Craignant une pénurie des produits de première nécessité importés, le Premier ministre sortant, Saad Hariri, a adressé des courriers aux dirigeants des principaux pays fournisseurs du Liban afin que ces derniers garantissent les crédits nécessaires pour le financement des importations de produits agroalimentaires et de matières premières. M. Hariri a sollicité le roi Salmane ben Abdelaziz d’Arabie saoudite, le président français Emmanuel Macron, le président russe Vladimir Poutine, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le président turc Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre chinois Li Keqiang et le Premier ministre italien Giuseppe Conte ainsi que le secrétaire d’État américain Mike Pompeo, a indiqué dans un communiqué le bureau de presse du Grand Sérail.
Crédits de facilités aux importateurs
Face à la crise de liquidités en devises que connaît le pays depuis septembre et les mesures restrictives bancaires imposées en conséquence sur les transferts à l’étranger, les opérations de change et les facilités bancaires, les importateurs ont de plus en plus de mal à accéder aux dollars fournis par les banques au taux officiel. Le fait qu’ils soient obligés de se tourner vers les bureaux de change les a contraints à limiter leurs importations et à répercuter le coût de change supplémentaire sur leurs prix de vente. Cela a conduit à la hausse des prix sur les produits importés mais aussi à la raréfaction de certains d’entre eux. Le dispositif mis en place en octobre par la BDL qui propose aux importateurs de produits de première nécessité d’accéder à des liquidités en dollars au taux officiel est rejeté par bon nombre d’entre eux, en raison de ses conditions jugées trop contraignantes.
Une situation qui pousse donc le Premier ministre sortant à se tourner vers les principaux pays fournisseurs du Liban. « Étant donné que le secteur bancaire n’a pas assez de liquidités en devises, nous demandons aux pays amis de jouer temporairement le rôle de garant, en ouvrant des lettres de crédit alternatives pour assurer le financement des importations des produits de base provenant de ces mêmes pays », a expliqué à L’Orient-Le Jour une source gouvernementale, qui précise que des discussions préliminaires ont déjà été entamées dans ce sens. Saad Hariri avait déjà envoyé, il y a quelques semaines, un courrier similaire à la délégation de l’Union européenne au Liban, afin de demander le déblocage d’un milliard d’euros sous forme de crédits de facilités aux importateurs, alloués à travers les établissements bancaires. « Des organismes comme la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ou la Société financière internationale (SFI, groupe Banque mondiale) sont habitués à ce type de mécanisme. La BERD a lancé six initiatives ces dernières années reposant sur le même principe, mais à destination des PME », a indiqué un diplomate à L’Orient-Le Jour. « Mais la difficulté à honorer cette requête n’est pas d’ordre technique, elle provient plutôt de leur réticence à s’exposer davantage au risque Liban, en sachant que le secteur bancaire n’est pas stable et qu’il n’y a pas de visibilité politique », poursuit-il.
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Réunion du GIS à Paris
La question de l’ouverture de ces lettres de crédit par les principaux partenaires commerciaux du pays n’est pas officiellement à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Groupe international de soutien au Liban (GIS), qui, a annoncé hier une source européenne à l’agence Reuters, se tiendra le 11 décembre à Paris. Mais la source gouvernementale libanaise n’exclut pas que certains d’entre eux, qui siègent aussi au GIS, fassent des annonces dans ce sens. La France qui prépare cette réunion depuis plusieurs semaines se serait finalement « décidée à la programmer, suite aux signaux positifs lancés par l’annonce par le président de la République Michel Aoun de la tenue lundi des consultations parlementaires contraignantes pour la désignation d’un Premier ministre », première étape du processus de formation du gouvernement, selon la source gouvernementale interrogée. Le groupe de soutien au Liban est composé de la France, l’Allemagne, l’Italie, la Russie, le Royaume-Uni, les États-Unis, la Chine, l’Union européenne, les Nations unies et la Ligue arabe. Des représentants de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis sont également attendus à la réunion de Paris.
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« Le secrétaire général du Quai d’Orsay, François Delattre, présidera la réunion de Paris à laquelle ont été conviés ses homologues. Une première session aura lieu le matin sans la délégation libanaise. Celle-ci participera uniquement à la deuxième session qui sera tenue l’après-midi », précise la source diplomatique. Côté libanais, « la délégation sera plus étoffée étant donné que nous sommes les principaux concernés, même si nous n’avons pas encore désigné les participants », indique la source gouvernementale. L’objectif de la réunion du GIS est de formuler une position unifiée sur la gravité de la situation au Liban et sur la nécessité d’y apporter des réponses urgentes, selon le diplomate interrogé. « Des mesures de soutien au secteur privé et au système bancaire seront discutées, mais il ne faut pas s’attendre à de grandes annonces à ce stade, car nous n’avons pas encore d’interlocuteur crédible, c’est-à-dire un nouveau gouvernement », poursuit-il. La source gouvernementale confirme également que la formation d’un nouvel exécutif est nécessaire avant tout potentiel déblocage d’« une aide monétaire urgente en devises destinée au système bancaire libanais ».
Dès la mi-novembre, Saad Hariri avait entamé plusieurs prises de contact avec des pays partenaires du Liban en vue de débloquer dans les plus brefs délais une enveloppe de cinq milliards de dollars dans ce sens. « Cette question sera discutée par les membres du GIS uniquement lors de la première session, sans la délégation libanaise », précise le diplomate.
Pour mémoire
Paris souligne l’urgence de parvenir à une solution à la crise gouvernementale
Nous avons lu avec stupéfaction que le PM sortant tendait la main à certaines puissances pour nous envoyer à manger . Y’a Hasra ala Loubnane car ne pouvait il pas en catimini demander à nos milliardaires de mettre la main à la poche en les rassurant sur la discrétion de la provenance ? Les pays à qui ils s’adressent ne viennent ils pas se financer chez nous la veille de leurs élections ou bien viennent ils juste prendre la bénédiction Levantine ?
15 h 30, le 08 décembre 2019