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À La Une - Liban

MEA : la décision de n'accepter que des paiements en dollars fait polémique

Le CPL va engager dès lundi des poursuites contre la compagnie aérienne.

Un avion de la MEA sur le tarmac de l'aéroport de Beyrouth. Photo d'archives REUTERS

La décision annoncée samedi soir par la compagnie aérienne libanaise Middle East Airlines (MEA) selon laquelle toutes les compagnies opérant au Liban, dont la MEA, n'accepteront plus que les paiements en dollar à partir de lundi, a provoqué une vague de critiques dimanche, alors que de sévères restrictions sont imposées depuis plusieurs semaines sur la circulation de la devise américaine dans le pays.

Le Courant patriotique libre a annoncé envisager d'engager des poursuites contre le président de la MEA, Mohammad el-Hout. "Le chef du CPL, le député Gebran Bassil, a demandé à l'avocat en charge des dossiers de corruption pour le parti de déposer une note d'information judiciaire devant le parquet lundi contre la MEA, d'abord parce qu'elle viole la loi, et ensuite parce qu'elle empêche les Libanais de voyager au moyen des devises dont ils disposent", a écrit le bureau de presse du CPL dans un communiqué. "Le parti demande à Mohammad el-Hout de revenir sur sa décision, qui enfreint le budget 2020 qui oblige d'effectuer des transactions dans la monnaie nationale libanaise", ajoute le texte. 

M. Bassil a par ailleurs twitté sur son compte personnel avoir "demandé depuis longtemps une diminution des prix des billets de la MEA, sans que personne ne réagisse, ce qui est considéré comme une monopolisation" du secteur. "Aujourd'hui, le fait de n'accepter que des paiements en dollars est considéré comme une violation de la loi", a-t-il ajouté. 



"Arrête de dépenser et de recruter !"
De son côté, le député Jamil el-Sayed a également vertement critiqué cette décision dans un tweet. "La MEA est une société appartenant à l'Etat, et donc au peuple libanais. L'Etat doit payer et être payé en livres libanaises, comme cela est prévu dans la loi et dans le budget de l'Etat pour l'exercice 2020", a écrit le député. Et de s'en prendre à M. Hout : "Tu es employé par le contribuable, et non pas le patron d'une société qui t'appartient. Tu veux de l'argent pour l'entreprise ? Arrête de dépenser à tort et à travers et de recruter sans raison !". 

La députée Paula Yacoubian, seule membre du Parlement issue de la société civile, a de son côté indiqué que "la MEA, qui était précédemment détenue à 100% par la Banque centrale, n'accepte plus la livre libanaise ! Par contre, les dépôts en dollars des Libanais sont distribués au compte-goutte ou en livres seulement". 


Sur les réseaux sociaux, les Libanais n'ont pas manqué de condamner cette décision, appelant même en nombre à un boycott de la compagnie. 

"MEA : une compagnie aérienne nationale qui n'accepte pas les paiements dans sa propre monnaie nationale. Comment redéfinir la logique", ironise cette utilisatrice de Twitter.



Réagissant avec humour, cet internaute demande à la journaliste de la CNBC Hadley Gamble, d'intercéder auprès de Gebran Bassil pour qu'il demande à "son ami de nous prêter son jet privé pour une brève période" afin de faire face à la décision de la MEA, en référence à la polémique causée par le chef du CPL lors d'une table ronde à Davos. Il avait alors affirmé être arrivé en Suisse sans que l'Etat ne paie pour son voyage, grâce à un avion privé "prêté par un ami".  


  

Dans son communiqué publié samedi, la MEA avait indiqué que les compagnies aériennes opérant au Liban n'accepteraient que les paiements en dollars, par carte bancaire et par chèque, effectués et libellés en "devise étrangère". Cependant, "les voyageurs auront la possibilité de régler les frais d'excédent de bagages et les pénalités de modification de réservation en livres libanaises à l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth.

Ces derniers jours, les voyagistes se sont mobilisés contre les compagnies aériennes, à qui ils reprochent de leur livrer une concurrence déloyale en tirant parti des restrictions bancaires sur les transferts à l’étranger et les retraits de dollars en espèces qui se sont progressivement durcies depuis la fin de l’été, ainsi que de la hausse du taux livre/dollar chez les changeurs que ces restrictions ont provoquée.

Ces mesures informelles de contrôle de capitaux ont été adoptées en réaction à l’accélération de la dégradation de la situation économique et financière du pays en 2019. Bien qu’illégales tant qu’elles n’ont pas été entérinées par le Parlement, ces restrictions ont été officialisées et uniformisées par l’Association des banques du Liban à la mi-novembre, rendant extrêmement difficile pour tout acteur – particulier ou société – d’effectuer des règlements en devises à l’étranger.

Or pour vendre des billets d’avion, les agences de voyages doivent généralement obtenir un agrément auprès de l’Association internationale du transport aérien (IATA). Des alternatives existent, mais elles sont réservées à certains cas particuliers. Une fois agréés, ces voyagistes doivent régler en dollars la part des montants générés par les ventes de billets revenant à la compagnie aérienne concernée.

Si les clients veulent payer leurs billets en livres, les voyagistes sont contraints d’effectuer la conversion en tenant compte du prix chez les changeurs, qui a dépassé la barre des 2 000 livres depuis plusieurs semaines, tandis que le taux officiel est toujours de 1 515/1 520 livres pour les transactions bancaires.

Dans ce contexte, le syndicat des propriétaires d'agence de voyage au Liban a remercié, un communiqué publié dans l'après-midi, "tous ceux qui ont contribué à trouver une solution à cette question, notamment les responsables politiques et le président de la République, Michel Aoun, les compagnies aériennes, et surtout la MEA". Le syndicat a appelé les dirigeants à supprimer l'article 42 de la loi des finances, concernant la facturation en livres libanaises.
Le bureau de presse du président Aoun a toutefois de son côté indiqué que le chef de l'Etat a demandé "l'uniformisation du prix des billets d'avion en livre libanaise, conformément aux lois en vigueur". 

 


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