L’ancien Premier ministre et ministre des Finances Fouad Siniora a estimé mardi que le gouvernement ne devrait pas rembourser les eurobonds arrivant à échéance le 9 mars, à condition de négocier avec les créditeurs sur la base d’un plan de réformes qui pourrait leur redonner confiance en le Liban.
« Si j’étais ministre des Finances, je ne rembourserais pas les eurobonds (en mars), mais je le ferais d’une manière organisée, sur la base de négociations avec les créditeurs pour rééchelonner et restructurer la dette. Mais pour qu’ils aient de nouveau confiance dans le pays, il faudra présenter un plan de réformes complet et s’engager à l’appliquer », a déclaré M. Sioniora lors d’une conversation à bâtons rompus avec un groupe restreint de journalistes, dont L’Orient-Le Jour. « Ce serait un crime de ne pas payer sans que cette décision ne soit accompagnée d'un plan de réformes », a-t-il ajouté.
M. Siniora, un faucon du courant du Futur, a été ministre des Finances notamment de 2002 à 2004, ministre de l’Économie et du Commerce en 2004 et enfin Premier ministre de 2005 à 2009, après l’assassinat de Rafic Hariri.
L'Etat doit rembourser le 9 mars 1,2 milliard de dollars d'eurobonds -des obligations émises en dollars- arrivant à échéance, et d’autres échéances suivront dans les mois à venir. Le gouvernement de Hassane Diab n’a pas encore pris de décision concernant le remboursement des eurobonds, une question qui divise le pays. Au bord de l'effondrement économique, le Liban a requis une assistance technique du Fonds monétaire international (FMI), sans se prononcer sur un éventuel recours à l’avenir à cette institution.
M. Siniora a dans ce cadre défendu un recours au FMI « en raison de ses expériences internationales ». « Il y a une tendance à diaboliser le FMI, mais il est seul capable de donner un sceau de confiance au Liban, maintenant que la communauté internationale n’a plus confiance en le pays », surtout avec « l’effondrement du système bancaire qui était le pilier du Liban pendant 70 ans », a-t-il dit.
Le Liban est confronté à de graves difficultés économiques qui se sont aggravées après le début, en octobre dernier, d'une contestation sans précédent fustigeant l'ensemble de la classe politique accusée de corruption et d'incompétence. Le pays s'était engagé en 2018 à réduire son déficit public et à entreprendre des réformes structurelles, en contrepartie de promesses d'aides et de dons de la communauté internationale à hauteur de 11,6 milliards de dollars (10,6 milliards d'euros). Il croule aujourd'hui sous une dette avoisinant les 92 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB.
Depuis le début du soulèvement populaire, l’ancien Premier ministre Siniora est conspué par certains manifestants qui l’accusent d’avoir dilapidé les fonds publics, mais se défend en affirmant, chiffres à l’appui, qu’il a dû assurer la continuité de la gestion des affaires courantes en l’absence de budget pendant onze ans, pour justifier le détournement de la règle du douzième provisoire, et que les fonds avaient bien servi à financer l’action de l’État sur cette période.
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commentaires (4)
Il est gentil M. Saniora, personnellement je l'aime bien et je ne pense pas qu'il soit voleur à milliards. Mais si j'étais à sa place comme PM après la guerre de 2006 j'aurais dit stop nous n'avons plus le droit d'emprunter plus de l'argent du peuple déposé dans les banques. Il savait où on allait. Il est aussi responsable que toute la classe politique. Tout le monde savait d'où l'on empruntait et le bon peuple disait inchallah tout va bien !
Shou fi
23 h 01, le 18 février 2020