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À La Une - contestation

Le grand ayatollah Sistani réclame des élections pour sortir de la crise en Irak

Un nouveau militant assassiné.

Un manifestant irakien brandit un portrait du grand ayatollah Ali Sistani lors d'un rassemblement. Photo d'archives AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique en Irak, a appelé vendredi à des élections anticipées pour sortir de l'impasse entre classe politique divisée et manifestants inflexibles, malgré le nouvel assassinat d'une de leurs figures.

D'un côté, les dirigeants négocient âprement --sous l'égide des émissaires de l'influent voisin iranien-- pour placer leurs candidats au poste de Premier ministre. De l'autre, les milliers de manifestants mobilisés depuis plus de deux mois et demi ajoutent chaque jour un portrait barré d'une grande croix rouge sur les places où ils se rassemblent pour signifier leur refus des politiciens du sérail.

Et ce, en dépit d'un nouvel assassinat d'une figure de la contestation, le cinquième depuis le début du mois. Ali al-Othmi, 26 ans, a été abattu par les balles d'hommes masqués à Nassiriya, ville du sud de toutes les révoltes dans l'histoire de l'Irak, selon des responsables des services de sécurité. Les enlèvements, les intimidations et autres assassinats -- le fait de "milices" selon l'ONU dans un pays où les factions armées pro-Iran ne cessent d'étendre leur influence-- ont réduit les flots de manifestants mais sans toutefois venir à bout de ces protestataires qui se disent déterminés à entamer la nouvelle année dans leurs campements de fortune.


(Lire aussi : En Irak, les partis négocient un nouveau Premier ministre, la rue le refuse déjà)


Les pro-Iran s'entêtent

Face à eux, le pouvoir continue de jouer la montre et, après avoir rallongé mardi de deux jours le temps des négociations, il se laisse désormais jusqu'à dimanche pour s'accorder sur le nom d'un Premier ministre pour le soumettre au vote du Parlement.

Il faudra ensuite "former au plus vite un nouveau gouvernement", a plaidé dans son sermon hebdomadaire le grand ayatollah Sistani qui se tient lui à l'écart des politiciens, conspués depuis le 1er octobre. Mais ce cabinet, a-t-il prévenu, devra uniquement préparer la voie vers des élections anticipées en votant une nouvelle loi électorale et en nommant une commission de supervision des scrutins non partisane.

Jusqu'ici, chaque parti envoyait un membre dans cette commission, régulièrement accusée de couvrir des fraudes plus ou moins massives. La loi électorale --unique réforme proposée par les autorités en deux mois et demi d'une révolte inédite déjà marquée par près de 460 morts et 25.000 blessés-- est bloquée au Parlement. Les députés négocient pied à pied le découpage des circonscriptions et surtout la portion de scrutin proportionnel et de liste, à l'avantage des grands partis.

Pour les manifestants, dont beaucoup de jeunes n'ayant connu que le système politique post-Saddam Hussein, dictateur renversé en 2003 par une invasion américaine, ce régime est à bout de souffle. Désormais noyauté par le grand voisin iranien, il a porté au pouvoir des "corrompus" et des "incompétents", disent les protestataires, conspuant les dirigeants qui refusent de céder la place et ont mis en place un système ne laissant aucun espace aux indépendants ou aux technocrates.

Les pro-Iran, affirment des responsables politiques, insistent pour que le poste de Premier ministre revienne au ministre démissionnaire de l'Enseignement supérieur, Qoussaï al-Souheil. Ancien ténor du mouvement du leader chiite Moqtada Sadr, il est désormais membre de l'"Etat de droit", bloc de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki --proche de l'Iran et grand ennemi de Sadr-- et semble prendre l'avantage. D'autres noms circulent, tous d'anciens ministres ou responsables issus du sérail et donc rejetés par principe par la rue.


(Lire aussi : Algérie, Irak, Liban : la question du compromis)


Messes annulées

"Ils peuvent continuer à repousser le délai d'un jour, deux jours, un an même, nous restons dans la rue!", tranche Ghassan, un manifestant de 35 ans à Bagdad.

Si le candidat des partis n'obtient pas la majorité des votes des 329 députés, indiquent des responsables à l'AFP, le président irakien Barham Saleh entend proposer un homme de l'ombre, le patron du renseignement, Moustafa al-Kazimi, qui passe pour l'homme des Américains à Bagdad.

Quel que soit le nom du futur Premier ministre, tant qu'il est issu du sérail, les milliers de manifestants réclamant la chute de toutes les institutions, notamment celle du Parlement dirigé par Mohammed al-Halboussi, resteront dans la rue. Ils chantent même désormais: "Barham Saleh, Mohammed al-Halboussi, votre tour est venu".

Alors qu'aucune sortie de crise ne se dessine et que les Américains ont envoyé des renforts blindés et armés dans la Zone verte --où est notamment située leur ambassade-- en prévision d'une possible flambée de violences, le patriarche de l'Eglise catholique chaldéenne a annulé les messes de minuit à Bagdad pour Noël.


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