Le numéro 2 du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a affirmé dans un entretien avec la chaîne britannique BBC que "le chaos au Liban sert les intérêts d’Israël et des Etats-Unis", qu'il a accusés d'attiser la situation de crise au Liban, soulignant toutefois que le peuple libanais "est conscient de ces ingérences étrangères". L'interview du vice-secrétaire général du parti chiite a eu lieu alors que le Liban connait, depuis le 17 octobre, un mouvement de révolte sans précédent contre la classe dirigeante et alors que le pays est sans gouvernement depuis le 29 octobre.
"La situation est très dangereuse au Liban", a déclaré vendredi soir le cheikh Kassem, qui a souligné que le peuple "souffre de la dévaluation de la livre libanaise". "La situation économique et financière s'effondre et cela ne peut plus durer", a-t-il déclaré, insistant sur l'urgence de la formation du nouveau gouvernement "afin de stopper cet effondrement". Face à cette situation, il a accusé certaines parties "et surtout les Etats-Unis, de vouloir porter atteinte" au pays. "Tous les deux ou trois jours, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, déclare qu'il ne veut pas que le Hezbollah soit dans le prochain cabinet, ni dans la vie politique en général", a-t-il déploré, affirmant que "le Hezbollah fait partie du peuple". "L'Amérique doit mettre un terme à ces ingérences", a-t-il déclaré.
Affirmant que "le chaos au Liban sert les intérêts des Etats-Unis et d’Israël", il a souligné que "les Américains sont à l'origine de toute sédition au Liban, les Libanais eux-mêmes ne souhaitant aucune dissension ni affrontements internes". "Les Libanais souhaitent simplement résoudre leurs problèmes sociaux, économiques et financiers et les parties étrangères interviennent pour détourner l'attention de ces questions", a-t-il encore accusé.
Le cheikh Naïm Kassem a insisté sur le fait que "ce qu'il se passe au Liban a lieu au détriment du Liban lui-même". "Ce que font les Etats-Unis au Liban est dirigé contre le peuple libanais, a-t-il affirmé. La famine ne fait aucune différence entre les confessions et les communautés et la crise financière touche tout le monde, nous (le Hezbollah, ndlr) ne sommes pas les seuls à être ciblés", a-t-il souligné, déclarant que si Washington veut porter atteinte au parti chiite pour le "punir de ses accomplissements", il ne pourra pas y arriver. Il a toutefois estimé que le peuple libanais "a conscience de ces actions" étrangères.
Depuis le début du mouvement de contestation, le Hezbollah accuse des "ambassades étrangères" de financer les manifestants. Le parti chiite s'était dans ce cadre opposé à la démission du gouvernement de Saad Hariri, que ce dernier a toutefois fini par annoncer le 29 octobre, sous la pression de la rue. Le Hezbollah, qui affirme soutenir les revendications du peuple concernant la lutte contre la corruption et la sortie de la crise économique et financière, est par contre opposé à la formation d'un gouvernement de technocrates entièrement indépendants des formations politiques au pouvoir, option réclamée par les contestataires.
Mercredi, un haut responsable américain avait affirmé devant le Sénat que Washington "reste préoccupé par le rôle du Hezbollah" dans les manifestations, affirmant que les efforts du parti chiite à pointer les Etats-Unis du doigt ont échoué. "Au Liban, le soutien de l'Iran au groupe terroriste Hezbollah a permis à ce groupe d'exercer une influence interne et de faire passer ses propres intérêts avant ceux de la nation, au détriment du peuple libanais", avait affirmé Joey Hood, le principal secrétaire adjoint du Bureau du Proche-Orient au sein du Département d'Etat américain, lors d'une audition devant la commission des Affaires étrangères au sein du Sénat US.
(Lire aussi : Manifestations au Liban : Washington "préoccupé par le rôle du Hezbollah", selon un responsable US)
"Équilibre des forces"
Répondant à une question sur l'utilisation par le Hezbollah de son arsenal de missiles, le numéro 2 du parti chiite a affirmé que la résistance "est prête à se défendre contre toute attaque lancée par Israël", réfutant toutefois toute intention du Hezbollah de prendre l'initiative d'une attaque contre l'Etat hébreu. "Nous continuerons par contre à nous fournir en armes et améliorer nos capacités militaires parce que c'est le seul langage que semble comprendre Israël", a-t-il ajouté. Il a en outre souligné qu'une attaque des forces américaines ou israéliennes contre les infrastructures nucléaires en Iran pourrait "enflammer toute la région", refusant de se prononcer sur une intervention du Hezbollah et des alliés régionaux de Téhéran dans un tel conflit. "Les parties qui auraient lancé de telles attaques devront s'attendre à une réaction et des attaques de grande ampleur lancées contre elles", a-t-il toutefois menacé.
Et Naïm Kassem d'estimer, dans les circonstances régionales actuelles, qu'un conflit avec l'Etat hébreu est "peu probable". "Non pas parce qu’Israël a ses propres problèmes politiques, bien que ces derniers pourraient finir par avoir un impact, mais parce que nous sommes maintenant dans un réel équilibre des forces" entre Tel Aviv et le Hezbollah. Les Israéliens ne sont pas sûrs de l'issue qu'aurait un conflit, a-t-il ajouté.
En août, un drone, identifié comme provenant de l'Etat hébreu s'était écrasé dans la banlieue sud de Beyrouth. Le parti chiite avait promis de répondre à ce qu'il a considéré comme "une attaque", mais n'a toutefois pas encore pris d'initiative dans ce sens.
Au niveau international, le vice-secrétaire général du parti chiite a estimé que les manifestations en Iran "sont une affaire interne" à Téhéran, soulignant que le déclenchement rapide du mouvement de contestation et les actes de sabotage sont une preuve "claire" que Washington et ses alliés ont soutenu les manifestants "parce qu'ils s'opposent à toute stabilité" sur le territoire iranien.
La contestation en Iran avait éclaté le 15 novembre dès l'annonce d'une forte hausse du prix de l'essence, en pleine crise économique aggravée par les sanctions américaines, et a touché une centaine de villes. Les autorités, qui avaient bloqué internet durant les manifestations, ont dit avoir rapidement ramené l'ordre. En raison de ces coupures de tout accès à internet, il est difficile d'évaluer l'ampleur de la répression lancée par les autorités iraniennes contre les manifestants. Amnesty International a estimé qu'au moins 208 personnes avaient été tuées par les forces de l'ordre iraniennes, tout en affirmant que "le bilan réel" de cette "horrible tuerie" était "vraisemblablement supérieur". Les Etats-Unis ont, eux, accusé jeudi le régime de Téhéran d'avoir tué plus de 1.000 Iraniens lors de la répression "brutale" de la contestation. Téhéran, qui qualifie de "mensonges absolus" ces chiffres fournis par des "groupes hostiles", n'a confirmé à ce jour que cinq décès : quatre membres des forces de l'ordre tués par des "émeutiers" et un civil.
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Oui oui et oui nous sommes les méchants qui collaborons avec tout le monde pour nous débarrasser de tout ce tas de fumier qui nous vole et attente à nos vies et à notre dignité. Quelque chose à dire? Commencer par faire le ménage dans votre écurie qui dégage un parfum nauséabond avant de nous donner des leçons de bonne conduite et de nous condamner à subir vos atrocités en essayant de limoger notre presse et menacer notre bon vivre en nous collant des étiquettes que nous avons imprimé pour vous coller aux fronts. Il s'agit de notre pays, contrairement à vous, et nous savons mieux que quiconque ce dont il a besoin. Alors de grâce épargnez-nous vos prêches meurtriers
15 h 56, le 08 décembre 2019