La chaîne aouniste a reproché à M. Hariri de donner un nouvel exemple de ce blocage et de vouloir imposer des conditions « draconiennes » au processus de formation du gouvernement. Selon elle, il s’agit surtout de la mise sur pied d’un cabinet de spécialistes indépendants, et qui bénéficierait de prérogatives exceptionnelles, et de son refus de normaliser les relations libano-syriennes. M. Hariri, rappelle-t-on, réclame, pour revenir à la tête du gouvernement, de diriger un cabinet de spécialistes, contrairement à la volonté de Baabda et du CPL, favorables à la formation d’un gouvernement techno-politique.
(Lire aussi : Irresponsabilité criminelle, l’édito de Michel TOUMA)
« Parier sur une discorde sunnito-chiite »
Le secrétaire général du Futur, Ahmad Hariri, a réagi violemment à l’éditorial de l’OTV, en attaquant le leader du CPL, Gebran Bassil. « Qui est ce génie de la sédition qui a inspiré à la chaîne OTV ce préambule politique empli de haine touchant les fondements même du vivre-ensemble et de la paix civile ? » s’est-il interrogé hier dans un communiqué.
« La chaîne du CPL a diffusé des propos dangereux selon lesquels les chefs de gouvernement qui se sont succédé sont responsables des crises, des problèmes économiques et des guerres civiles depuis les années 50 », a déploré M. Hariri, soulignant que la chaîne « a attribué aux chefs de gouvernement tous les maux du pays avant d’inciter les musulmans à la confrontation, pavant la voie à la sédition ».
Et le responsable du Futur de poursuivre : « Si Gebran Bassil parie sur une sédition entre sunnites et chiites et ordonne à sa chaîne de télévision d’inciter à cela, nous lui disons haut et fort d’aller jouer ailleurs. » « Le déni désolant dans lequel vit la direction du CPL ne justifie pas la fuite en avant, ni la falsification de l’histoire, ni la propension à nourrir les rancunes dont les Libanais ont payé le prix le plus lourd », a conclu Ahmad Hariri.
Réagissant à ces attaques, le comité des médias au sein du CPL a publié un communiqué dans lequel il a désavoué le journal télévisé de l’OTV et son directeur, Roy Hachem, assurant que ce commentaire « ne représente pas le point de vue » du parti.
« Le CPL œuvre à rapprocher les Libanais pour éviter la sédition, particulièrement entre les communautés sunnite et chiite. C’est ce qui nous a amenés à sceller un compromis politique qui a assuré la stabilité et la sécurité du pays », poursuit ce texte, en allusion au compromis conclu en 2016 entre Michel Aoun et Saad Hariri, et qui avait pavé la voie à l’accession de M. Aoun à la tête de l’État.
« Le fait que le CPL se désolidarise du préambule de l’OTV montre la pertinence des propos d’Ahmad Hariri », a réagi le bureau des médias du courant du Futur.
En se désolidarisant du préambule de son propre organe médiatique, le CPL tente sans doute de calmer le jeu avec les haririens. Mais selon un observateur politique contacté par L’Orient-Le Jour, la polémique survenue hier ne devrait pas être dissociée du contexte de la formation du prochain gouvernement et anéantit les chances d’une probable entente entre les deux partis sur la forme de la future équipe.
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Maurice Moubarak
22 h 58, le 03 décembre 2019