Dans une circulaire publiée mercredi 12 février 2020, la Banque du Liban a plafonné le taux d'intérêts sur les dépôts en livres libanaises à 7,5% contre 4% sur les dépôts en dollars. REUTERS/Mohamed Azakir
La Banque du Liban a abaissé jeudi les taux d'intérêts bancaires pour réduire le coût d'emprunt par l'Etat, dans un contexte de récession et de vives craintes d'un défaut de paiement. Dans une circulaire publiée mercredi, la BDL a plafonné le taux d'intérêts sur les dépôts en livres libanaises à 7,5% contre 4% sur les dépôts en dollars.
Il s'agit de la deuxième baisse des taux d'intérêts décidée par la Banque centrale en deux mois, dans un pays en plein marasme économique et financier. En décembre, la BDL avait plafonné à 8,5% la rémunération annuelle sur les dépôts en livres, contre 5% sur les placements en dollars.
Fin janvier, le ministre des Finances Ghazi Wazni avait souligné la nécessité "d’œuvrer à une baisse des taux d'intérêts (...) afin de relancer l'économie et réduire le fardeau sur le Trésor public", dans un pays où l'Etat s'endette régulièrement auprès des banques.
"Cette mesure fait partie d'un plan de sauvetage plus global", a indiqué à l'AFP une source bancaire anonyme, en allusion à la feuille de route en cours d'élaboration par le nouveau gouvernement pour sortir le pays de la crise, sans fournir davantage de détails.
(Lire aussi dans Le Commerce du Levant : Les enjeux juridiques de la restructuration de la dette, selon Nasri Diab et Karim Daher)
Le Liban est en proie à la pire crise économique depuis la guerre civile (1975-1990), ayant catalysé depuis octobre un mouvement de contestation inédit contre la classe politique, accusée de corruption et d'avoir laisser couler le pays. En novembre, la Banque mondiale avait fait état d'une récession, estimant le taux de croissance à -0,2% en 2019 et avait averti que la moitié de la population au Liban pourrait sombrer sous le seuil de pauvreté.
Les taux d'intérêts au Liban avaient connu une hausse vertigineuse ces deux dernières années, sous l'effet de l'instabilité politique, pénalisant davantage la croissance économique.
Le secteur bancaire libanais, l'un des piliers de l'économie locale, subit de plein fouet les effets de la crise en cours. Ses dépôts ont baissé de 15 milliards de dollars en 2019, dont plus de dix milliards entre octobre et décembre derniers, malgré des restrictions sur les retraits et les transferts à l'étranger.
Le Liban croule sous une dette d'environ 92 milliards de dollars, soit plus de 150% de son Produit intérieur brut, l'un des ratios les plus élevés mondialement. En mars, il doit rembourser 1,2 milliard de dollars d'eurobonds- des obligations émises en dollars- arrivant à échéance. Mais les avis divergent sur le bien-fondé du paiement ou non de cette tranche.
Le Liban a confirmé mercredi vouloir recevoir une assistance technique du Fonds monétaire international (FMI), a annoncé l'institution de Washington. Des experts du FMI sont attendus dans les prochains jours. Ils devront présenter au Liban un plan économique, monétaire et financier global pour gérer la crise.
De son côté, le coordinateur spécial de l'ONU pour le Liban, Jan Kubis, a exhorté le nouveau gouvernement à prendre "des mesures audacieuses même si douloureuses pour sauver le pays de l'effondrement". Il a également souligné la nécessité d'une "transparence totale sur solvabilité du Liban et de sa banque centrale", disant espérer que les "conseils techniques" du FMI "ne seront pas cachés au peuple".
La communauté internationale s'est engagée en 2018 à apporter une aide financière au Liban de plus de 11 milliards de dollars en contrepartie de réformes, restées lettre morte. Les prêts et dons prévus n'ont ainsi toujours pas été débloqués.
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commentaires (8)
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21 h 06, le 14 février 2020