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À La Une - Irak

Les manifestants se sont retirés du secteur de l'ambassade américaine à Bagdad

Estimant que le "message" avait été "entendu", le puissant Hachd al-Chaabi a appelé ses partisans à relocaliser leur sit-in.

Des agents de sécurité irakiens devant l'entrée de l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad, le 1er janvier 2020. AFP / AHMAD AL-RUBAYE

Les manifestants pro-Iran ont quitté mercredi les abords de l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad, sur ordre des paramilitaires du Hachd al-Chaabi, mettant fin à un épisode de violence qui a culminé avec une attaque inédite contre la chancellerie.

Si la violence a cessé à Bagdad, l'escalade entre l'Iran et les Etats-Unis, pays ennemis et tous deux puissances agissantes en Irak, se poursuit: le président Donald Trump a menacé de faire payer le "prix fort" à l'Iran accusé d'avoir "orchestré" l'attaque de son ambassade mardi, et Téhéran a convoqué le représentant de la Suisse chargée des intérêts américains en Iran.

Estimant que le "message" des manifestants avait été "entendu", le puissant Hachd a appelé ses partisans à relocaliser leur sit-in hors de l'ultrasécurisée Zone verte à Bagdad, où siège l'ambassade américaine. Aussitôt, a constaté un photographe de l'AFP, les manifestants ont démonté les tentes installées la veille pour un sit-in, alors dit illimité après leur attaque contre la chancellerie pour dénoncer les raids américains contre des bases d'une faction pro-Iran qui ont fait 25 morts.



"Nous avons enregistré un gros succès: nous sommes arrivés jusqu'à l'ambassade américaine alors que personne ne l'avait fait avant" et maintenant, "la balle est dans le camp du Parlement", a affirmé à l'AFP Mohammed Mohieddine, porte-parole des brigades du Hezbollah, visées dimanche par les avions américains.

Washington a annoncé que les activités consulaires de l'ambassade étaient suspendues "jusqu'à nouvel ordre", conseillant aux ressortissants américains résidant en Irak de ne pas s'approcher du bâtiment.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé reporter une tournée en Ukraine, au Bélarus, au Kazakhstan et à Chypre, pour "suivre la situation" en Irak. Dans un appel téléphonique au Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi, il a "pris note" des mesures prises par les autorités irakiennes après l'attaque et insisté sur "l'obligation du gouvernement irakien de prévenir de nouvelles attaques" contre l'ambassade américaine, selon la porte-parole du département d'Etat, Morgan Ortagus.

Cette démonstration de force du Hachd a fait ressurgir pour Washington le spectre de deux traumatismes dans leurs ambassades, à Téhéran en 1979 et à Benghazi en Libye en 2012.



(Lire aussi : Qui est le groupe Kata’ib Hezbollah ?)


Perte d'autorité
A Bagdad, les responsables pro-Iran veulent rassembler au Parlement des signatures pour dénoncer l'accord de coopération irako-américain autorisant la présence de 5.200 soldats américains sur le sol irakien.

Intégré aux forces régulières après son combat au côté du pouvoir contre les jihadistes, le Hachd a gagné en influence, poussé par son parrain iranien qui a pris l'avantage en Irak face à Washington.

Mardi, des milliers de ses partisans ont défilé dans la Zone verte contre les raids américains dans l'ouest irakien. Des manifestants se sont ensuite saisis de béliers de fortune et ont défoncé les vitres et installations de sécurité de l'ambassade américaine.

A aucun moment, les forces irakiennes gardant les entrées de la Zone verte ne se sont interposées. Aux portes de l'ambassade, elles ont tenté d'arrêter les violences, en vain. "Nous n'avons aucun ordre, on a perdu toute autorité" face au Hachd, confie à l'AFP un membre des forces spéciales irakiennes chargées de protéger la Zone verte, bouclée après les violences.

Les jets de pierres et cocktails Molotov sur l'ambassade ont cessé dans l'après-midi après l'arrivée de la très redoutée force de sécurité du Hachd. Car le déploiement des unités d'élite du contre-terrorisme irakien n'avait pas fait plier les protestataires. En matinée, les forces américaines de l'ambassade avaient tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la foule.

Les pro-Iran sont parvenus à hisser au-dessus de l'entrée principale de l'ambassade une immense pancarte proclamant "Direction du Hachd al-Chaabi". Et les entrées de la chancellerie ont été couvertes de drapeaux blancs du Hachd et jaunes des brigades du Hezbollah.


Des forces de sécurité américaines de l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad tirent des gaz lacrymogènes sur les partisans du mouvement Hachd al-Chaabi devant la chancellerie à Bagdad, le 1er janvier 2020. AFP / AHMAD AL-RUBAYE


"Bellicisme"
L'attaque de l'ambassade, les raids des Etats-Unis et les attaques à la roquette les ayant précédés contre des installations abritant des Américains, font redouter que l'animosité irano-américaine ne devienne un conflit ouvert en Irak, pays allié des Etats-Unis et de l'Iran.

Téhéran a convoqué le chargé d'affaires suisse pour protester contre le "bellicisme" américain. Le guide suprême Ali Khamenei a répondu à M. Trump: "vous ne pouvez rien faire. Tout cela n'a rien à voir avec l'Iran".

Si M. Trump a assuré ne pas s'attendre à une guerre avec Téhéran, Washington a déployé 750 soldats supplémentaires au Moyen-Orient, "très probablement" pour être envoyés ensuite en Irak, selon un responsable américain.

Depuis leur retrait d'Irak en 2011 après huit années d'occupation, les Etats-Unis ont largement perdu de leur influence dans ce pays. Le système politique qu'ils avaient installé est désormais noyauté par Téhéran.

Les graffitis sur les murs de l'ambassade américaine en témoignent: "Non à l'Amérique" et "Soleimani est mon chef", en référence au puissant général iranien Qassem Soleimani, qui préside aux négociations pour former le futur gouvernement irakien.

L'Irak est secoué depuis le 1er octobre par une révolte populaire conspuant le pouvoir, accusé de corruption, mais aussi l'influence du voisin iranien.



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