPRIS DE SON CHEF POUR TOUS LES AUTRES LIBANAIS Y EST POUR BEAUCOUP. EN VOULANT REGROUPER A TOUT PRIX A LUI TOUS LES CHRETIENS DU LIBAN, IL FAVORISE CETTE HAINE QUI S'EST INSTALLEE DANS LE COEUR DES CHRETIENS ET DE TOUT LES LIBANAIS. EN VOULANT ETRE LE SOUS PRESIDENT DE CE PAYS ALORS QU'IL EST NON SEULEMENT TROP JEUNE MAIS AUSSI TRES INEXPERIMENTE EN POLITIQUE, IL A CONVERGE VERS LUI TOUS LES MAUX DU PAYS. EN TRAITANT BERRY DE BALTAGI, EN ALLANT PRENDRE SES DISCOURS A LA LIGUE ARABE DE NASRALLAH, EN POUSSANT LE PREMIER MINISTRE SAAD HARIRI A VOULOIR EN FINIR AVEC SON ATTITUDE ROYALE, IL A DECLANCHE UN MEPRIS ENORME CAR IL Y AVAIT FAIT TELLEMENT DE PROMESSES A L'ACCESSION DU GENERAL AOUN, QUE LE MEPRIS EST A L'ECHELLE DES PROMESSES NON TENUES POURQUOI DIABLE A T IL CHOISI DE TOUS LES TERRAINS , JUSTEMENT CELUI QUI PRETE A CONTESTATION C'EST POUR PROUVER QU'IL EST BIEN AU DESSUS DES LOIS ET FAIT CE QU'IL VEUT VOILA POURQUOI LE CPL EST TELLEMENT CRITIQUE LE GEBERAL AOUN A LAISSE UN PARTI FLAMBOYANT, SON GENDRE LE LAISSE EN MORCEAU ET NE PEUT MEME PLUS REVER DE SUCCEDER A SON BEAU PERE A LA TETE DE L'ETAT D'AILLEURS LE PAYS A ETE AMENE A UNE FAILLITTE CERTAINE PAR CES JEUX D'ENFANT GATE AVEC LE SOUTIEN D'UN BEAU PERE EMERVEILLE PAR UN DE SES GENDRE ( MALHEUREUSEMENT LE PLUS INEXPERIMENTE )

    LA VERITE

    12 h 26, le 17 février 2020

  • Connaissant les ecrits que je lis d'habitude en premier à l'Orient le jour, de May Makarem et de Fady Noun, Jaurai été à leur place beaucoup plus constructif concernant ce sujet. Je vous renvoie à l'article qui est d'une très grande valeur de May Makrarem, publié le 26/3/2008 intitulé "PATRIMOINE - Conférence d’Anne-Marie Afeiche sur les 22 stèles inscrites sur le registre de l’Unesco Préserver les inscriptions de Nahr el-Kalb, périmètre exceptionnel de notre mémoire collective", qui est une bible, concernant ce site. Ce site d'une valeur historique et patrimoniale inestimable et que je n'ai jamais pu visiter car il est dans un état pitoyable, est complètement délaissé. Sans trop m'étendre que ce sujet, J'aurai aimé , Qu'au lieu d'ouvrir une polémique, que vous demandiez au CPL qui est selon plusieurs, un parti patriotique, et respectueux du Liban, de présenter un projet de réhabilitation de ce parcours utilisant les techniques les plus modernes, et le rendre accessible à tous,et lui rendre sa grande valeur historique. sur ce je demande,moi même alors, au CPL, de présenter un projet de réhabilitation, et de le financer par souscription, et que ceux qui aiment le Liban y souscrivent. c'est comme ça qu'on construit notre pays et pas en polémiquant.J'espère que mon cris sera entendu .

    Joseph Zoghbi

    11 h 11, le 17 février 2020

  • Je reproche à l'OLJ sa complicité en amont pour laisser défigurer le site. Ce magnifique article de presse n'enlève pas votre responsabilité de ne pas avoir dénoncer ce projet à son origine, dès l'autorisation de construire. Il s'agit ni plus ni moins d'un crime contre la nature et d'un génocide de l'histoire du Liban. Les anciens qui ont laissé des écrits sur ce site pensaient que c'est le seul endroit au Liban qui ne risque pas d'être défiguré par la main de l'homme, puisqu'il exprime à l'Etat primaire l'oeuvre du Seigneur. Je vois un bon avenir politique et populaire à ce parti CPL à condition qu'il fasse le contraire de ce qu'il pense être juste.

    Shou fi

    10 h 59, le 17 février 2020

  • Vraiment, le problème ne vient plus CPL mais de leur partisans. Ces derniers devraient être les premiers à refuser ce projet pretentieux et mafieux!

    Jack Gardner

    10 h 41, le 17 février 2020

  • les conquerants ont laissé des marues, Aoun et le CPL laisseront une tache

    Lebinlon

    10 h 40, le 17 février 2020

  • Il y a des "vestiges" qui sont au pouvoir et qu'il est autrement plus urgents de detruire...

    Le Herisson

    10 h 29, le 17 février 2020

  • Le QG du CPL doit être détruit et la stèle rappelant l'occupation syrienne rebâtie

    Citoyen libanais

    10 h 17, le 17 février 2020

  • Deux éminents journalistes réunis pour rédiger ces quelques lignes .mais le jeu en vaut la chandelle .En revanche ,ce n'est pas dans la culture du tayyar de nuire ou d'amocher le moindre coin du pays . Les constructions ont été approuvées puisque selon les experts elles ne defigurent pas ces merveilleux sites

    Hitti arlette

    10 h 12, le 17 février 2020

  • Grotesque, cette mégalomanie!

    GAF

    10 h 10, le 17 février 2020

  • Le plus triste c est que cà na jamais été préservé, on n arrive très difficilement à lire les inscriptions, il y a un laisser aller honteux .

    Bardawil dany

    09 h 47, le 17 février 2020

  • CHEZ NOUS ON DETRUIT ON NE BATIT PAS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 40, le 17 février 2020

  • Qu'attendre d'autre d'un parti méprisant et méprisé dans tous ses aspects.....

    Christine KHALIL

    09 h 40, le 17 février 2020

  • Question bête et méchante: en quoi est-il p a t r i o t i q u e ce courant ??? Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 38, le 17 février 2020

  • Allez messieurs il vous reste encore le patrimoine qui est intact et le tourisme notre seul moyen pour vivre . Si vous allez détruire le site historique de Nahr el-Kalb l'Histoire ne vous pardonnera point . 17 OCTOBRE BOUGEZ .

    Antoine Sabbagha

    08 h 25, le 17 février 2020

  • "... Tous les conquérants ont tenu à y laisser les marques de leur passage. On y trouve notamment des inscriptions égyptiennes de l’époque pharaonique ..." Eh bien? On dira que le phare Aoun y laisse aussi sa marque...

    Gros Gnon

    07 h 26, le 17 février 2020

  • RÉVOLTANT!!!!

    Danielle Sara

    06 h 48, le 17 février 2020

  • Non mais quelle haine cet Orient-lr-Jour contre le CPL ! Tous les joursque Dieu fait on le dénigre en cherchant bla petite bête !vC'est anthipatique, cette rage! C'est exagéré

    Chucri Abboud

    01 h 45, le 17 février 2020

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