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Liban - Gouvernement

Si ce n’est la case départ, ça y ressemble fortement

Saad Hariri s’entretient avec Nabih Berry à Aïn el-Tiné.

Nabih Berry recevant, hier, Saad Hariri. Photo tirée du compte Flickr du Parlement

Le report à jeudi des consultations parlementaires contraignantes, prévues lundi, en vue de désigner le futur Premier ministre a-t-il remis les compteurs gouvernementaux à zéro ? Si aucun des protagonistes concernés par la crise politique actuelle ne le reconnaît, du moins pour le moment, dans la pratique, tout porte à le croire. Comme si rien ne pressait, les parties prenantes à la crise continuent d’accorder la priorité à des contacts qui devraient déboucher sur une entente aussi bien sur le nom du futur chef du gouvernement que sur la forme de la prochaine équipe. Une façon d’éviter les atermoiements habituels dictés par la logique de partage du gâteau lors des tractations ministérielles.

C’est dans ce cadre qu’il conviendrait d’inscrire l’entretien, poursuivi autour d’un déjeuner, entre le président de la Chambre Nabih Berry et le Premier ministre Saad Hariri, hier à Aïn el-Tiné. Une réunion qui intervient à l’heure où un bras de fer oppose le Premier ministre sortant au tandem chiite autour de la forme du futur cabinet, M. Hariri prônant une équipe exclusivement formée de spécialistes, contrairement à la volonté du Hezbollah et du mouvement Amal qui plaident pour un cabinet techno-politique, de même que le chef de l’État Michel Aoun.

Cette divergence entre les deux camps était au menu de l’entretien Berry-Hariri. À en croire des sources proches de Aïn el-Tiné citées par l’agence al-Markaziya, M. Berry a incité le Premier ministre sortant à faire quelques concessions s’il tient vraiment à être reconduit à son poste, ou du moins à nommer une personnalité gravitant dans son orbite pour former l’équipe ministérielle. Dans les mêmes milieux, on fait savoir que le chef du législatif a proposé à Saad Hariri la formation d’un cabinet qui inclurait quatre personnalités politiques représentant les quatre partis majoritaires (le Futur, le Courant patriotique libre, le Hezbollah et le mouvement Amal), et des spécialistes dont la nomination devrait être confiée au Premier ministre sortant.

Mais une source proche de la Maison du Centre confie à L’Orient-Le Jour que le Premier ministre tient à ce que la future équipe soit un gouvernement de spécialistes. Et de souligner que le processus gouvernemental bute donc toujours sur l’obstacle de la forme. Une façon de refuser implicitement la proposition Berry. Selon ce proche des milieux haririens, l’entretien de Aïn el-Tiné visait à faire barrage aux tentatives de réveiller les vieux démons de la discorde sunnito-chiite, après une troisième nuit de violences (de lundi à mardi) perpétrées par des partisans du tandem chiite contre les manifestants au centre-ville de Beyrouth, après la circulation d’une vidéo dans laquelle un homme originaire de Tripoli insulte la communauté chiite et ses symboles religieux.

Ce point figurait d’ailleurs au centre du communiqué publié à l’issue de la rencontre de Aïn el-Tiné. Nabih Berry et Saad Hariri ont ainsi appelé les Libanais à « faire preuve de vigilance et à ne pas se laisser entraîner dans la discorde vers laquelle certains veulent mener le pays ». Concernant le gouvernement, le texte souligne qu’il est « plus qu’urgent de former un gouvernement dans les plus brefs délais ». Et d’appeler à ce que ce dossier soit abordé « dans une atmosphère calme, loin de toute tension politique ».


(Lire aussi : ... Et des larmes, maintenant, l'éditorial de Issa GORAIEB)


La couverture chrétienne

En dépit de cet appel, le problème gouvernemental reste entier, à l’heure où le mouvement de contestation continue de presser pour la mise sur pied d’un cabinet épuré des figures politiques, et où Saad Hariri peine toujours à assurer la couverture chrétienne dont il a besoin pour se lancer dans le processus gouvernemental, dans la mesure où aussi bien le CPL que les FL ont clairement annoncé qu’ils ne nommeront pas le Premier ministre sortant lors des consultations parlementaires prévues, en principe, jeudi. Interrogé par L’OLJ, Fadi Saad, député FL de Batroun, assure que son parti n’entend pas changer d’avis à ce sujet, parce que les revendications du mouvement contestataire devraient être écoutées et mises en application. Affirmant que la prise de position des FL ne doit pas avoir d’incidences sur les rapports avec le leader du Futur, M. Saad précise que sa formation ne nommera aucune personnalité lors des consultations contraignantes. « Mais nous accorderons notre confiance à un cabinet de spécialistes dirigé par Saad Hariri », affirme-t-il.

La position des FL, doublée de celle du CPL, qui a annoncé sa volonté de rester en dehors de toute équipe que conduirait Saad Hariri, a poussé ce dernier à entrer en contact par téléphone avec le chef des Marada, Sleiman Frangié. L’occasion pour le Premier ministre démissionnaire de clarifier au leader zghortiote ses déclarations concernant « les groupes parlementaires chrétiens importants » qui ont décidé de ne pas lui accorder leurs voix lors des consultations. Saad Hariri a précisé que ces propos ne visaient pas à porter atteinte au poids politique des Marada, encore moins des députés chrétiens indépendants. Une façon pour le leader du Futur de ne pas perdre le soutien de M. Frangié, annoncé depuis dimanche soir, dans la perspective des consultations.

En attendant l’issue des contacts en cours, les noms de probables successeurs de M. Hariri continuent de circuler dans les milieux politiques. Hier, c’était celui de Khaled Kabbani, ancien ministre de l’Éducation, qui a pris le dessus. Pour les haririens, il s’agit d’« une excellente proposition ». « Mais pour le moment, le retrait de Saad Hariri est exclu », assure un proche du Premier ministre sortant qui confie que son parti « préfère que Nawaf Salam succède à M. Hariri ». Toutes ces spéculations ne sont certainement pas sans susciter de craintes quant à un nouveau report des consultations. Un scénario dont la chaîne OTV, média gravitant dans l’orbite du tandem Baabda-CPL, laissait entendre hier qu’il était possible.




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commentaires (5)

C'EST LE MÊME TRIO....TIERCÉ DANS L'ORDRE....AOUN, BERRI ET HARIRI. ILS SONT LES RESPONSABLES DU MALHEUR AU NOM DU CHRÉTIENS, CHIITES ET SUNNITES. ON TOURNE LA PAGE ET ON RECOMMENCE AVEC LES MÊME. HARIRI ÉTAIT CHEZ BERRI PUIS CHEZ AOUN ETCC..ETC.........AOUN SOUS LES ORDRES DU HEZBOLLAH, HARIRI UN SAOUDIEN ET BERRI

Gebran Eid

16 h 29, le 18 décembre 2019

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Commentaires (5)

  • C'EST LE MÊME TRIO....TIERCÉ DANS L'ORDRE....AOUN, BERRI ET HARIRI. ILS SONT LES RESPONSABLES DU MALHEUR AU NOM DU CHRÉTIENS, CHIITES ET SUNNITES. ON TOURNE LA PAGE ET ON RECOMMENCE AVEC LES MÊME. HARIRI ÉTAIT CHEZ BERRI PUIS CHEZ AOUN ETCC..ETC.........AOUN SOUS LES ORDRES DU HEZBOLLAH, HARIRI UN SAOUDIEN ET BERRI

    Gebran Eid

    16 h 29, le 18 décembre 2019

  • Je me demande très sérieusement si le fin mot de toute cette histoire ne va pas être une partition pure et simple du Liban, entre les faiseurs de guerre et buveurs de sang, et les faiseurs de "vie" ... et que chaque partie puisse aller jusqu'au bout de ses convictions.

    Remy Martin

    14 h 18, le 18 décembre 2019

  • Autrement dit, toutes les discussions depuis près de deux mois n'ont servi à rien. Mais il fallait avoir de véritables œillères pour ne pas le savoir dès le départ. Comment pouvait-on rêver de concilier ceux qui veulent un gouvernement crédible, formé de gens honnêtes et compétents et ceux qui veulent continuer à perpétuer la mainmise des partis? Dès lors, il apparaît évident que cette perte de temps ne pouvait être que volontaire. Le but étant, soit un pourrissement de la thaoura pour pouvoir reprendre sans crainte les magouilles habituelles , soit un effondrement du pays. Comme ce dernier résultat semble inéluctable, il faut se demander à qui le crime profite.

    Yves Prevost

    06 h 51, le 18 décembre 2019

  • Nous avons les pires politiciens de la planète. Vraiment. "Ce sont des aveugles qui guident des aveugles. Or si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou"

    Mike

    01 h 00, le 18 décembre 2019

  • ILS VEULENT COUTE QUE COUTE CONFONDRE HARIRI ET LE COMVAINCRE A REITERER LES ACCORDS DU PASSE AVEC EUX POUR CONSOLIDER LEUR MAINMISE SUR LE PAYS. GOUPIL S,Y CONSACRE AVEC ACHARNEMENT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 42, le 18 décembre 2019

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