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Économie - Finance

Moody’s accueille favorablement le projet de vente de Bank Audi Égypte

L’agence de notation estime que les actifs du groupe libanais en Égypte pourront être vendus à un bon prix.

L’agence de notation Moody’s a commenté hier la possibilité que Bank Audi vende ses parts en Égypte. Photo P.H.B.

L’agence de notation financière américaine Moody’s, l’une des trois principales en termes de part de marchés avec Fitch et Standard & Poor’s, a favorablement accueilli la décision de Bank Audi de chercher à vendre ses parts dans sa filiale égyptienne et d’augmenter son capital conformément à une exigence de la Banque du Liban (BDL).

Moody’s a en effet estimé dans un communiqué publié hier que les deux opérations auraient, une fois menées à bien, un « effet positif sur la solvabilité de la banque » dans un contexte de crise économique et financière qui traverse le pays, sur fond de manifestations contre les dirigeants politiques qui ont démarré depuis le 17 octobre. L’agence considère en outre que la transaction, qui devra être validée par les autorités bancaires des deux pays, « consolidera » les ratios de solvabilité du groupe bancaire libanais, qui fait partie du top trois libanais, ainsi que ses liquidités en devises, ce qui enverra « un signal positif à ses déposants et parties contractantes ».


(Lire aussi : Augmentation de capital : Bank Audi entame à son tour le processus)

Bol d’oxygène

Pour l’agence, l’opération s’apparente ni plus ni moins à un bol d’oxygène pour le secteur bancaire libanais, qui a vu le niveau de ses dépôts reculer de 12 milliards de dollars sur les 11 premiers mois de 2019, rappelle-t-elle. Ces dépôts ont atteint 162,6 milliards à l’issue de cette période pour un taux de dollarisation en nette hausse à 74,7 % selon les derniers chiffres. Leur baisse a en outre contribué à baisser le niveau de liquidités dans le pays, ce qui a poussé les banques à imposer des mesures informelles de contrôle des capitaux touchant notamment les dépôts en dollars, poursuit l’agence.

Elle ajoute que la vente de Bank Audi Égypte – qui pèse près de 10 % des actifs consolidés du groupe bancaire libanais à fin juin dernier – pouvait être négociée à un prix élevé, les perspectives économiques en Égypte étant très favorables (avec une croissance à 5,8 % en 2020, contre 5,6 % en 2019), ce qui compenserait largement la perte d’un « actif prisé » qui réduira la diversification du groupe. Pour l’heure, aucun pronostic concernant le montant de la transaction, et qui ont été relayés dans les médias ou les réseaux sociaux, n’a été confirmé par la banque libanaise.

Bank Audi a confirmé le 15 janvier les informations faisant état de négociations en vue de céder ces actifs qu’elle a commencé à acquérir au milieu des années 2000, indiquant que cette opération était une des pistes qu’elle explorait pour se conformer à l’augmentation de capital réclamée par la Banque du Liban à travers la circulaire n° 532 du 4 novembre 2019. Une semaine plus tard, la banque a cette fois annoncé avoir enclenché ce dernier processus qui sera soumis au vote des actionnaires le 20 février prochain. Elle avait de plus précisé que la transaction, pour laquelle elle a récemment entamé des négociations avancées avec la First Abu Dhabi Bank, la plus grande banque des Émirats arabes unis, devait lui permettre de se conformer à l’augmentation de capital réclamée par la BDL à travers la circulaire n° 532 du 4 novembre 2019.

Cette dernière impose à toutes les banques du pays d’augmenter leurs fonds propres de 20 % par rapport au 31 décembre 2018 afin de renforcer leur solvabilité. L’opération s’articule en deux temps, avec une première phase de 10 % à finaliser avant le 31 décembre dernier, et une seconde avant le 30 juin prochain. Pour Bank Audi, dont les fonds propres avaient atteint 3,884 milliards de dollars à fin 2018 (selon les données du cabinet Bankdata), l’augmentation devrait atteindre un total de 776,8 millions de dollars d’après nos calculs (soit deux fois 388,4 millions de dollars).


(Lire aussi : La plus grosse banque émiratie serait en lice pour racheter Bank Audi Égypte)

Bank Audi n’est enfin pas la seule banque à ne pas avoir finalisé la première phase de l’augmentation dans le délai prévu par la circulaire n° 532. Seules Byblos Bank, BLOM Bank, Crédit libanais, IBL Bank et Lebanese Gulf Bank ont pour l’heure annoncé avoir entamé le processus ou l’avoir finalisé, sur la soixantaine de membres que compte l’Association des banques du Liban. Selon plusieurs sources bancaires concordantes, il est tout à fait possible dans ce contexte que certaines banques libanaises prennent des parts dans d’autres établissements du pays qui n’auraient pas les capacités d’appliquer la directive de la BDL dans les temps. Pour l’heure, aucune information ferme en ce sens n’a cependant été confirmée.

L’année 2019 a été noire pour les banques libanaises qui sont observées par les agences de notation. Moody’s en particulier a dégradé à deux reprises la notation souveraine du Liban, qui est passée en moins d’un an de B3 à Caa2. Elle a également répercuté la dégradation de la situation financière du pays sur les trois banques inscrites sur sa liste – Bank Audi, BLOM Bank et Byblos Bank (Caa2, sous surveillance avec implication négative). Ce dernier commentaire de Moody’s est de fait la première publication plutôt positive concernant le Liban ou ses banques depuis plus d’un an.


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