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Économie - Hydrocarbures

Boustani lance deux appels d’offres pour l’importation directe de carburants, une première au Liban

Cette décision pourrait permettre à terme de casser la mainmise de la poignée d’importateurs privés qui se partagent jusqu’à aujourd’hui le marché.

La ministre sortante de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani. Photo d’archives Dalati et Nohra

La ministre sortante de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani, a confirmé hier à L’Orient-Le Jour le lancement de deux appels d’offres pour l’importation de carburants directement par l’État, une première dans l’histoire récente du Liban.

Un premier appel d’offres, publié mercredi, concerne l’importation de 150 000 tonnes de Gasoil 95 et fixe la date limite de remise des offres au 2 décembre à 10h30. Cette quantité permettra d’assurer « environ 10 % de la demande locale », selon Mme Boustani, qui explique vouloir « d’abord tester la réaction du marché » avant d’aller plus loin. « Face aux difficultés rencontrées par les importateurs, je voulais éviter un risque de pénurie et surtout empêcher que cela se répercute sur les prix à la consommation », a-t-elle indiqué.

Cette décision est une première dans l’histoire récente du Liban, qui pourrait permettre à terme de casser la mainmise de la poignée d’importateurs privés qui se partagent jusqu’à aujourd’hui le marché. Mobilisés depuis fin août pour réclamer une solution leur permettant d’absorber le surcoût provoqué par la récente crise du change, les distributeurs de carburant avaient demandé, la semaine dernière, à Mme Boustani d’augmenter le prix des 20 litres d’essence d’environ 700 livres (0,50 dollar au taux officiel). Ce qu’elle avait refusé. Le ministre sortant des Finances a pour sa part rejeté leur proposition de déduire ce surcoût de leurs charges fiscales. Ils demandaient également, sans succès, à ce que le ministre de l’Économie et du Commerce oblige les importateurs à les facturer en livres.

Réaction des propriétaires de stations-service

Le syndicat des propriétaires de stations-service a vivement critiqué vendredi l’initiative de la ministre dans un communiqué de son président, Samy Brax, publié quelques heures après la publication des détails concernant les deux appels d’offres. Ce dernier a notamment estimé que la décision de Mme Boustani avait fait disparaître « l’espoir de voir les nombreux engagements pris par les autorités officielles » pour dégager une solution définitive aux difficultés d’un secteur qu’il décrit comme étant à bout de souffle face aux « pertes » qu’il doit indûment assumer. Les syndicats de propriétaires de stations-service et de distributeurs de carburant ont tenté à plusieurs reprises d’imposer leurs revendications en cessant de servir les automobilistes libanais, sans toutefois être systématiquement suivis par les sociétés importatrices qui opèrent directement quelques dizaines de stations sur les environ 3 000 que compterait le Liban, d’après les chiffres de Samy Brax. Le syndicat tiendra une assemblée générale la semaine prochaine réunissant les représentants du secteur pour décider des mesures à prendre.

Si la valeur de la livre libanaise est fixée au dollar depuis 1997, son prix fluctue dans les bureaux de change depuis que la BDL a décidé de limiter sa circulation pour des raisons liées à la précarité de la stabilité financière du pays. Cette situation a provoqué un surcoût pour l’ensemble des acteurs de la chaîne de distribution de carburant dans le pays, des importateurs aux stations-service, en passant par les intermédiaires qui ont réclamé une solution aux dirigeants du pays.

La BDL, qui avait émis début octobre la circulaire n° 530 instaurant un mécanisme visant à assurer le déblocage de dollars au taux de change officiel pour les secteurs du carburant, du blé et des médicaments, a modifié ce mécanisme en abaissant de 100 à 85 % la part de la somme que les importateurs doivent déposer en livres pour une durée d’un mois à la BDL avant de pouvoir débloquer son équivalent en dollars. Et de préciser que les importateurs doivent aussi déposer la part restante de cette somme (15 %) en dollars à la BDL et payer une commission de 0,5 % à la Banque centrale pour chaque transaction, toujours selon ce mécanisme.

La ministre a également décidé de lancer un second appel d’offres pour l’importation de 180 000 tonnes de diesel 10 ppm en fixant la date limite de remise des offres au 30 novembre à 10h30. Celui-ci vise « à répondre aux besoins en carburant des centrales électriques gérées par Électricité du Liban », a précisé Mme Boustani. Un autre appel d’offres concernera l’importation du fuel, également pour le compte d’EDL, a en outre confié la ministre avant d’ajouter qu’elle avait transmis le cahier des charges de cet appel d’offres à la Direction des adjudications. Il s’agit là encore d’une première puisque actuellement l’État libanais assure l’approvisionnement de fuel pour EDL à travers des contrats de gré à gré avec la Kuwait Petroleum Company (KPC) et l’algérien Sonatrach.

La ministre sortante de l’Énergie et de l’Eau, Nada Boustani, a confirmé hier à L’Orient-Le Jour le lancement de deux appels d’offres pour l’importation de carburants directement par l’État, une première dans l’histoire récente du Liban.Un premier appel d’offres, publié mercredi, concerne l’importation de 150 000 tonnes de Gasoil 95 et fixe la date limite de remise...

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