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Nos Lecteurs ont la Parole - par Fouad ZMOKHOL et Riad OBEGI

D’une industrie traditionnelle à une industrie créative

Au moment où un grand nombre de nos compatriotes libanais sont braqués devant leurs écrans pour suivre des près les prédictions de certains astrologues ou prédicateurs de renommée, pour ensuite discuter et vivre avec anxiété et crainte ces visions et prévisions fictives, nous essaierons d’avoir une approche plus objective et d’essayer de bâtir notre avenir sur de nouvelles stratégies constructives. Nous proposerons dans ce cadre de nouveaux plans de secours sectoriels avec une mise en application rapide et efficace, l’objectif étant de restructurer notre économie en souffrance, certes, mais capable de se relever.

Un des piliers centraux de notre économie a toujours été notre industrie libanaise. Ce secteur crucial emploie plus de 140 000 personnes environ (25 % du total de la main-d’œuvre locale) et participe à plus de 8 % de notre PIB national. Ce n’est un secret pour personne que notre industrie locale souffrait déjà depuis plusieurs années de divers maux chroniques et se trouve aujourd’hui piégée, prise en étau, entre une crise économique sans précédent, un manque de matières premières, une baisse de liquidité alarmante, une chute de chiffre d’affaires, un taux d’endettement difficile à combler, des frais fixes lourds à supporter ainsi qu’une longue liste de problèmes complexes à surmonter. Notre objectif n’est pas de lister ces obstacles mais par contre d’essayer de proposer certaines solutions potentielles au niveau privé et public pour redynamiser ce secteur productif.

Tout d’abord, il est impératif de favoriser et d’encourager les acquisitions et les fusionnements de ces entreprises industrielles, non seulement pour réduire les couts de fonctionnement mais, bien plus, pour renforcer leurs structures de base, les rendre moins vulnérables aux crises et aux changements. Ces consolidations leur permettront d’avoir un champ d’action plus vaste pour le développement, pour l’exportation vers de nouveaux marchés, pour une diversification de produits. Bâtir des alliances stratégiques, des synergies productives, des coopérations ou collaboration efficiente n’est plus un choix, ou un luxe. Cela est devenu désormais une obligation pour des restructurations réussies et pour augmenter les chances de survie dans cet environnement instable.

D’autre part, la bonne gouvernance, la transparence, la bonne gestion des risques de nos industries sont les ingrédients ultimes pour être visible dans les radars de certains investisseurs voulant diversifier leurs placements monétaires, réduire leur exposition ou subdiviser leurs risques divers. Cela est une grande opportunité qui se présente à ce secteur pour réduire ses dettes en augmentant ses fonds propres avec une injection de nouveaux capitaux.

Nous devons tous être convaincus qu’il sera difficile, voire impossible, de se baser sur une industrie de masse face à une concurrence régionale redoutable, bien organisée, structurée, soutenue, avec une économie d’échelle bien développée et souvent subventionnée. De ce fait, il est crucial de se focaliser et de se repositionner sur des industries spécialisées, des industries de niche où la valeur ajoutée réside dans le goût, dans la qualité, dans la flexibilité de production, dans les petites quantités, dans les réseaux de distribution, dans la force de vente, dans la créativité, à travers un marketing, une communication, et une création d’identités hautement perçues par les consommateurs internationaux.

Finalement, face à ces changements structurels, face à cette nouvelle restructuration cruciale, il est temps de développer notre industrie traditionnelle et la faire évoluer vers une industrie créative, culturelle et de connaissance.

Les industries créatives sont des acteurs majeurs de l’économie de la connaissance et apparaissent comme les industries de la création. Leur développement rapide est le reflet de la contribution de plus en plus importante de l’économie de l’immatériel à la croissance économique. Ces industries créatives doivent devenir des outils de gestion et de communication de l’identité de notre pays. Une politique d’industrie créative n’a de sens et de portée qu’intégrée à une politique plus large d’innovation. Elle est également compatible et a la vocation d’être le lien et l’ombrelle entre des politiques de filières. Ces industries touchent à la fois à la création, la production et la commercialisation de contenus créatifs de nature culturelle et immatérielle.

Les industries culturelles incluent l’édition imprimée et le multimédia, la production cinématographique audiovisuelle et phonographique, l’art ainsi que l’artisanat et le design, l’architecture et la publicité dont le Liban se distingue fièrement. Elles sont très prometteuses en termes de croissance et sont, en outre, des véhicules d’identité culturelle, à même de stimuler la diversité culturelle du Liban tout en produisant des liens symboliques (expériences, images) de grande valeur et avec un retour sur investissement très attractif. Ne fuyons pas, ne résistons pas au changement, n’oublions pas que « la meilleur défense, c’est l’attaque ».


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Au moment où un grand nombre de nos compatriotes libanais sont braqués devant leurs écrans pour suivre des près les prédictions de certains astrologues ou prédicateurs de renommée, pour ensuite discuter et vivre avec anxiété et crainte ces visions et prévisions fictives, nous essaierons d’avoir une approche plus objective et d’essayer de bâtir notre avenir sur de nouvelles...

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