Les acheteurs préfèrent éviter les projets pas encore livrés. Photo P.H.B.
Depuis novembre 2019, les Libanais investissent dans la pierre. Les rumeurs d’une éventuelle ponction sur les dépôts (haircut) des épargnants ont dynamisé le marché immobilier de Beyrouth. En quelques semaines, des centaines d’appartements ont changé de mains. Tout à coup, la pierre est devenue un investissement refuge.
Alors que les ventes étaient au ralenti depuis plus de deux ans suite à l’arrêt des prêts subventionnés, la demande a soudainement explosé. Du jour au lendemain, les propriétaires qui n’arrivaient plus à vendre leur appartement ont été sollicités. Les visites se sont multipliées et les offres ont afflué. Face à la panique de certains épargnants, les transactions se sont concrétisées en quelques jours alors qu’auparavant cela pouvait prendre plusieurs semaines, voire des mois.
Le malheur des uns et le bonheur des autres
Les banques sont particulièrement actives. Elles bombardent leurs clients d’options dans des immeubles où elles ont accordé un prêt bancaire aux promoteurs. Cette situation est une opportunité en or puisque l’argent change de mains tout en restant dans la même banque. Ainsi, les ventes d’appartements se sont multipliées dans le centre-ville, à Verdun, à Ras Beyrouth et à Achrafieh. À Mina el-Hosn, par exemple, des dizaines de logements de luxe ont été vendus à quelques mètres des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre.
Le malheur des uns a fait le bonheur des autres. La peur d’un haircut est une bouée de sauvetage pour certains promoteurs qui n’arrivaient plus à liquider leurs invendus, accumulant les dettes.
Parmi les milliers d’invendus sur le marché, les meilleurs produits sont partis très rapidement. De ce fait, les biens les mieux situés, de bonne qualité et dont les prix étaient cohérents, ont trouvé preneur. Les logements déjà loués ont été plébiscités. À l’inverse, le stock des biens immobiliers bâclés au niveau de la finition, non entretenus ou trop chers par rapport à leur valeur réelle est boudé. Même dans la précipitation, les acquéreurs restent lucides. Leur stratégie est principalement d’acheter des appartements pour les louer le plus rapidement possible à un prix (une valeur locative) équivalant généralement à 3 % de la valeur de la vente. Les acheteurs privilégient surtout les petites surfaces ainsi que les appartements situés à proximité des ambassades, qui sont les deux catégories de biens susceptibles d’être rapidement loués dans la conjoncture actuelle. Les logements en construction ne sont pas la priorité des acheteurs. Refroidis par l’arrêt de nombreux chantiers, ils préfèrent investir dans des logements terminés ou sur le point de l’être. Idéalement, ils veulent un acte de propriété déjà prêt. Cette brusque dynamique a eu un impact limité sur les prix. Quelques propriétaires ont augmenté leurs tarifs en espérant profiter du boom de la demande. Ce sont des cas isolés. En définitive, la majorité des prix est restée inchangée. Mais il est incontestable que les promoteurs sont de moins en moins souples. La multiplication des visites et le harcèlement des agents immobiliers les rendent plus rigides, et les négociations plus âpres.
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10 h 17, le 02 février 2020