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À La Une - tensions

Avion abattu en Iran : le gouvernement nie avoir menti

Face à la colère populaire, les policiers de Téhéran ont reçu des consignes de "retenue".

Un religieux iranien passe, le 13 janvier 2020, devant une affiche en honneur aux victimes de l'avion abattu abattu par erreur le 8 janvier près de Téhéran. AFP / ATTA KENARE

Le gouvernement iranien a nié lundi avoir tenté de masquer la responsabilité de l'Iran dans le drame de l'avion de ligne ukrainien abattu par erreur le 8 janvier près de Téhéran, qui suscite la colère dans le pays.

Face à des manifestations dénonçant depuis samedi soir un mensonge d'Etat, les policiers de Téhéran ont reçu des consignes de "retenue", a indiqué le général Hossein Rahimi, commandant de la police de Téhéran, dont les forces antiémeute sont cependant restées bien visibles lundi. Devant la presse, Ali Rabii, porte-parole du gouvernement, a assuré que celui-ci n'avait pas cherché à "étouffer l'affaire" de la catastrophe aérienne.

Jeudi et vendredi, les autorités civiles avaient nié l'hypothèse selon laquelle l'avion d'Ukraine International Airlines ait pu être abattu par un missile iranien, avancée dès mercredi soir par le Canada. Jusqu'à ce que samedi matin, les forces armées iraniennes reconnaissent leur responsabilité dans ce drame qui a fait 176 morts, des Iraniens et des Canadiens majoritairement.

"Nous n'avons pas menti", a affirmé M. Rabii: "ce que nous avons dit" avant l'annonce des forces armées se fondait "sur les renseignements qui (nous) avaient été présentés" et "selon lesquels il n'y avait aucun rapport entre l'accident et un (tir de) missile".



(Lire aussi : Nouvelles manifestations en Iran, « l’unité nationale » post-Soleimani remise en cause)


"Rien caché"
L'annonce des forces armées a créé un choc en Iran.
Dès samedi soir, une cérémonie d'hommage aux victimes dans une université de Téhéran a viré à la manifestation contre les autorités, aux cris de "mort aux menteurs", avant d'être dispersée par la police à coup de gaz lacrymogènes. Avant cela, des manifestants avaient brandi sous le nez des forces de l'ordre des calicots sur lesquels on pouvait lire: "Votre erreur était non voulue mais votre mensonge était intentionnel".

Alors que des rumeurs courent sur le fait que les gardiens de la révolution, l'armée idéologique iranienne, auraient passé au bulldozer le lieu où s'est écrasé l'avion, leur chef, le général de division Hossein Salami a assuré au Parlement: "nous n'avons touché à rien."

Dimanche soir, de nouveau, des rassemblements de colère, d'une ampleur difficile à évaluer, ont eu lieu dans la capitale avant d'être dispersés, comme la veille. Selon une vidéo circulant sur internet, une femme semble être tombée sur le trottoir, constellé de sang, et est soulevée par plusieurs personnes dont certaines crient "on lui a tiré dessus!" Mais selon le général Rahimi, "la police a traité les (manifestants) avec patience et tolérance" et "n'a pas du tout tiré" à balles réelles.

Fait extrêmement rare, l'agence de presse Fars, proche des ultraconservateurs a rapporté que les contestataires avaient crié "Mort au dictateur !" et scandé des slogans hostiles aux gardiens, mettant ces cris de colère dans la bouche de "manifestants" et non de "voyous" comme elle l'écrit habituellement. Selon des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, une autre manifestation d'étudiants, cantonnée à l'Université Charif, dans le centre de Téhéran, semble avoir eu lieu lundi.

L'Iran a été secoué mi-novembre par une contestation après l'annonce d'une hausse soudaine et forte du prix de l'essence. L'ONG Amnesty International estime qu'au moins 300 personnes ont été tuées dans la répression qui a duré trois jours.

Berlin a exhorté lundi Téhéran à accorder au peuple iranien "la possibilité de protester pacifiquement et librement" afin d'exprimer "sans entrave" sa "douleur" et sa "colère".

Dimanche, le président américain Donald Trump avait adressé un message de mise en garde aux dirigeants iraniens : "NE TUEZ PAS VOS MANIFESTANTS [...] les Etats-Unis regardent."



(Lire aussi : Indignation en Iran après le crash et l'arrestation de l'ambassadeur britannique)




"Jours noirs"
L'hostilité chronique entre Téhéran et Washington a connu un brusque accès de fièvre le 3 janvier avec l'élimination du général iranien Kassem Soleimani, par une frappe de drone américain à Bagdad. L'assassinat de cet officier responsable des opérations extérieures de l'Iran a été suivie le 8 janvier de tirs de missiles iraniens, n'ayant fait aucune victime, contre des cibles militaires américaines en Irak, quelques heures avant le drame du vol PS752.

Selon les forces armées iraniennes, la catastrophe est le résultat d'une "erreur humaine", commise par l'opérateur d'un système de missile alors que la défense du pays était sur le qui-vive par crainte d'une attaque américaine.

La perte de nombreux compatriotes dans la catastrophe et les soupçons de mensonge et de grave dysfonctionnement au niveau de l'Etat affectent le moral de la population.

"Je ne sais pas pourquoi ils n'ont pas annulé les vols (commerciaux) cette nuit-là", se désole Hamid, à Téhéran. Les "jours sont (noirs) et sans espoir", dit un autre habitant.

En quelques jours, l'apparente unité nationale ayant suivi la mort de Soleimani, à qui des foules énormes ont rendu hommage dans plusieurs villes, parait avoir volé en éclats.




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