L'ancien PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn, qui a dénoncé mercredi un "coup monté" contre lui au Japon, a assuré le "show" lors de sa première apparition publique à Beyrouth, mais n'a pas levé les doutes sur sa culpabilité, estime jeudi la presse française.
"Carlos Ghosn show bouillant au Liban" où il se trouve depuis sa fuite rocambolesque du Japon, écrit Libération en remarquant que l'ex-patron de Renault-Nissan "parle de son dossier comme d'une +affaire politique+ et non pas comme d'un délit de droit commun".
Carlos Ghosn "était presque triomphant, peut-être trop", observe l'éditorialiste de Sud-Ouest, Bruno Dive, selon lequel la "démonstration" n'a pas livré de "révélations fracassantes".
"Sur la forme, on a plus vu un (ex) grand patron revanchard que la victime potentielle d'une erreur judiciaire", analyse Le Journal de la Haute Marne sous la plume de Christophe Bonnefoy.
Le Figaro titre en "une" sur la "contre-attaque" du capitaine d'industrie de 65 ans lors d'une conférence de presse de 2 heures 30. "Pour l'heure, il est enfin parvenu à exprimer sa vérité, celle que l'on refusait d'entendre jusqu'ici. Mais seul un procès en bonne et due forme lui rendrait définitivement son honneur", analyse l'éditorialiste Gaëtan de Capèle.
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Pour Le Courrier Picard, Carlos Ghosn "a des arguments pour semer le doute". Mais "il en manque aussi pour lever les suspicions qui pèsent sur son avidité", écrit Bertrand Meinnel. "Et son total irrespect des lois, démontré en prenant la fuite, ne plaide certainement pas en sa faveur quant à un usage rapace et personnel des fonds de la multinationale qu'il dirigeait", ajoute l'éditorialiste.
"Victime, accusateur et juge"
Dans les Dernières Nouvelles d'Alsace, Pascal Coquis décèle chez Ghosn un "cynisme" et une "arrogance" qui sont, selon lui, "insupportables".
"Ce que Carlos Ghosn est venu clamer hier au peuple du monde est en fait qu'il est au-dessus des lois. Il veut bien s'expliquer, il l'a dit. À condition que ce ne soit pas devant un tribunal et qu'il choisisse la date, le pays. Le Japon, c'est non, la France peut-être, s'il y a quelques assurances", ricane l'éditorialiste.
"En choisissant de se planquer au Liban, et non en France dont il est également citoyen, c'est peut-être qu'il espère plus du Liban que de la France où il pourrait également bénéficier d'une Justice équitable mais nettement moins complaisante", abonde Jean-Marcel Bouguereau de la République des Pyrénées.
Pour Pascal Ratinaud de La Montagne, Ghosn a été "un mauvais acteur, décevant jusqu'au bout". "Ghosn est victime, accusateur et même juge puisqu'il veut bien se soumettre à +une justice équitable+. Mais coupable de rien. Sinon d'indécence, serions-nous tentés de penser", s'agace-t-il. "Si en plus il pouvait choisir ses juges!" au Brésil, en France ou au Liban où il voudrait être jugé, ironise de son côté Xavier Brouet dans Le Républicain Lorrain.
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03 h 00, le 10 janvier 2020