Les ministères libanais des Finances et des Affaires étrangères se sont renvoyés mutuellement samedi la responsabilité du non-paiement de la cotisation annuelle du Liban à l'ONU, depuis deux ans, ce qui a provoqué la perte par le pays de son droit de vote à l'Assemblée générale des Nations unies.
Commentant la suspension du droit de vote du Liban, la diplomatie libanaise a rejeté, dans un communiqué, toute responsabilité, estimant avoir effectué en temps voulu toutes les procédures nécessaires pour le paiement. "Le ministère des Affaires étrangères a respecté toutes les obligations et terminé ses transactions dans le temps imparti", assure le communiqué publié par le palais Bustros. Le ministère estime en outre que cette affaire "porte atteinte aux intérêts du Liban et au prestige de l’État", exprimant l'espoir qu'elle sera résolue "le plus rapidement possible".
Il n'a pas pointé nommément du doigt les responsables de ce défaut de paiement et n'a pas précisé la raison pour laquelle les fonds n'ont pas été transférés à l'ONU.
Peu après, le ministère libanais des Finances a affirmé ne pas avoir reçu de demande de paiement des frais requis. "Le calendrier des paiements est établi de manière indépendante, chaque année, selon les demandes des autorités concernées", a ajouté le ministère. Et de souligner n'avoir reçu qu'une seule demande de paiement, samedi matin. Le ministère a dans ce cadre assuré que le montant serait payé lundi.
Parant aux accusations des Finances, le ministère des Affaires étrangères a publié deux documents, datant de 2018 et 2019, dans lesquels le chef sortant de la diplomatie, Gebran Bassil, demande à son collègue au ministère des Finances, Ali Hassan Khalil, de verser les contributions du Liban aux différents conseils régionaux et organismes internationaux dont le pays est membre. "Les versements de ces cotisations sont des dépenses annuelles qui, si elles ne sont pas payées, ont un effet négatif sur la réputation du Liban", précise le palais Bustros.
Le ministère des Finances a rétorqué avoir payé toutes les contributions pour lesquelles il a reçu des demandes de versement. Dans un tweet, Ali Hassan Khalil a appelé les Affaires étrangères à "reconnaître leurs erreurs, en assumer la responsabilité et régler le problème d'ici lundi".
Indignation au Liban
Réagissant à cette polémique, le chef des Forces libanaises Samir Geagea s'est demandé "ce qu'il reste de l'image du Liban et de son rôle, après avoir perdu son droit de vote à l'Assemblée générale de l'ONU".
"Le plus désolant, c'est qu'à chaque fois qu'ils font subir un camouflet au peuple libanais, la majorité parlementaire commence à échanger les accusations. Mais qu'importe au peuple libanais si la responsabilité incombe au ministère des Affaires étrangères ou à celui des Finances, tant que l’État au final montre qu'il fait vivre sa population dans un pays failli et incapable", s'est indigné M. Geagea, qui a estimé que cette perte de vote à l'ONU aura "beaucoup de conséquences négatives". "Il est désormais clair que la majorité n'est plus capable de gouverner un peuple et de diriger un pays".
Le ministre sortant des Affaires sociales, Richard Kouyoumjian, a pour sa part regretté qu'au lieu que le "Liban paie sa part à l'ONU, ils se sont concentrés sur le partage des parts et les marchés". "Sommes-nous meilleurs que le Venezuela, que le Yémen, le Tonga, la Gambie et la Somalie ?", a-t-il ironisé.
Le député du Kesrouan Chamel Roukoz a de son côté déploré que le Liban passe du statut de "membre fondateur de l'ONU à membre retardataire au niveau de ses cotisations". "Nous réclamons l'aide extérieure, au moment où les responsables politiques font étalage de leurs propriétés à l'étranger. Nous manquons d'honorer nos paiements, alors que les fonds (publics libanais) sont dilapidés et volés ! Honte à cette époque durant laquelle l'image du Liban a été bafouée", a déploré M. Roukoz.
Le député de Beyrouth Nadim Gemayel (Kataëb) a estimé qu'au lieu de "dépenser des millions sur des déplacements et des voyages ou autres fêtes, il aurait mieux valu payer les montants dus. Paix à l'âme de Charles Malek et Ghassan Tuéni, qui ont œuvré à consacrer le rôle du Liban à l'ONU".
Vendredi, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, avait indiqué que le Liban avait perdu son droit de vote à l'Assemblée générale pour ne pas avoir payé depuis deux ans sa contribution. "Depuis le 9 janvier, dix pays membres des Nations unies, dont le Liban, en retard dans le paiement de leur contribution depuis deux ans, sont sous le coup des dispositions de l’article 19, ce qui signifie qu'ils perdent leur droit de vote à l’Assemblée générale de l’ONU", a déclaré M. Dujarric lors d'un point presse. Seuls sont exemptés les pays pouvant démontrer que l'incapacité de paiement est due à des conditions indépendantes de leur volonté.
Outre le Liban, les pays concernés par cette suspension du droit de vote sont la République centrafricaine, les Tonga, le Venezuela, le Yémen, la Gambie, et le Lesotho. En octobre dernier, dans sa résolution, l'Assemblée générale avait décidé que les trois autres Etats membres - les Comores, Sao Tomé - et - Principe et la Somalie - seraient autorisés à voter à l'Assemblée générale jusqu'à la fin de la 74ème session.
Ce n’est pas la première fois que le Liban se trouve dans cette situation. En 2002 et 2003, le pays du Cèdre n’avait pas payé sa quote-part pour les deux années complètes écoulées, soit un paiement minimal de 1.113.100 dollars américains.
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Non, je refuse de dire que nos gouvernants sont des abrutis incapables. Ils ne le sont absolument pas et personne ne me contredira. Avec un IQ qui frise les 140 en matière de criminalité, pourquoi les traiter d'abrutis, Walaw ?
20 h 31, le 12 janvier 2020