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Liban - Prisons

Raya el-Hassan remet à Melhem Khalaf un état des lieux et un plan directeur

La ministre de l’Intérieur sortante exprime sa crainte pour les crédits nécessaires aux fournitures alimentaires.

Raya el-Hassan et Melhem Khalaf, hier, au ministère de l’Intérieur : l’état des prisons, une catastrophe humanitaire. Photo ANI

Si, comme l’affirme Nelson Mandela, le degré de civilisation d’un peuple se mesure à la façon dont il traite ses prisonniers, alors le Liban est incontestablement dans le rouge.

« Une catastrophe humanitaire. » C’est par ces mots que le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, a décrit hier l’état des prisons au Liban. « Nous examinons les cas de détenus qui doivent être libérés dans six mois à un an pour nous assurer que leur remise en liberté ne constitue pas un danger pour la société, où s’il n’est pas préférable de reculer cette échéance le temps nécessaire (à un programme de réinsertion sociale). » Cette fois, c’est la ministre de l’Intérieur sortante, Raya el-Hassan, qui soulève ce qu’elle considère comme « un problème épineux ». Ces constats, et d’autres du même calibre, ont marqué une rencontre entre les deux responsables au bureau de Mme Hassan, au cours de laquelle cette dernière a remis à M. Khalaf et aux membres du conseil de l’ordre qui l’accompagnaient deux dossiers que ses services ont achevés durant ses mois d’exercice effectif : un état des lieux et un plan directeur pour transformer les centres de détention en centres de réhabilitation, un projet qui pourrait être financé par la Grande-Bretagne.


(Lire aussi : Confinés et désœuvrés, souvent battus, « alors parfois les détenus explosent ! »)



La surpopulation carcérale

La rencontre entre les deux responsables s’inscrit dans le prolongement de la visite historique effectuée dimanche 22 décembre par plusieurs centaines d’avocats sous la conduite de M. Khalaf dans les 24 prisons relevant du ministère de l’Intérieur.

Dans le document sur l’état des lieux, le premier et grand constat est celui de la surpopulation carcérale. Selon les derniers chiffres, quelque 7 000 détenus sont incarcérés aujourd’hui dans les 24 prisons du pays ;

mais à elle seule, la prison centrale de Roumieh, prévue pour 1 200 détenus, en héberge 4 000.

À cela s’ajoute, selon Mme Hassan, le non-transfert des détenus d’une région à l’autre (pour les rapprocher de leurs familles) en raison du manque de places, ainsi que la pénurie de médicaments et de soins médicaux dont certains souffrent.

La feuille de route, elle, prévoit la résolution du problème de la surpopulation carcérale, l’insertion sociale des détenus, l’administration et la sécurité des prisons, l’équipement des pénitenciers, un traitement spécial pour les femmes et les mineurs, ainsi que la création d’un gouvernorat. Le tout dans un effort pour adjoindre aux services du ministère de l’Intérieur ceux des ministères de la Santé, de la Justice et des Affaires sociales.


(Lire aussi : Melhem Khalaf à « L’OLJ » : Je me considère comme un cri d’espoir)



Hommage aux avocats

Raya el-Hassan a rendu hommage à l’initiative des deux ordres des avocats de Beyrouth et de Tripoli, en particulier à leur volonté d’offrir une aide juridique à tout détenu qui n’en jouit pas ; à régler – dans la mesure des moyens des ordres – les amendes qui retardent parfois de plusieurs mois la libération de détenus qui ont achevé leurs sentences ; à vérifier si la durée des procès est raisonnable et si elle ne constitue pas finalement une injustice.

L’ordre des avocats y a ajouté le souci de formation des agents des Forces de sécurité intérieure, qui se voient assigner, des années durant, une tâche à laquelle elles n’étaient pas préparées.


Grave problème de financement

Mais le ministère de l’Intérieur fait face à un grave problème de financement, au point de craindre pour les crédits nécessaires aux fournitures alimentaires, a averti Mme Hassan. Pour faire face au problème de surpopulation, la construction d’une prison à Majdlaya (Zghorta, Liban-Nord) est envisagée. Mais il faudra trois ans pour la construction après la signature du contrat. Le plan directeur mis au point prévoit aussi la construction de prisons à Kfour (Kesrouan) et à Lala (Békaa), ainsi qu’une prison pour mineurs à Warwar (financé par l’UE). Mais quel que soit ce plan, a ajouté Raya el-Hassan, « la croissance de la population carcérale est telle que nous resterons dépassés, en l’absence d’une accélération des procédures » afin que les détenus qui ont achevé leur sentence soient libérés aussitôt.


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TRES ENCOURAGEANT.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 37, le 28 décembre 2019

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Commentaires (2)

  • TRES ENCOURAGEANT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 37, le 28 décembre 2019

  • Bravo!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 30, le 28 décembre 2019

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