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Politique

Rassemblés à Jounieh, des protestataires dénoncent un « acte de voyous »

Des manifestants venus de nombreuses régions du pays affichent leur solidarité avec le jeune Tripolitain agressé mercredi soir.

Walid Raad porte sur son visage la trace des coups qu’il a reçus la veille des gardes du coprs de Ziad Assouad. Photo Suzanne Baaklini

Plusieurs dizaines de protestataires venant de tout le Liban se sont rassemblés hier soir au stade Fouad Chéhab à Jounieh, en signe de solidarité avec un manifestant tripolitain agressé mercredi soir par plusieurs individus, probablement des partisans du député aouniste Ziad Assouad, et afin de rejeter les « provocations » des responsables politiques. Ces manifestants, arrivés en plusieurs groupes de Beyrouth et de Tripoli, ont affiché leur refus des incidents de la veille et des tentatives de dissensions confessionnelles et communautaires.

Walid Raad est facilement repérable dans la foule. Son visage porte les traces des coups qu’il avait reçus la veille. Originaire et résident de Tripoli, il a élu domicile depuis deux semaines, avec d’autres protestataires au stade Fouad Chéhab où les manifestants ont installé des tentes. Il raconte sa mésaventure de la veille : « Nous avons reçu un appel téléphonique d’un camarade qui nous a informés que le député Ziad Assouad se trouvait au restaurant al-Jazira à Maameltein. J’étais avec six personnes, dont quatre mineurs et deux jeunes filles. Sur place, nous avons inspecté les lieux avant de regagner nos voitures dans le parking. C’est là où nous avons été attaqués par des hommes qui nous ont roués de coups en proférant des injures blasphématoires. Ils nous ont volé nos téléphones. » Walid Raad affirme que ses agresseurs, « en tenue civile, étaient armés » et insiste sur le fait qu’il n’a pas l’intention de retirer sa plainte contre eux.

Il dénonce le discours « confessionnel et ségrégationniste » du député et critique son discours « provocateur », en soulignant qu’il ne se serait jamais rendu au restaurant avec ses camarades, si ce dernier n’avait pas mis les manifestants au défi de l’expulser des endroits publics où il se rend. « Nous représentons, nous les manifestants, la révolte pacifique, eux, les dirigeants, représentent la guerre civile », a résumé une manifestante venue de la capitale. « Les Libanais ont le droit de se rendre partout où ils veulent au Liban, sans avoir à rendre des comptes à un dirigeant spécifique », ajoute-t-elle.

« Comme s’ils étaient prêts »

Antonio, originaire de Zghorta, s’identifie comme un « révolutionnaire du Kesrouan ». Il raconte que la veille, il se trouvait au stade, où plusieurs dizaines de jeunes dorment sous la tente depuis un mois et demi, lorsqu’il a reçu un message révélant que le député Assouad se trouvait dans un restaurant de la localité. « Nous avons pris une voiture et sommes partis voir s’il était vraiment là. Nous n’avons parlé à personne, pris personne à partie, lorsqu’une quarantaine de personnes ont débarqué face à nous », a-t-il indiqué. « C’était comme s’ils étaient prêts » à s’en prendre aux contestataires, dit-il, soulignant que ce groupe de personnes comportaient notamment des agents de la Sécurité de l’État « tous habillés en civil ». Il explique qu’il a tout fait pour protéger une des filles se trouvant dans le groupe de manifestants, ce qui lui a valu de se faire battre, notamment à coup de bâton et de couteau, lui occasionnant deux fractures et plusieurs blessures au ventre. Il a annoncé qu’il avait, avec d’autres jeunes, porté plainte contre les attaquants. « Nous ne nous tairons pas contre les atteintes à nos droits », a déclaré le jeune homme.

Mony est la propriétaire d’une des voitures ayant transporté les jeunes du stade au restaurant où dînait le député. « Nous sommes partis en trois voitures. Dès que nous sommes arrivés dans le parking près du restaurant, une trentaine de personnes ont avancé dans notre direction, ont cassé les vitres de la voiture », raconte-t-elle. « Ensuite, ils ont ouvert les portes de la voiture, m’ont attrapée, jetée par terre et ont commencé à me frapper à coups de matraques, tout comme tous les autres jeunes qui étaient dans les voitures, et ils ont pris tous nos téléphones », poursuit-elle. « On n’aurait jamais pensé que leur réaction soit aussi violente », affirme-t-elle.

« De la provocation »

Un protestataire venu de Baalbeck, Jamal Cheikh Ali, qualifie l’incident de la veille de « réel acte de voyous ». Les dirigeants « sont en train de trembler et donc ils essaient de nous diviser et de nous monter les uns contre les autres », a-t-il estimé.

Une dame se présentant comme grecque-orthodoxe habitant à Zouk, affirme, elle, à L’Orient-Le Jour que la veille, lorsqu’elle a entendu ce qu’il se passait dans le quartier de Maameltein, elle a voulu « sortir de chez elle en pyjama » pour intervenir parce qu’il « n’est pas permis de traiter les gens » comme l’ont fait hier les partisans de Ziad Assouad. « Il a le droit de sortir dîner, mais le pays est en pleine révolution, ce n’est pas normal qu’il soit là, assis à manger et fumer le narguilé, alors que deux millions de personnes ont faim et pleurent », estime-t-elle. « C’est de la provocation », déclare-t-elle. Elle regrette que les responsables se comportent chacun « comme s’il détenait la clé de sa région ».


Plusieurs dizaines de protestataires venant de tout le Liban se sont rassemblés hier soir au stade Fouad Chéhab à Jounieh, en signe de solidarité avec un manifestant tripolitain agressé mercredi soir par plusieurs individus, probablement des partisans du député aouniste Ziad Assouad, et afin de rejeter les « provocations » des responsables politiques. Ces manifestants, arrivés...

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