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Culture - Gros plan

Le point... de vue de Ghida Hachicho

Il est tout sauf esthétique et ses critères ne sont ni le beau, ni le goût, ni la fonction. Il relève de l’abstrait, du bizarre ou encore de l’étrange. Il accorde de l’importance aux idées et aux concepts qui sous-tendent une œuvre d’art, se préoccupe très peu de l’aspect visuel. L’art conceptuel est difficile à définir, et pourtant...

« Studies on movement », composé de trois parties, est présenté par Ghida Hachicho à la galerie Agial. Un projet qui prend son départ avec le litige du « point 23 » qui définit les frontières maritimes entre le Liban et Israël.

C’est l’art conceptuel que Ghida Hachicho, jeune artiste d’à peine 30 ans, a choisi pour s’exprimer dans le monde. « Le chemin que j’ai entrepris et le processus qui m’a mené jusqu’à la création sont un peu compliqués », dit-elle. Elle étudie l’architecture à l’Université américaine de Beyrouth et, pour avoir longtemps pratiqué un sport de combat, se tourne vers la danse. Diplômée en 2012, voilà qu’elle établit une connexion entre l’architecture et la chorégraphie. Forte de cette approche, elle réussit à porter un regard différent sur l’art et la façon de le pratiquer. Elle avoue que le dessin n’était plus sa priorité : « Dans mon travail je suis consciente d’œuvrer en tant qu’architecte, sans toutefois réaliser des constructions. » Est-ce qu’elle module l’espace, est-ce qu’elle bâtit des idées ? Un entretien avec Ghida Hachicho nous a permis de mieux comprendre cette installation placée à la galerie Agial le 17 octobre (malheureusement interrompue compte tenu de la conjoncture actuelle), car à moins de fréquenter les analyses d’experts de l’art, il est difficile de comprendre l’art conceptuel. Est-il uniquement censé être mentalement intéressant pour le spectateur, est-il provocateur sans que l’œuvre ne soit nécessairement un objet, et peut-on réellement parler d’art lorsqu’il faut au spectateur un ensemble d’instructions et une fiche mode d’emploi ou de compréhension pour réussir à l’assimiler ? On ne peut pas le nier, il a ses adeptes ! Ceux pour qui par exemple un verre d’eau à moitié rempli placé sur une étagère et intitulé An oak tree (une œuvre de 1973 par Martin Creed) est une œuvre d’art.


Comme un point d’interrogation

Après un master en Performance Art à l’Université Goldsmiths de Londres, l’avenir artistique de Ghida Hachicho commence à se profiler. Elle s’inscrit au programme Home Works de l’Association libanaise pour les arts plastiques Ashkal Alwan. Son projet « Studies on movement » composé de trois parties investit alors la galerie Agial. « Mon projet prend son départ avec le litige du “point 23”, qui définit les frontières maritimes entre le Liban et Israël, dit-elle. Les négociations et les études différentes pour établir la position géographique et définitive se multiplient, se confrontent et se contredisent. » Dans cette entreprise, l’artiste se sent plus urbaniste qu’architecte. « Je questionne les motivations d’une décision pour définir l’emplacement du point 23. Mon étude sur ce point est en relation avec le corps et le mouvement. Tout corps est mobile, ce qui implique que rien n’est immuable. Je questionne le contexte politique qui pousse à de telles prises de position. » Comment définir un point ? « Les points dans la mer sont déterminés par des flotteurs que l’on place comme repères », précise-t-elle. Hachicho les a alors reproduits en bois de hêtre suivant toutes leurs formes et arrive à la conclusion que suivant la forme de la bouée, le point peut se mouvoir et ainsi changer la donne. Deux films réalisés par elle sont aussi mis à la disposition du public pour mieux pénétrer son univers.

C’est la notion de l’espace qui lui importe : « Comment un homme peut sculpter l’espace sans instruments, juste par le corps. » Elle établit un dialogue avec un plongeur qu’elle filme pour comprendre comment il peut trouver ses repères de plongée quand tout se ressemble. Quelle chorégraphie du corps aide à déterminer un point dans l’eau ?

L’architecture a été pour l’artiste un point de départ, mais jamais un but en soi, car elle est définitivement dans le concept du changement, de la mutation, de l’évolution, et pas dans le statique, le figé et l’immuable. Même l’idée d’un point à l’horizon pour elle n’existe pas. Tout réside dans la façon dont se positionne le corps et son interaction avec l’espace. Mais encore faut-il pouvoir adhérer à cette forme d’art ou plutôt à ce concept ! Car malgré toute la recherche et tout la philosophie qui se cache derrière, l’art conceptuel peut susciter le scepticisme d’un public non averti, ou l’étonnement et le rejet d’un public averti. Reste à l’artiste de convaincre.



Pour mémoire

Ghida Hachicho danse avec l’invisible

C’est l’art conceptuel que Ghida Hachicho, jeune artiste d’à peine 30 ans, a choisi pour s’exprimer dans le monde. « Le chemin que j’ai entrepris et le processus qui m’a mené jusqu’à la création sont un peu compliqués », dit-elle. Elle étudie l’architecture à l’Université américaine de Beyrouth et, pour avoir longtemps pratiqué un sport de combat, se tourne...

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