Rechercher
Rechercher

Liban - Manifestations

Actions ciblées contre les banques, hier, alors que la crise économique bat son plein

Les manifestants prévoient de se retrouver dimanche dans la rue afin de signifier leur refus de toute discorde à caractère confessionnel.

Une manifestante hier devant la Banque du Liban, portant une pancarte à l’effigie du gouverneur Riad Salamé. Photo Van Meguerditchian

Plus d’un mois après le début des manifestations, l’évolution de la stratégie des contestataires se confirme, alors que sont désormais de plus en plus ciblées des institutions particulières, tandis que les coupures de routes semblent abandonnées. Hier, c’était la journée du secteur bancaire, auquel les manifestants font porter une partie de la responsabilité de la crise financière qui secoue le pays.

Une trentaine de personnes se sont rassemblées hier, dès 6h du matin, devant l’immeuble de la TVA, affilié au ministère des Finances, dans le secteur du Palais de justice à Beyrouth. Elles ont bloqué l’accès à l’immeuble et empêché les fonctionnaires d’y entrer. La police anti-émeutes est alors intervenue pour permettre à ces derniers d’accéder à leurs bureaux.


(Lire aussi : Les émissaires se succèdent au Liban et repartent avec le même constat affligeant)



Dans l’après-midi, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant la Banque du Liban à Hamra, réclamant à son gouverneur Riad Salamé de « rendre l’argent volé » et appelant à une « révolution contre les banques ». Les protestataires ont même réussi en soirée à s’introduire dans la cour de la BDL, dont l’accès était bloqué par des planches de bois. Au même moment, des manifestants qui se trouvaient à l’autre bout de la ville ont effectué une marche depuis le siège de l’Association des banques à Saïfi, vers la Chambre de commerce de Beyrouth, dans le secteur Sanayeh. Cette marche a été suivie d’un débat à Hamra avec le journaliste Mohammad Zbib sur la situation financière et le rôle des instances économiques du pays.

Les banques avaient déjà été la cible des manifestants avant-hier. Des dizaines de militants avaient campé devant la Banque centrale dans la nuit de mardi à mercredi, avant de se rendre mercredi matin dans certains établissements bancaires de la région pour y clamer leurs griefs devant les employés et les clients. Plus tard dans la journée, un petit groupe des protestataires s’était fait couper les cheveux gratuitement dans un salon de coiffure improvisé sur le trottoir devant la BDL, afin de dénoncer la possibilité d’un « haircut », à savoir une ponction sur les dépôts. Le spectre de cette ponction éventuelle hante depuis plusieurs semaines les foyers libanais.

Le programme du week-end s’annonce tout aussi chargé, avec un retour prévu de la jeunesse dans les rues. « Samedi, les élèves et étudiants ont prévu de manifester. Ils étaient absents ces derniers jours parce qu’ils ont été obligés de reprendre les cours », confie un militant sous couvert d’anonymat à L’Orient-Le Jour. « Dimanche, nous prévoyons des manifestations dans tout le pays pour exprimer l’unité des manifestants contre les tentatives de discorde à caractère confessionnel. Si les politiciens ont envie de se tirer dessus, c’est leur problème, mais nous ne jouerons pas à ce jeu-là. Il nous importe de rappeler la nécessité de la formation d’un gouvernement à même de redresser l’économie du pays », ajoute-t-il.


(Lire aussi : Toutes les parties sont dans l’impasse... le décryptage de Scarlett Haddad)



Pas de blocages des routes

Concernant la coupure des routes adoptée au début des manifestations, un communiqué, diffusé sur les réseaux sociaux en début de semaine par un groupe de « révolutionnaires présents dans la rue depuis le 17 octobre », indique que ce genre d’actions n’aura plus lieu, pour le moment du moins. « Puisque le blocage des routes est un moyen et pas un but en soi, nous n’allons plus recourir à cela pour le moment. Nous pourrions le faire ultérieurement en cas de besoin urgent mais nous en informerons les citoyens au préalable », explique le texte.

Ces manifestants dénoncent par ailleurs « les attaques préméditées des partisans du Hezbollah et du mouvement Amal contre les manifestants pacifiques ainsi que les actions de membres du courant du Futur, des Forces libanaises et du Parti socialiste progressiste dans plusieurs régions pour bloquer les routes et diffuser des discours confessionnels ».

Cette décision de ne plus recourir au blocage des routes intervient après des affrontements violents survenus à Beyrouth dans la nuit de dimanche à lundi. Des centaines de manifestants pacifiques qui bloquaient la voie express du Ring avaient été attaqués par des partisans du tandem chiite. Ces derniers avaient ensuite saccagé et brûlé plusieurs voitures dans le quartier Monnot.

Décrié par le Hezbollah, Amal et le Courant patriotique libre, le blocage des routes avait pris une tournure confessionnelle il y a quelques jours, lorsque le parti chiite avait exploité à des fins politiques un accident de la route survenu la semaine dernière à Jiyeh. Le Hezbollah avait dénoncé dans un communiqué « le crime épouvantable qui s’est produit sur l’autoroute de Jiyé », affirmant que les victimes de cet accident ont trouvé la mort « en raison des attaques miliciennes menées par des groupes qui coupent les routes et terrorisent les citoyens innocents qui circulent ».


Lire aussi

Osez... ou la porte ! Le commentaire d'Elie Fayad

Comiques troupiers... Le billet de Gaby Nasr

Une proposition de loi de plus à ajouter à l’arsenal de la lutte contre la corruption

Entre peur et espoir, le soulèvement libanais vu par les Palestiniens

Plus d’un mois après le début des manifestations, l’évolution de la stratégie des contestataires se confirme, alors que sont désormais de plus en plus ciblées des institutions particulières, tandis que les coupures de routes semblent abandonnées. Hier, c’était la journée du secteur bancaire, auquel les manifestants font porter une partie de la responsabilité de la crise...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut