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Liban - Gouvernement

Pour le Hezbollah, la contestation « n’a pas défini une alternance claire »

À défaut d’un cabinet d’union nationale, ce sera un cabinet d’expédition des affaires courantes, estime Raad.

Des manifestants tenant un drapeau libanais géant à Tripoli, le 22 novembre 2019, à l’occasion de la fête de l’Indépendance. Photo d’archives ANI

Face à l’intransigeance du Premier ministre sortant, qui semblait jusque-là tenir les rênes du jeu en maintenant son exigence d’un cabinet formé de technocrates indépendants, le tandem chiite, dans une tentative de rééquilibrer le rapport de forces en présence, a haussé le ton. Il a ainsi envoyé des messages d’intimidation à peine voilés à l’adresse de Saad Hariri ainsi qu’au mouvement de contestation qui, selon lui, n’a pas véritablement réussi à définir une alternative claire pour la période à venir.

Le ton ferme et musclé employé par les députés du Hezbollah, Mohammad Raad, et d’Amal, Hani Kobeissi, dimanche est un signe patent d’une volonté de reprendre les choses en main.

« La crise ne sera résolue que par la mise sur pied d’un cabinet d’union nationale conformément aux accords de Taëf », a affirmé, à la manière d’un rappel à l’ordre, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad. « À défaut, le pays sera régi par un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes. Nous les aurons à l’œil ( les ministres démissionnaires) pour nous assurer qu’ils s’acquittent de leur devoir. Celui qui ne le fera pas devra rendre des comptes », a-t-il ajouté, s’adressant implicitement à M. Hariri. Et d’ajouter : « Que les choses soient claires : personne ne pourra nous faire plier. »

Hani Kobeissi lui a emboîté le pas en accusant, sans le nommer, M. Hariri de se livrer à un jeu nébuleux, rappelant la nécessité de « ressusciter les institutions démissionnaires » pour pouvoir affronter la crise. « Ceux qui tergiversent en matière de gouvernement ont une position surprenante et pour le moins douteuse », a-t-il dit.

Les propos virulents visant M. Hariri qui reste pourtant, jusqu’à ce jour, le candidat favori du tandem chiite pour présider le prochain gouvernement comme l’a rappelé dimanche un autre député du Hezbollah, Mahmoud Qmati, et le paradoxe apparent de l’attitude du parti chiite, ne peuvent être expliqués que sous l’angle d’un jeu de rôles, comme le relève une source politique qui suit de près les tractations de la formation du gouvernement.

Dans les milieux du parti chiite, on refuse d’évoquer un raidissement mais on estime que les revendications d’un gouvernement de spécialistes indépendants, réclamé dans la rue et saisi au vol par M. Hariri, relèvent d’une « hérésie ».

« Un gouvernement d’unité nationale signifie qu’il doit être composé de la représentation la plus large des parties en présence », confie un responsable du parti de Dieu.

En somme, la logique défendue par le Hezbollah se résume comme suit : la crise ne peut être résolue qu’à travers les institutions et tant que le mouvement de contestation n’a pas réussi à ce jour à offrir une alternative, on ne peut parler de révolution mais de simples revendications socio-économiques.

« Une vraie révolution doit avoir un projet, une vision et les moyens de l’exécuter. En bref, elle doit pouvoir offrir un rôle de substitution au système en place. Pour l’instant, nous sommes en présence d’un mouvement revendicatif, mais non pas d’une force susceptible d’assurer une alternance », affirme à L’OLJ un responsable du parti de Dieu pour justifier sa demande d’un gouvernement d’union nationale.

La formule d’un gouvernement d’union nationale ne signifie pas pour autant un retour au statu quo ante ni une occultation de la représentativité du mouvement de contestation, dont certains représentants seront désignés au sein du futur cabinet, fait-on valoir de même source. Le nouvel exécutif devra toutefois tenir compte des équilibres en présence et du fait notamment que « personne ne peut éliminer la force représentative du courant aouniste », assure le responsable précité.


(Lire aussi : Irresponsabilité criminelle, l’édito de Michel TOUMA)


Khatib s’active

Le durcissement de ton de la part du tandem chiite survient alors que les tractations se poursuivent en coulisses pour tenter de renforcer les chances de Samir Khatib, une nouvelle figure sunnite pressentie pour former le prochain cabinet et que soutient, discrètement, le Courant patriotique libre. Ce dernier, qui enchaîne les réunions au plus haut niveau ( il a notamment rencontré hier soir M. Hariri ) en testant, auprès de ses interlocuteurs, les différentes moutures susceptibles de fonctionner, ne semble toutefois pas convaincre le Hezb, encore moins Amal, persuadés que seul M. Hariri, du fait de la confiance dont il bénéficie auprès de la communauté internationale, peut sortir le pays de la crise financière dans laquelle il s’enfonce.

Dans les milieux aounistes, on affirme pourtant que les contacts de M. Khatib auprès de la communauté internationale ne sont pas des moindres. « Il a de bonnes relations aussi bien avec les pays du Golfe qu’avec l’Occident, dont les États-Unis », assure une source proche du courant aouniste. Le CPL, qui affirme craindre un nouveau scénario destiné à écarter M. Khatib de la scène, comme cela s’est produit avec Mohammad Safadi, promet qu’il ne restera pas cette fois-ci les bras croisés si cela devait arriver et s’engage à durcir le ton si M. Khatib devait être lui aussi éliminé.


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Face à l’intransigeance du Premier ministre sortant, qui semblait jusque-là tenir les rênes du jeu en maintenant son exigence d’un cabinet formé de technocrates indépendants, le tandem chiite, dans une tentative de rééquilibrer le rapport de forces en présence, a haussé le ton. Il a ainsi envoyé des messages d’intimidation à peine voilés à l’adresse de Saad Hariri ainsi...

commentaires (15)

Commencez par débarrasser le plancher et l'alternance prendra toute sa place. Nous ne sommes pas pour la superposition des couches. Surtout quand la base est glissante. Alors la balle est dans votre camp

Sissi zayyat

14 h 44, le 04 décembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (15)

  • Commencez par débarrasser le plancher et l'alternance prendra toute sa place. Nous ne sommes pas pour la superposition des couches. Surtout quand la base est glissante. Alors la balle est dans votre camp

    Sissi zayyat

    14 h 44, le 04 décembre 2019

  • Quelle est la légitimité de ces députés élus l’on ne sait pas trop comment et par qui ? La révolution est celle des gens qui ne veulent plus être dirigés par des gens qui ont échoués et volés, beaucoup, depuis trente ans et qui ont été appuyé par des religieux complaisants. Les accords de Taëf sont obsolètes de par l’utilisation qui en a été faîte par ces mêmes partis. Les armes ne doivent plus être détenues par des civils, quand les partis pourris auront compris cela, il se pourrait que le pays renaisse du pillage organisé qu’il a subi mais cela va être dur…

    TrucMuche

    20 h 11, le 03 décembre 2019

  • alternance , nom féminin Sens 1 Succession dans le temps ou l'espace selon un ordre régulier. Synonymes : périodicité, cadence, oscillation, variation, succession Sens 2 Politique Passage au pouvoir d'une tendance politique à une autre. Synonyme : succession

    Massabki Alice

    11 h 53, le 03 décembre 2019

  • Indéniablement la résistance du hezb libanais a les bonnes cartes en main. Il a aussi la technique de la guérilla militaire , mais ça , c'est connu par les victoires sur les sionistes et leurs larbins wahabites , mais aussi il possède la technique de la guérilla socio-économique. 20 ans pour casser les projets sionistes et 33 jours pour les enterrer définitivement, comment douter de sa capacité à mener la barque Liban à bon port ? Il en a encore sous le pied, du fric à foison , il paye ses salaires en livres libanaises, des armes de plus en plus sophistiquées, mieux vaut ne pas en parler , des hommes DÉTERMINÉS à le suivre à ne plus savoir comment les calmer , alors qu'en face de la résistance du hezb libanais on a des jeunes innocents , naïfs shootés à l'opium " "révolutionnaire"qu'on pousse devant lui pour le pousser à la faute . Pour que Au bout du bout si par le faute de ces pays dits " amis du Liban " un jour , excédé par tant d'hostilité, la résistance ira se jeter dans les bras de ses alliés russes chinois iraniens SYRIENS au vu et au su de tous les autres libanais qui n'auront plus que les yeux pour pleurer, de ne pas avoir voulu lui accorder le minimum de confiance . J'aimerai tellement ne pas être témoin de ce FAIT .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 07, le 03 décembre 2019

  • Ils continuent de parler d'eux en se mettant au centre de d'union nationale alors que qu'ils ont toujours êtaient les particules élémentaires de la désunion du peuple. Diviser pour régner a toujours était leur slogan et continue de l'être. La preuve, depuis que les gens sont dans la rue unis et débarrassés de leurs étiquettes confessionnelles et partisanes, ils ne ne se sont jamais aussi bien portés. Ils ont appris à se connaître et à faire tomber les préjugés. Vous êtes démasqués dépouillés de toute couverture, ils reviennent avec leur éternel leitmotiv nous convaincre du contraire. Ils se prennent pour qui pour dicter aux gens leurs préférences et se placer en tuteurs comme si les citoyens étaient incapables de faire le choix des personnes qui devraient les gouverner et les conduire à bon port sans les spolier et les terroriser. Haussez le ton ne fait peur à personne. Notre voix serait plus fortes et porterait plus loin que la vôtre... Tous les partis, même armés ne peuvent pas se mettre en travers de la volonté d'un peuple qui a tout perdu et ne sortira que vainqueur de cette épreuve car ce peuple n'a qu'une seule arme, sa volonté de vivre dignement.

    Sissi zayyat

    10 h 30, le 03 décembre 2019

  • Chacun de ces "responsables" nous prêche ses conseils...pour servir sa propre cause ainsi que celle de ses sponsors étrangers...mais jamais pour l'intérêt du Liban. La situation actuelle du pays le prouve amplement! Cela dure depuis des années, et ils ne peuvent ou ne veulent pas comprendre que les temps ont changé, que le peuple s'est réveillé et exige une vie digne, même s'il le fait parfois maladroitement. Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 29, le 03 décembre 2019

  • La Mauvaise Foi bien ancrée chez toutes les parties concernées ne constitue malheureusement pas une bonne base de resolution de la crise. C’est sur cette triste lacune que s’est programmée l’Implosion du pays.

    Cadige William

    08 h 28, le 03 décembre 2019

  • "la contestation n’a pas défini une alternance claire ". Il est sourd ou quoi? Il n’entend pas les cris de la rue qui réclament un gouvernement de technocrates? N'est-ce pas assez clair pour lui? En outre, je n'ai vu écrit nulle part dans le texte de l'accord de Taëf que le gouvernement devait obligatoirement être "d'union nationale".

    Yves Prevost

    07 h 32, le 03 décembre 2019

  • du temps des syriens, quand une decision potentielle ne leur plaisait pas, ils disaient: "il n'y a pas de consesus la dessus". on est en train de puiser dans le meme manuel avec cette phrase: "il n'y a pas d'alternance claire" et recement j'ai vu un representant du cpl dire a propose des requetes des protestaires: "il n'y a pas de propositions claires" Tout ceci est galvaudé et ne marche plus.

    Elementaire

    06 h 50, le 03 décembre 2019

  • wow mais quel jeu ?!

    Bery tus

    05 h 28, le 03 décembre 2019

  • Le plan du hezb fonctionne à merveille! Appauvrir le pays jusqu'au point où beaicoup vont immigrer et ceux qui resteront n'aurons plus qu'à intégrer l'armée du hezb pour survivre quitte à se voir promu martyr et/ou héros selon les cas. Beaucoup d'ailleurs porteront même des médailles en reconnaissance pour leur docilité extreme... Il ne faut surtout pas oublier les ricanements de nos voisins du sud qui sont et resteront grands gagnants malgré l'intelligence inouïe des fusées qui prétendent pouvoir anéantir leur état et envoyer ses résidents vers une course de natation... Dommage mon Liban! Ton seul espoir est ce peuple dans tes rues à se révolter ardemment et inchallah qu'il vaincra!!!

    Wlek Sanferlou

    04 h 01, le 03 décembre 2019

  • Mais arrêtez ce cirque infernal, messieurs, et se foutre encore de la gueule des bonnes gens, avec les mêmes ritournelles, les inepties, et les accusations mesquines. Et d’un, le Hezbollah: dites carrément que, vous tenez le pays entre vos mains, et, rien moins que vos demandes devront avoir lieu, sinon le chaos, et on emporte tout le monde avec nous au fond du gouffre, car, on s’en fout, et on n’a plus rien à perdre! Et de deux, le CPL: avouez que vous ne pouvez faire cavalier seul, ayant une laisse au cou, et que votre allié commence à s’impatienter et cessez de jouer aux équilibristes hypocrites qui s'imaginent pouvoir réparer le pot cassé Et de trois, Mr Hariri: arrêtez vos atermoiements, votre entêtement et faites des propositions claires à la population, car c’est évident que la formule, moi et une équipe de technocrates ne passera plus! Et de quatre: il est temps que les manifestants prennent leur courage à deux mains et s’organisent en comités populaires régionaux, avec séminaires de discussions et élections de représentants crédibles qui pourront éventuellement entamer un dialogue avec le Président et les autres partenaires politiques, en toute clarté et non en cachette... Sinon, on tourne en rond, et ça finira mal pour tout le monde, à commencer par les plus concernés!

    Saliba Nouhad

    02 h 51, le 03 décembre 2019

  • Aux partis politiques qui ont imposé à MHarriri le cabinet actuel avec le tier de blocage l addition d’un représentant sunnite de Tripoli de leur part et d’un Druze non affilié à Joumblatt et l’ont fait céder à tout leurs caprices M HARRIRI RÉPOND AUJOURDH’UI MOI OU UN AUTRE C’EST ÉGAL CE QUI VOMPTE C’EST UN GOUVERNEMENT DE SPECIALISTES INDÉPENDANT DE TOUS LES PARTIS ACTUELS JE NE SOUTIENDRAI AUCUN GOUVERNEMENT QUI NE RÉPOND PAS À CE CRITÈRE ET JE NE DEMANDE PAS À ÊTRE PREMIER MINISTRE MOI MÊME FAITES CE QUE VOUS VOULEZ JE NE CÉDERAI PLUS POUR LE BIEN DU PEUPLE COMPOSER LE GOUVERNEMENT QUI VOUS PLAIT MAIS JE NE LE SOUTIENDRAI QU’À CETTE CONDITION VOLIA QUI EST TRÈS CLAIR ET LE PRÉSIDENT CHERCHE TOUJOURS À NE RIEN FAIRE EN ESPÉRANT QU’IL CHANGERA D’AVIS CAR PAR EXPÉRIENCE IL A TOUJOURS CÈDE SAUF QUE CETTE FOIS CI TOUT LE PEUPLE EST D’ACCORD SUR SA POSITION MÊME SI CE N’EST PAS SUR SA PERSONNE TOUT RETARD EST LA FAUTE DE BASSIL ET À UNE BIEN MOINDRE MESURE AU PRÉSIDENT QUI N’ÉCOUTE QUE SON GENDRE POUR LE MALHEUR DE TOUS

    LA VERITE

    01 h 01, le 03 décembre 2019

  • Hezbollah tu verras toujours le verre à moitié vide L’alternance que tu as laissé en Syrie est la meilleure Toute la côte stratégique Syrienne pour les Russes Le pétrole gardé par les Américains et les huit milliardaires Syriens sont loin de t’être reconnaissant et d’être de ton bord Hélas oui tous ces jeunes dans tes rangs morts pour rien et tu veux donner des leçons aux révolutionnaires !

    PROFIL BAS

    00 h 48, le 03 décembre 2019

  • BOYCOTTEURS : MA FI GHAYRON ! LE DILEMME : DARABOU OU BAKOU OU SABAOU OU CHTAKOU...

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 31, le 03 décembre 2019

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