Les Libanais ont rivalisé d'ironie et de sarcasme sur les réseaux sociaux après l'annonce, vendredi, du premier cas de coronavirus Covid-19 au Liban, qui constitue pour la plupart des internautes la dernière des mauvaises nouvelles du pays qui traverse sa plus grave crise économique depuis 30 ans.
Le hashtag #كورونا - #corona en arabe - est depuis cette annonce le mot-clé le plus utilisé sur Twitter.
"Puisqu'on a la corruption, la pauvreté, la famine, la pollution, le vol, un Etat failli et maintenant le corona, passons tout de suite au Jugement dernier", écrit cet utilisateur de Twitter.
Un mouvement inédit de contestation contre la classe dirigeante, accusée d'incompétence et de corruption, secoue le Liban depuis plus de quatre mois, sur fond de difficultés économiques qui se sont traduites par une forte inflation et des licenciements en masse, ainsi que des fermetures définitives de nombreux commerces. Ce mouvement vise particulièrement le mandat du président Michel Aoun.
"Un nouveau complot contre le mandat", s'amuse Rafic Harara, ponctuant son message du hashtag #corona.
"Aujourd'hui, les prix des masques de protection vont augmenter dans le pays d'Ali Baba et des ses compagnons les voleurs", dénonce cet internaute.
Sur Facebook, le photographe Patrick Baz a également ironisé. "'Il n'y a aucune raison de paniquer'. Comme la livre libanaise se portait bien, notre santé aussi se portera bien", a-t-il écrit sur sa page.
Le président de la Banque du Liban, Riad Salamé, est également l'une des cibles de la contestation contre les politiques monétaires du pays. "Savez-vous que Riad Salamé est plus dangereux que le corona ? On dirait que vous ne le savez pas", écrit cette internaute.
"Ceux qui ont contracté des virus provenant de Bourj Hammoud et de Costa Brava n'ont pas peur du corona", écrit Eddy Nader, en référence aux deux grandes décharges sanitaires à ciel ouvert installés au nord et au sud de Beyrouth qui suscitent la colère des riverains, des écologistes et de la société civile en général.
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commentaires (3)
Il nous manquait encore le Corona pour voir plus du noir dans notre vie .
Antoine Sabbagha
20 h 17, le 21 février 2020