L’Association des industriels libanais (AIL) a appelé hier la Banque du Liban à permettre à toutes les filières industrielles de bénéficier du mécanisme mis en place par les circulaires n° 530 et n° 535, qui donnent la possibilité à plusieurs filières stratégiques (carburant, farine, médicament, matériel médical) de débloquer des dollars au taux officiel pour financer leurs importations.
Un dispositif adopté alors que la Banque centrale a limité, depuis la fin de l’été, la quantité de dollars circulant sur le marché et que les banques ont mis en place un contrôle informel de capitaux qui pourrait être légitimé cette semaine. Ces mesures ont été adoptées dans un contexte de crise économique et financière qui a contribué à pousser une grande partie de la population dans la rue à partir du 17 octobre pour protester contre une classe politique jugée incompétente et corrompue. L’adoption de ces restrictions sur les services bancaires et le dollar ont notamment dopé le prix du billet vert chez les changeurs, où il a dépassé 2 000 livres dès fin novembre, tandis que la parité fixe de 1 507,5 livres pour un dollar (1 515 livres pour les transactions bancaires) est officiellement maintenue. Cette situation a naturellement provoqué la colère de nombreux professionnels qui encaissent en livres et doivent composer avec les prix pratiqués par les changeurs pour acheter les dollars nécessaires à la poursuite de leur activité.
Importateurs de matériel médical
L’AIL, qui dénonce depuis des années les difficultés auxquelles leur secteur fait face (facture d’énergie élevée, concurrence de produits issus de la contrebande sur le marché local, soutien insuffisant de l’État, etc.), craint de son côté que les restrictions sur les transactions en dollars ne poussent de nombreuses usines à suspendre leur activité.
Il reste que les mécanismes mis en place par la BDL n’ont pas fait l’unanimité parmi les filières qui en bénéficient. C’est notamment le cas des importateurs de matériel médical – les fournisseurs des hôpitaux – qui les ont rejetés la semaine dernière et dont la situation a été au centre d’une réunion de la commission parlementaire de la Santé publique, du Travail et des Affaires sociales, qui a décidé de se réunir avec le gouverneur de la BDL pour trouver une solution. La filière estime ses besoins entre 400 et 500 millions de dollars par an en fonction des sources. Or la BDL n’est disposée à échanger des dollars contre des livres au taux officiel que pour couvrir 50 % des montants demandés par les importateurs, contre 85 % par exemple pour ceux de carburant.
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