La ministre sortante de l’Energie et de l’Eau, Nada Boustani, a annoncé lundi qu'elle accordait un délai supplémentaire d'une semaine aux sociétés souhaitant participer à l'appel d'offres pour l'importation de carburant directement par l'Etat, une procédure inédite au Liban, "pour permettre une plus grande concurrence" et "obtenir de meilleurs tarifs pour l'Etat".
"Aujourd'hui, nous avons reçu deux offres, mais nous avons décidé de donner une semaine supplémentaire, jusqu'à lundi prochain, pour que d'autres sociétés puissent déposer leur dossier afin de permettre une plus grande concurrence et obtenir de meilleurs tarifs pour l'Etat", a déclaré Mme Boustani lors d'une conférence de presse organisée au siège de la Direction des installations pétrolières à Hazmieh après l'ouverture des plis. Selon la ministre, "deux sociétés souhaitant participer à cet appel d'offres ont demandé un délai supplémentaire pour finaliser leur dossier", évoquant des "pressions" ces dernières 48 heures, sans donne plus de précision.
Selon des informations de L'Orient-Le Jour, les sociétés ZR Energy et Lebneft ont déposé une offre aujourd'hui.
Dans la matinée, la ministre a publié sur son compte Twitter une liste de 14 sociétés ayant retiré le cahier des charges pour cet appel d'offres.
"Les sociétés importatrices de pétrole ont expliqué qu'elles n'étaient pas en mesure d'ouvrir des lignes de crédit pour acheter de l'essence. Il s'est avéré que cela était faux. C'est pour cela que nous avons décidé d'assurer aux citoyens le droit de bénéficier de l'essence", a ajouté Mme Boustani.
Lors du lancement, il y a deux semaines, de cet appel d'offres qui concerne l’importation de 150.000 tonnes de Gasoil 95, une quantité qui permet d’assurer "environ 10 % de la demande locale", Mme Boustani avait expliqué vouloir "d’abord tester la réaction du marché" avant d’aller plus loin.
"Une solution 100% en livres libanaises"
Dans la journée, le président du syndicat des distributeurs de carburant Fady Abou Chakra a été reçu par Nada Boustani. "Notre position concernant l'achat et la vente en livres libanaises n'a pas changé. Nous voulons une solution 100% en livres libanaises. Nous ne voulons pas à la fois payer en livres et en dollar", a déclaré M. Abou Chakra à l'issue de son entretien avec la ministre. "Mme Boustani reste attachée à ne pas augmenter les prix des carburants. Sur la question des 15%, elle a demandé que les coûts soient partagés", a ajouté le président du syndicat. M. Abou Chakra a ajouté que l'ensemble des stations-service ont été approvisionnées en carburant.
Après une grève de 48h qui avait paralysé le pays et provoqué des scènes de chaos sur les routes, les stations-service avaient rouvert leurs portes aux automobilistes samedi, suite à des contacts avec le ministère de l'Energie, afin de pallier une crise provoquée par la fluctuation du taux de change de la livre libanaise qui impacte les acteurs du secteur. Cette grève ouverte des acteurs du secteur des carburants avait provoqué la panique des automobilistes et créé des files monstres devant les stations-service qui desservaient encore les clients. Des blocages de route et des rassemblements de Libanais en colère avaient également été enregistrés vendredi en diverses régions du pays.
Samedi, après la fin de cette grève, Mme Boustani avait indiqué que les différents acteurs de ce secteur avaient accepté de se répartir les coûts engendrés par les 15% du montant qu'ils doivent encore payer en dollars malgré la forte dévaluation de la livre, sachant que la Banque du Liban avait accepté de couvrir les 85% restant, dans le cadre d'un mécanisme précis.
Alors que le Liban est en crise et que des manifestations inédites contre le pouvoir se poursuivent depuis le 17 octobre, les distributeurs de carburant se plaignent des répercussions de la baisse de la quantité de dollars circulant sur le marché et des restrictions récemment mises en place par les banques sur leurs activités. Ils réclament soit que la Banque du Liban modifie son mécanisme, mis en place début octobre pour permettre à plusieurs filières stratégiques de débloquer des dollars pour payer le carburant distribué, un dispositif qu’ils jugent coûteux et trop contraignant, soit que la ministre autorise une hausse des prix de l’essence.
Si le taux officiel de la livre libanaise par rapport au dollar est fixé à 1507.5 LL, et entre 1515 et 1517 au sein des banques, le taux parallèle pratiqué dans les bureaux de change oscillait lundi autour de 2000 LL.
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Evariste
19 h 48, le 02 décembre 2019